Gagnoa : Quand la rumeur fait prendre des dispositions

Depuis le déclenchement des mouvements de protestations du Rhdp, la semaine dernière, la ville de Gagnoa est sous haute surveillance des forces de défense et de sécurité "fds". Une forte rumeur court en ce moment dans la ville, faisant état de ce que des manifestants voudraient se venger. On apprend qu'un dozo a vu son fils payer de sa vie les conséquences de cette marche de protestation. En revanche, cette corporation aurait décidé d'apporter la riposte au camp adverse. La psychose est de taille et chaque habitant reste méfiant. Par mesure de dissuasion, les agents des forces de l'ordre ont été déployés à des endroits stratégiques de la ville. Cela pour étouffer dans l'œuf tout soulèvement. Au carrefour de la mosquée en bois par exemple, un détachement des corps habillés veille au grain. Rien n'est sûr. Cependant, la seule chose dont on ne peut douter en ce moment dans la ville, c'est la fourniture régulière du courant electrique. En effet, depuis la recente marche des Houphouetistes, jusqu'à maintenant, la ville fait exception en matière de délestage. Ces trois jours durant, l'electricité est fournie de jour comme de nuit, à la grande satisfaction des populations. Selon certaines rumeurs, l'ininterruption du courant s'expliquerait par la situation conflictuelle qui prévaut actuellement à Gagnoa. Couper le courant de surcroît la nuit donnerait des idées aux esprits revanchards. Aussi, ce serait pour ne pas en rajouter à la colère des populations que la compagnie ivoirienne d'électricité "CIE" aurait pris la décision d'éclairer la ville en permanence. Du côté de l'enseignement primaire aussi, l'heure est à la prise de certaines mesures. Hier par exemple, de nombreuses écoles ont fermé. Monsieur Diahou Séka, directeur de l'Epp Sokoura s'en explique "c'est juste par mesure de prudence, on a peur que les manifestants prennent les enfants en otage", s'inquiète le pédagogue. Dans certaines écoles par contre, ce sont les parents eux-mêmes qui s'opposent à la venue de leurs petits en classe. De façon générale, chacun prend ses dispositions pour ne pas être surpris au cas où la rumeur se réaliserait.

Alain Kpapo à Gagnoa