Carrefour de l’indénié ou encore la Rocade, cet espace situé à l’intersection de trois communes, Cocody, la cité chic ; Plateau, le centre des affaires, et Adjamé, le grand centre commercial,et plus loin, Yopougon Abobo,Bingerville.
D’où la densité de son trafic. Cet échangeur qui se trouve au cœur de la ville d’Abidjan, change de «vêtements» en fonction des exigences du climat. Tantôt revêtu de boue, lorsque la pluie passe par là et tantôt recouvert de poussière insupportable, dès que le soleil reprend ses droits.
Malheureusement, dans ce changement vestimentaire, le carrefour de l’indénié prend en otage les usagers et agents de police de l’Urc, commis à la régulation de la circulation. Qui malheureusement est caractérisée par l’indiscipline des conducteurs.
Il est un peu plus de 6h, ce lundi. La pluie qui est tombée la nuit lâche encore quelques gouttes. Le carrefour est inondé mais est encore praticable. Les quelques véhicules qui s’y aventurent pour la plupart en file indienne, tentent tant bien que mal de se frayer un chemin.
A côté un cargo de l’Urc, avec à son bord des policiers chaussés de paires de bottes et portant des pullovers, prennent position sur les lieux. A peine se sont-ils placés qu’un véhicule de marque Peugeot de type 406 avec une immatriculation gouvernementale, partant dans le sens indénié-Cocody, arrive à vive allure et éclabousse l’agent posté juste aux feux à l’intersection de la voie qui mène à Fraternité Matin. «Voyez comment nous souffrons ici avec ces chauffeurs indisciplinés qui n’ont aucun respect pour le travail que nous faisons», se lamente le sergent qui est littéralement recouvert d’eau sale. Le conducteur dudit véhicule n’a même pas daigné s’arrêter. Toute la journée, les agents de l’Urc ont travaillé dans la boue épaisse que les eaux de pluie ont laissée après leur passage. «Nous sommes constamment exposés à toutes sortes de maladies, avec les eaux très sales dans lesquelles nous sommes obligés de travailler. Après la boue, il nous faut encore gérer la grande poussière de ce carrefour. Ce qui nous donne des maladies de la peau et bien d’autres complications», explique une jeune dame, sergent de police.
A la question de savoir s’il n’y avait pas d’alternative à cette situation, un autre sergent-chef, qui apparemment est le chef du dispositif, coupe court «Nous sommes des militaires, donc des exécutants. Dans notre travail, on ne gère pas les états d’âme. Nous travaillons partout où nous sommes déployés quels que soient les risques auxquels nous sommes exposés. Malheureusement, c’est cela l’armée», argue-t-il et comme ses collègues, il requiert l’anonymat.
La haute hiérarchie policière, consciente des dangers encourus par ces agents a pris des mesures pour prévenir tout danger pour la santé de ces derniers.
A la préfecture de police d’Abidjan où nous avons approfondi notre enquête, comme il fallait s’y attendre, les langues n’ont pas voulu se délier. «Vous savez que nous sommes astreints au droit de réserve. Nous ne pouvons parler qu’avec l’autorisation du ministre de l’Intérieur», nous lancent un officier et un commissaire de police vers lesquels nous a conduit un sergent. Après avoir insisté et montré l’intérêt de notre investigation pour les agents de la police désignés au carrefour de l’indénié, un autre officier plus gradé que nos deux interlocuteurs saute sur l’occasion «Les journalistes ont l’habitude de tirer sur nous. Si pour une fois ils veulent nous aider, qu’est-ce que vous avez à faire des difficultés ?», interroge l’homme en tenue. Des échanges avec lui, il ressort que la fragilité de la santé des agents désignés au carrefour de l’Indénié étant une réalité,la hiérarchie de la police a instauré depuis un moment des examens médicaux mensuels. Chaque mois donc, les éléments de l’Urc sont soumis à un contrôle médical à l’Hôpital de la police au Plateau. Mais en plus de ces contrôles mensuels, ils font un bilan complet de santé tous les trois mois. A titre préventif, les autorités de la police avaient préconisé de doter les agents de l’Urc de cache-nez, mais, explique notre interlocuteur «ce n’est pas élégant; en plus ça dénature la tenue. Voilà pourquoi nous avons opté pour les paires de bottes».Expliquant les problèmes de santé rencontrés par leurs agents, l’officier supérieur indique que ce sont des problèmes de peau qui reviennent souvent. «Nos agents ont des acnés, des boutons ; en général ce sont des complications à la peau. Heureusement que nous n’avons pas encore connu des cas graves nécessitant des hospitalisations»
A l’hôpital de la police, même si le corps médical confirme les informations, il se refuse toutefois à nous donner des détails. «Effectivement, les agents désignés au carrefour de l’Indénié sont très exposés et ont même des complications. Souffrez qu’on ne vous en donne pas des détails. C’est un secret médical», nous confie un médecin policier.
En termes de perspective, nos interlocuteurs souhaitent que le gouvernement se penche sérieusement sur le cas du carrefour de l’Indénié auquel sont exposés chaque jour leurs collaborateurs. Aussi veulent-ils que l’effectif de l’Urc soit étoffé, afin que le mouvement des agents se passe à intervalle plus grand.
Puisque quotidiennement, ce sont 6 éléments qui sont désignés à ce carrefour. Même si cet effectif passe à 8 voire 10, en cas de besoin.
Marc Yevou
D’où la densité de son trafic. Cet échangeur qui se trouve au cœur de la ville d’Abidjan, change de «vêtements» en fonction des exigences du climat. Tantôt revêtu de boue, lorsque la pluie passe par là et tantôt recouvert de poussière insupportable, dès que le soleil reprend ses droits.
Malheureusement, dans ce changement vestimentaire, le carrefour de l’indénié prend en otage les usagers et agents de police de l’Urc, commis à la régulation de la circulation. Qui malheureusement est caractérisée par l’indiscipline des conducteurs.
Il est un peu plus de 6h, ce lundi. La pluie qui est tombée la nuit lâche encore quelques gouttes. Le carrefour est inondé mais est encore praticable. Les quelques véhicules qui s’y aventurent pour la plupart en file indienne, tentent tant bien que mal de se frayer un chemin.
A côté un cargo de l’Urc, avec à son bord des policiers chaussés de paires de bottes et portant des pullovers, prennent position sur les lieux. A peine se sont-ils placés qu’un véhicule de marque Peugeot de type 406 avec une immatriculation gouvernementale, partant dans le sens indénié-Cocody, arrive à vive allure et éclabousse l’agent posté juste aux feux à l’intersection de la voie qui mène à Fraternité Matin. «Voyez comment nous souffrons ici avec ces chauffeurs indisciplinés qui n’ont aucun respect pour le travail que nous faisons», se lamente le sergent qui est littéralement recouvert d’eau sale. Le conducteur dudit véhicule n’a même pas daigné s’arrêter. Toute la journée, les agents de l’Urc ont travaillé dans la boue épaisse que les eaux de pluie ont laissée après leur passage. «Nous sommes constamment exposés à toutes sortes de maladies, avec les eaux très sales dans lesquelles nous sommes obligés de travailler. Après la boue, il nous faut encore gérer la grande poussière de ce carrefour. Ce qui nous donne des maladies de la peau et bien d’autres complications», explique une jeune dame, sergent de police.
A la question de savoir s’il n’y avait pas d’alternative à cette situation, un autre sergent-chef, qui apparemment est le chef du dispositif, coupe court «Nous sommes des militaires, donc des exécutants. Dans notre travail, on ne gère pas les états d’âme. Nous travaillons partout où nous sommes déployés quels que soient les risques auxquels nous sommes exposés. Malheureusement, c’est cela l’armée», argue-t-il et comme ses collègues, il requiert l’anonymat.
La haute hiérarchie policière, consciente des dangers encourus par ces agents a pris des mesures pour prévenir tout danger pour la santé de ces derniers.
A la préfecture de police d’Abidjan où nous avons approfondi notre enquête, comme il fallait s’y attendre, les langues n’ont pas voulu se délier. «Vous savez que nous sommes astreints au droit de réserve. Nous ne pouvons parler qu’avec l’autorisation du ministre de l’Intérieur», nous lancent un officier et un commissaire de police vers lesquels nous a conduit un sergent. Après avoir insisté et montré l’intérêt de notre investigation pour les agents de la police désignés au carrefour de l’indénié, un autre officier plus gradé que nos deux interlocuteurs saute sur l’occasion «Les journalistes ont l’habitude de tirer sur nous. Si pour une fois ils veulent nous aider, qu’est-ce que vous avez à faire des difficultés ?», interroge l’homme en tenue. Des échanges avec lui, il ressort que la fragilité de la santé des agents désignés au carrefour de l’Indénié étant une réalité,la hiérarchie de la police a instauré depuis un moment des examens médicaux mensuels. Chaque mois donc, les éléments de l’Urc sont soumis à un contrôle médical à l’Hôpital de la police au Plateau. Mais en plus de ces contrôles mensuels, ils font un bilan complet de santé tous les trois mois. A titre préventif, les autorités de la police avaient préconisé de doter les agents de l’Urc de cache-nez, mais, explique notre interlocuteur «ce n’est pas élégant; en plus ça dénature la tenue. Voilà pourquoi nous avons opté pour les paires de bottes».Expliquant les problèmes de santé rencontrés par leurs agents, l’officier supérieur indique que ce sont des problèmes de peau qui reviennent souvent. «Nos agents ont des acnés, des boutons ; en général ce sont des complications à la peau. Heureusement que nous n’avons pas encore connu des cas graves nécessitant des hospitalisations»
A l’hôpital de la police, même si le corps médical confirme les informations, il se refuse toutefois à nous donner des détails. «Effectivement, les agents désignés au carrefour de l’Indénié sont très exposés et ont même des complications. Souffrez qu’on ne vous en donne pas des détails. C’est un secret médical», nous confie un médecin policier.
En termes de perspective, nos interlocuteurs souhaitent que le gouvernement se penche sérieusement sur le cas du carrefour de l’Indénié auquel sont exposés chaque jour leurs collaborateurs. Aussi veulent-ils que l’effectif de l’Urc soit étoffé, afin que le mouvement des agents se passe à intervalle plus grand.
Puisque quotidiennement, ce sont 6 éléments qui sont désignés à ce carrefour. Même si cet effectif passe à 8 voire 10, en cas de besoin.
Marc Yevou