Les Ivoiriens ne finissaient pas de s’interroger sur le bien-fondé des événements violents qui ont secoué le pays ces derniers jours. Pour rappel, l’opposition réunie au sein du Rhdp a appelé la population à descendre dans la rue. Celle-ci devait « s’opposer par tous les moyens au coup d’Etat de Laurent Gbagbo ». Et dans le pays, la situation a pris une tournure dramatique. A Gagnoa et Daloa, pour ne citer que ces villes, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont viré au carnage. Cinq morts dans la première localité, deux dans la seconde. La plupart des victimes l’ont été par balles tirées par les forces de l’ordre. Et comme toujours en pareil cas dans ce pays, la polémique a commencé. Non pas sur la nécessité de chercher les bourreaux mais sur les raisons qui justifient l’appel à manifester. Et donc à défier les autorités. « Ceux qui ont appelé à manifester portent l’entière responsabilité des morts. Comment peut-on demander à marcher alors que tout le monde sait que la situation du pays est fragile et les risques de dérapage énormes ? » ne se sont pas privés de relever certaines personnes bien intentionnées. « Face à la dictature qui menace les libertés, il n’y a pas d’autres moyens de se faire entendre que de prendre la rue » ont rétorqué d’autres en face. Et c’est du côté du Conseil constitutionnel que la réponse est venue. Son président le très « gbagboïste » Paul Yao N’Dré devant qui les membres de la commission électorale indépendante, Cei, prêtaient serment jeudi dernier a dit, en direct à la télévision nationale, que « le peuple a le droit à l’insurrection si le président se met contre la Constitution ou fait preuve d’injustice ». Reste donc à supputer sur la nature des actes posés le 12 février dernier par Gbagbo. Le chef de l’Etat a-t-il respecté la Constitution, ou a-t-il été juste en dissolvant ce jour-la Cei et le gouvernement ?
D. Al Seni
D. Al Seni