La marche des houphouétistes à Bouaké va certainement créé des sans papiers. Dans la furie qui a conduit à l'incendie de la préfecture de région ce week-end, la sous-préfecture qui squattait des locaux dans ce vaste immeuble n'a pas été en reste. Les manifestants ont emporté de nombreux registres d'état civil après leur passage. Il s'agit des registres de naissances, de décès et de reconstitution de l'état civil. Il faut joindre à ce lot, les registres des audiences foraines. Le bâtiment qui a été pillé avant d'être incendié, a vu une grande partie de ces documents partis en fumée. Selon des sources proches du secrétariat général des Forces nouvelles, de nombreux registres ont pu être récupérés avec certains manifestants sur les lieux et dans les rues par les soldats en faction. Conscient du malaise que va provoquer la disparition des registres, le ministre Konaté Sidiki a lancé un appel aux populations en leur demandant de ramener les registres trouvés ou emportés. « Je vous demande chers parents, a-t-il lancé sur la chaîne Tvnp, de ramener les registres que vous avez pris par devers vous ; Revenez avec ces registres sinon il vous sera difficile de faire vos papiers. C'est au vu des registres que le sous-préfet établit des extraits de naissance pour vous. ». C'est la seconde fois que la sous-préfecture de Bouaké est victime d'un pillage de son état civil. A la suite des évènements de septembre 2002, les bureaux avaient été entièrement pillés. De sorte que le sous-préfet M'Bahia Magloire faisant le point de son état civil avait indiqué au titre des registres retrouvés, « Néant ». Il devait donc reprendre totalement l'état civil. En d'autres termes, les citoyens nés dans cette circonscription se sont vus obligés de procéder à une opération de reconstitution d'état civil qui passe nécessairement par des opérations de retranscription. Selon Mlle Fanta T, agent à la sous-préfecture, il faut payer 5500 francs Cfa au tribunal pour avoir une ordonnance du juge autorisant le sous-préfet à faire la retranscription. Une fois munie de ce document, vous devez payer encore d'autres frais à la sous-préfecture pour l'établissement des pièces. Il est donc impossible aujourd'hui pour un natif de la sous-préfecture de se faire établir des pièces. L'on se pose beaucoup de questions. Les pétitionnaires qui avaient préalablement fait les reconstitutions et retranscriptions doivent-ils reprendre toutes ces opérations ? C'est l'angoisse au niveau des natifs de cette circonscription. Contrairement à ce qui se dit, l'état civil de la mairie de Bouaké a été épargné d'un pillage. Alors il n'y a pas eu de dégâts. C'est seulement le centre de collecte de la mairie sis au marché central qui a subi la colère des manifestants.
Allah Kouamé à Bouaké
Allah Kouamé à Bouaké