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Editorial Publié le lundi 1 mars 2010 | L’expression

Quoi de neuf ?

Robert Beugré Mambé n’est plus président de la Commission électorale indépendante, Cei. En deux semaines de crise et de tension, c’est le seul changement auquel les Ivoiriens ont assisté. Pour le reste, c’est du pareil au même. Le gouvernement, hormis des départs ici et là, est un véritable couper-coller. Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat, à l’origine de la dernière montée d’adrénaline dans le pays part sa décision de double dissolution du gouvernement et de la Cei, a reconduit pour le compte de son parti les mêmes personnalités. Les directeurs de campagne, les vieux ministres, huit à dix ans sans discontinuer à la tête de portefeuilles, les caciques, marqués au fer par un engagement partisan sans borne, demeurent en place. Exit les jeunes cadres et les technocrates dont l’annonce avait justifié une mesure dont l’opportunité à un moment délicat et décisif de la sortie de crise, et singulièrement de la tenue des élections présidentielles de fin février début mars 2010, laissait sans voix de nombreux spécialistes de la scène ivoirienne. La commission électorale donc, a un nouveau président et quatre vice-présidents. Tous aussi nouveaux. Dans sa structure comme sa composition cependant, tout est identique à l’ancienne pilotée par Mambé. Les commissaires sont tous issus des partis signataires de l’Accord politique de Marcoussis. La dévolution des responsabilités n’a pas bougé d’un iota. L’opposition ivoirienne a gardé la présidence et deux vice-présidences ; le chef de l’Etat et son camp conservant une vice-présidence tout comme l’ex rébellion des Forces nouvelles. L’équipe gouvernementale a obéit, elle aussi dans sa nomenclature, aux mêmes principes de répartition consensuelle et de gestion collective de la transition. Un coup d’épée dans l’eau, le coup de sang de Laurent Gbagbo du 12 février 2010 ? Pas tout à fait. Parmi les partants de l’équipe sortante, il y a Dano Djédjé. Un baron du Front populaire ivoirien. Il fait parie, avec Bohoun Bouabré, Alphonse Douaty, Charles Koffi Diby et Amadou Gon des ministres cités, peu ou prou, dans le scandale des détournements dans la filière café cacao. Il est un des membres du gouvernement alors en poste à avoir déféré à la convocation du juge d’instruction dans cette affaire. Sa sortie de l’équipe n’est pas un hasard. Dano Djédjé, tout porte à la croire, est une soupape que Gbagbo fait sauter dans le but affiché de prendre de gros poissons du côté de l’opposition. Personne ne doit s’y tromper. Le chef de l’Etat, dans son jeu du 12 février, avait de multiples ambitions. Se tailler un nouveau gouvernement dans lequel seraient expurgés les partis et les personnalités qui lui portent ombrage, installer une nouvelle Cei sous ses ordres et se donner les moyens, à travers des poursuites judiciaires ciblées, de faire pression sur des cadres clés de l’opposition. Sur ce dernier point au moins, Gbagbo garde la main. Et les moyens de nuisance. Ce n’est pas innocent son refus obstiné de voir siéger certaines ministres issus de l’opposition dans l’équipe Soro II. Au delà, la parenthèse de ces deux dernières semaines va-t-elle donner un coup d’accélérateur au processus en cours dans le pays ? Pas si sûr ! Les élections sont d’ores et déjà renvoyées à plus tard. Le Premier ministre évoque les trois ou quatre mois avenir. Autrement dit mai ou juin. Mais, l’optimisme du chef du gouvernement cache difficilement un retour à la case départ.
En effet, à peine le premier conseil des ministres tenu, le vendredi 26 février, que l’homme thermomètre de la volonté du camp du chef de l’Etat montait au créneau. Le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, initiateur de la crise de la Cei, mère des dernières tensions dans le pays, a indiqué que « tous ceux qui se sont inscrits de manière frauduleuse sur la lite électorale devront en être extraits » et que « tous ceux qui en ont droit doivent y figurer ». Une façon bien élégante de dire que son bord politique entend relancer sa machine de radiation massive des Ivoiriens suspects de ne pas soutenir le candidat-président aux affaires. Les radiations collectives des listes électorales au mépris des procédures, et sur la simple présomption de la consonance du nom, avaient mis le feu aux poudres dans plusieurs localités du pays. Le Fpi, par ailleurs, a dévoilé en plus un nouveau front de bataille: « Pas de désarmement, pas d’élection ». Preuve supplémentaire que pour les élections, il faudra s’armer d’une patience de pierre. Reste cependant que, en ouvrant la boîte à Pandore ce 12 février, malgré les morts (une dizaine de manifestants de l’opposition tués à balles réelles par les forces de l’ordre), Gbagbo a permis au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, Rhdp, de tester sa capacité de résistance et d’action sur le terrain. Et en dix jours, les indolents opposants de naguère se sont transformés en de véritables ogres capables de faire vaciller le régime dans la rue. C’est peut être là, le principal acquis de ces journées folles de cette seconde moitié de février 2010.

D. Al Seni
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