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Politique Publié le jeudi 25 février 2010 | Le Nouveau Réveil

Entrée du Rhdp dans le gouvernement Soro 2 / Anaky Kobena (président du Mfa) à ses pairs : “Il y a un délai d`attente de pudeur envers les victimes qui s`impose”

Le président du Mouvement des Forces d'Avenir (Mfa), Innocent Anaky Kobena, a animé une conférence de presse, hier, au siège de son parti pour informer l'opinion nationale et internationale sur les raisons qui motivent son refus d'entrer dans le gouvernement Soro 2.
Après avoir signifié au Premier ministre Guillaume Soro par courrier son refus d'entrer dans le gouvernement, le président Anaky Kobena a longuement expliqué les motivations de sa décision. Qu'il a résumées en trois observations.

Les violations de Marcoussis
" Je voudrais attirer votre attention sur le caractère un peu particulier sur le gouvernement qu'on a en Côte d'Ivoire depuis 2003. Depuis que nous sommes entrés dans cette période de crise. A la conférence de Marcoussis, le souci avait été de garder à la tête de l'Etat de Côte d'Ivoire la personne qui était déjà en place, parce qu'un Etat ne peut pas rester sans chef. Et surtout, il avait été convenu que c'était le Premier ministre qui héritait de toutes les prérogatives de l'Exécutif pour mener à bien le travail et faire aller le pays au plus tôt vers les élections. A Marcoussis, on avait dit que le Premier ministre disposera pour l'accomplissement de sa mission, des prérogatives de l'Exécutif en application des délégations prévues par la Constitution. Normalement, à notre retour de Marcoussis et de Kléber, le vrai Exécutif n'était pas à la Présidence, c'était à la Primature. Lorsqu'on a vu que ça piétinait et qu'on a récusé Seydou Diarra pour mettre Charles Konan Banny. Vous avez la résolution 1633 de l'Onu qui était encore plus explicite. Elle souligne en son article 8 que" le Premier ministre doit disposer de tous les pouvoirs nécessaires conformément à l'accord de Marcoussis ainsi que de toutes les ressources financières, matérielles, humaines et voulues en particulier dans le domaine de la sécurité, de la défense et des affaires électorales en vue d'attirer le bon fonctionnement du gouvernement pour arriver vite aux élections". C'était clair. Il se trouve que malheureusement, depuis 2003 jusqu'à aujourd'hui, ce cadre n'a pas été réellement effectif ici en Côte d'Ivoire. Avec l'habilité qu'il faut lui reconnaître, Laurent Gbagbo a toujours fait en sorte que tout le pouvoir exécutif est revenu et est demeuré au palais présidentiel…tous ceux qui sont dans le gouvernement sont comme des otages, ils n'ont pas de pouvoir réel".

La complicité
de l'opposition
Selon le président Anaky Kobena," la présence de l'opposition dans le gouvernement contribue à retarder la date effective des élections. Si l'opposition prenait sur elle la décision de dire, certes nous ne dénonçons pas les accords mais puisque nous sommes à deux ou trois mois de la date fixée pour les élections, on vous demande à vous Forces nouvelles et camp présidentiel, de prendre le gouvernement. Mais la seule chose qu'on vous demande, c'est la date de la tenue des élections effectives sinon nous demanderons qu'on arrête ce système et qu'on mette en place un nouveau cadre institutionnel. Si cette ligne avait été adoptée depuis deux ans, je suis convaincu que nous aurions déjà eu les élections. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Et avec l'opposition dans le gouvernement, Laurent Gbagbo fait traîner l'attelage. Et en fait, l'opposition l'accompagne dans ce gouvernement pour retarder les élections sans qu'elle s'en rende compte elle-même. Ce qui est, à mon avis, dommage.

L'appel au Rhdp
Le pays est aujourd'hui dans un tel état de délabrement. L'Etat lui-même s'est effondré, il est délétère. Que ce soit la Fonction publique, la police, le commerce ou les infrastructures, tout s'est effondré. Si ce système dure et s'aggrave et que l'opposition est dans le gouvernement, de quel argument disposera-t-elle pour s'opposer ou pour contester ? Que voulez-vous que l'opposition puisse dire de l'état des infrastructures en Côte d'Ivoire si le ministre des Infrastructures est issu de l'opposition ? C'est pour l'opposition elle-même, l'invitation à une rigueur d'esprit, rigueur de pensée et de logique. Comme on le dit un peu partout, dans un système démocratique, ceux qui sont au pouvoir gouvernent et ceux qui sont dans l'opposition s'opposent. Cette espèce de système ambigu ou ambivalent comme celui auquel nous assistons en Côte d'Ivoire depuis quelques années, le peuple en souffre. Et l'opposition même, par ce travers, n'arrive pas à assumer son rôle d'opposition politique… le dernier point, c'est la situation actuelle. Ce que nous vivons dans ce pays depuis une dizaine de jours. A savoir que nous avons eu affaire à une manifestation populaire. C'est spontanément que le peuple s'est levé pour crier son ras-le-bol par rapport aux conditions dans lesquelles il vit depuis des années. Ce qui a eu à jeter de l'huile sur le feu, c'est le problème d'électricité et le déficit d'eau. La population en a ras-le-bol, elle a commencé à bouger et il est normal que les partis d'opposition qui sont avec cette population a heureusement pris cette revendication populaire à bras le corps, ils l'ont encadrée et cela a donné un mouvement qui va rester dans notre histoire. Ces évènements ont entraîné avec eux un cortège de drame. Le pouvoir a paniqué et fait tirer. Souvent dans des conditions où il fallait tout simplement reculer et revenir avec les moyens appropriés de police pour disperser les gens. On a tiré à balles réelles, on a souvent tiré à bout portant. Il y a eu près de quinze morts et plus de cinquante blessés. Dans ce contexte-là, c'est immoral et inacceptable qu'alors que des plaies saignent encore et des corps sont à la morgue, on annonce que l'opposition est entrée fièrement dans un gouvernement. Il y a un délai d'attente de pudeur avec les victimes qui s'impose. C'est tout cela qui fait que nous pensons que le Rhdp ne devrait pas figurer dans un gouvernement. Dieu merci, notre appel semble avoir été entendu jusque-là. Je demande aux leaders du Rhdp d'écouter le peuple. Partageons le drame et les douleurs du Rhdp. Et je demande à mes pairs du Rhdp de consulter la base, la population avant de prendre une décision. Concernant l'entrée dans le gouvernement ou pas.
Propos recueillis par Jules Claver Aka

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