Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) et le camp présidentiel sont à l'heure du bilan, après la farouche bataille qu'ils se sont livrée, autour de la Commission électorale et indépendante (Cei). Le butin de guerre semble plus consistant, côté pouvoir.
Fini la passe d'armes entre le camp présidentiel, avec à sa tête le chef de l'Etat Laurent Gbagbo, et le Rhdp, mené par Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci). La Cei autour de laquelle ils se battaient, il y a deux mois, a maintenant un nouveau président et une nouvelle composition. Aussi, le Rhdp a décidé vendredi dernier de rentrer au gouvernement. Le 2ème, après la signature le 4 mars 2007 de l'Accord politique de Ouagadougou.
Le calme est revenu. Le processus électoral peut se poursuivre. Mais entre temps, faut-il passer sous silence les bénéfices des uns et des autres dans ''la bataille de la Cei'' ? L'opinion nationale et la communauté internationale qui ont cru voir poindre l'apocalypse pour la Côte d'Ivoire, avec les marches, les casses et les morts, s'en préoccupent.
Le gouvernement ne restera pas incomplet. Les 16 ministres et le Premier ministre, seront rejoints bientôt par ceux de l'opposition. Parole d'Alphonse Djédjé Mady, président du directoire du Rhdp. « Au jour d'aujourd'hui, a-t-il annoncé vendredi, le Rhdp et le Pit ont décidé de faire leur entrée au gouvernement ». Les houphouétistes sont « satisfaits », selon lui, de la réinstallation de la Commission électorale indépendante (Cei). L'opposition exigeait le retour d'une Cei avec M. Mambé à sa tête. Cette volonté est-elle faite ? Non, puisque le nouvel homme fort de l'institution s'appelle Bakayoko Youssouf, diplomate et ex-ministre. Il est certes un cadre du Pdci, mais il n'était pas le candidat de ce parti qui, selon ''son'' journal Le Nouveau Réveil, a « présenté S.E Kakou Gervais ». Bakayoko Youssouf a été coopté par la Primature qui a obtenu un consensus autour de lui. Le Rhdp garde la 1ère vice-présidence, mais le ''triumvirat'' de l'institution lui échappe. Car, la 2è vice-présidence occupée à l'époque par Sinan Bakary du Mouvement des forces d'avenir (Mfa) d'Innocent Anaky Kobena, revient au camp présidentiel. Il est représenté par N'Dabian Ebi Aman, au nom du président de la République. Nouvelle Cei, nouveaux animateurs. Le Rhdp a donc reculé, sans que ses militants ne le réalisent à temps. Et pourtant, Djédjé Mady avait tourné casaque, en ne disant plus : « Nous voulons la Cei avec M. Robert Beugré Mambé à sa tête ». Mais en acceptant, de façon subtile : «Le Rhdp veut la Cei comme elle était». D'où une Cei dans son format initial mais sans M. Mambé. Le Rhdp a dû remplacer quatre représentants dont Gomis Jean Baptiste (Rdr), aguerri aux rouages électoraux, au profit de nouvelles têtes.
Le Rhdp a, officiellement, perdu huit militants (5 à Gagnoa, 3 à Daloa) et déplore de nombreux blessés. Pire, le bloc d'opposition joue sa crédibilité, ses militants n'appréciant pas le revirement de situation en leur défaveur. Et, leur désarroi est que leurs leaders font allégeance au président de la République qu'ils récusaient en entrant dans son gouvernement.
Si Laurent Gbagbo a mené les débats, le camp présidentiel peut-il vraiment se frotter les mains ? L'article 48 a éjecté Robert Beugré Mambé, qui était inamovible d'après un quatuor d'avocats du Rhdp. Ainsi, le ministre de l'Intérieur Désiré Tagro (Fpi) peut savourer une victoire, en disant, jeudi dernier : « Il (M. Mambé) a fauté et la sanction la moins grave qu'on puisse lui infliger, était qu'il quitte la tête de la Cei. C'était cela l'intention du président de la République et je pense que la mesure qu'il a prise venait pour traduire cette intention en acte. Et cela est fait aujourd'hui avec l'absence de M. Beugré Mambé au sein même de la Cei ». Cependant, « l'équilibre parfait » exigé le samedi 20 février dernier, par Pascal Affi N'Guessan, président du Fpi, n'est pas établi. Le camp présidentiel compte dix représentants alors que l'opposition en dénombre 11, à la Cei. Hormis, les magistrats et les représentants du barreau. Mais tout va se jouer au niveau des voix délibératives, un autre combat que compte engager le parti au pouvoir, selon Konaté Navigué, président de la Jeunesse du Fpi.
Le droit de regard du pouvoir est davantage conforté au sein du présidium du bureau central de la Commission. Car, le camp présidentiel occupe désormais la 2ème vice-présidence. Alors que dans l'ancienne Cei, il était 4ème vice-président. Toutefois, les ''bleus'' ont obtenu la « recomposition » de l'institution, en arrachant de nouvelles élections à leurs adversaires. Mieux, le Fpi et ses alliés peuvent se vanter d'avoir imposé une Cei nouvelle.
Jeudi, avant la désignation de Bakayoko Youssouf, un décret 2010-29 du 25 février 2010 portant nomination des membres de la commission centrale de la Cei, a consacré la naissance d'une nouvelle institution. Pour ce qui est du gouvernement, le Rhdp aura beau battre le pavé, il rejoint la nouvelle équipe de Guillaume Soro. Mais le Rhdp ne reconduira pas certains de ses anciens ministres, récusés par Laurent Gbagbo. Ses adversaires concèdent là aussi la recomposition, en revoyant leurs copies.
Bidi Ignace
Fini la passe d'armes entre le camp présidentiel, avec à sa tête le chef de l'Etat Laurent Gbagbo, et le Rhdp, mené par Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci). La Cei autour de laquelle ils se battaient, il y a deux mois, a maintenant un nouveau président et une nouvelle composition. Aussi, le Rhdp a décidé vendredi dernier de rentrer au gouvernement. Le 2ème, après la signature le 4 mars 2007 de l'Accord politique de Ouagadougou.
Le calme est revenu. Le processus électoral peut se poursuivre. Mais entre temps, faut-il passer sous silence les bénéfices des uns et des autres dans ''la bataille de la Cei'' ? L'opinion nationale et la communauté internationale qui ont cru voir poindre l'apocalypse pour la Côte d'Ivoire, avec les marches, les casses et les morts, s'en préoccupent.
Le gouvernement ne restera pas incomplet. Les 16 ministres et le Premier ministre, seront rejoints bientôt par ceux de l'opposition. Parole d'Alphonse Djédjé Mady, président du directoire du Rhdp. « Au jour d'aujourd'hui, a-t-il annoncé vendredi, le Rhdp et le Pit ont décidé de faire leur entrée au gouvernement ». Les houphouétistes sont « satisfaits », selon lui, de la réinstallation de la Commission électorale indépendante (Cei). L'opposition exigeait le retour d'une Cei avec M. Mambé à sa tête. Cette volonté est-elle faite ? Non, puisque le nouvel homme fort de l'institution s'appelle Bakayoko Youssouf, diplomate et ex-ministre. Il est certes un cadre du Pdci, mais il n'était pas le candidat de ce parti qui, selon ''son'' journal Le Nouveau Réveil, a « présenté S.E Kakou Gervais ». Bakayoko Youssouf a été coopté par la Primature qui a obtenu un consensus autour de lui. Le Rhdp garde la 1ère vice-présidence, mais le ''triumvirat'' de l'institution lui échappe. Car, la 2è vice-présidence occupée à l'époque par Sinan Bakary du Mouvement des forces d'avenir (Mfa) d'Innocent Anaky Kobena, revient au camp présidentiel. Il est représenté par N'Dabian Ebi Aman, au nom du président de la République. Nouvelle Cei, nouveaux animateurs. Le Rhdp a donc reculé, sans que ses militants ne le réalisent à temps. Et pourtant, Djédjé Mady avait tourné casaque, en ne disant plus : « Nous voulons la Cei avec M. Robert Beugré Mambé à sa tête ». Mais en acceptant, de façon subtile : «Le Rhdp veut la Cei comme elle était». D'où une Cei dans son format initial mais sans M. Mambé. Le Rhdp a dû remplacer quatre représentants dont Gomis Jean Baptiste (Rdr), aguerri aux rouages électoraux, au profit de nouvelles têtes.
Le Rhdp a, officiellement, perdu huit militants (5 à Gagnoa, 3 à Daloa) et déplore de nombreux blessés. Pire, le bloc d'opposition joue sa crédibilité, ses militants n'appréciant pas le revirement de situation en leur défaveur. Et, leur désarroi est que leurs leaders font allégeance au président de la République qu'ils récusaient en entrant dans son gouvernement.
Si Laurent Gbagbo a mené les débats, le camp présidentiel peut-il vraiment se frotter les mains ? L'article 48 a éjecté Robert Beugré Mambé, qui était inamovible d'après un quatuor d'avocats du Rhdp. Ainsi, le ministre de l'Intérieur Désiré Tagro (Fpi) peut savourer une victoire, en disant, jeudi dernier : « Il (M. Mambé) a fauté et la sanction la moins grave qu'on puisse lui infliger, était qu'il quitte la tête de la Cei. C'était cela l'intention du président de la République et je pense que la mesure qu'il a prise venait pour traduire cette intention en acte. Et cela est fait aujourd'hui avec l'absence de M. Beugré Mambé au sein même de la Cei ». Cependant, « l'équilibre parfait » exigé le samedi 20 février dernier, par Pascal Affi N'Guessan, président du Fpi, n'est pas établi. Le camp présidentiel compte dix représentants alors que l'opposition en dénombre 11, à la Cei. Hormis, les magistrats et les représentants du barreau. Mais tout va se jouer au niveau des voix délibératives, un autre combat que compte engager le parti au pouvoir, selon Konaté Navigué, président de la Jeunesse du Fpi.
Le droit de regard du pouvoir est davantage conforté au sein du présidium du bureau central de la Commission. Car, le camp présidentiel occupe désormais la 2ème vice-présidence. Alors que dans l'ancienne Cei, il était 4ème vice-président. Toutefois, les ''bleus'' ont obtenu la « recomposition » de l'institution, en arrachant de nouvelles élections à leurs adversaires. Mieux, le Fpi et ses alliés peuvent se vanter d'avoir imposé une Cei nouvelle.
Jeudi, avant la désignation de Bakayoko Youssouf, un décret 2010-29 du 25 février 2010 portant nomination des membres de la commission centrale de la Cei, a consacré la naissance d'une nouvelle institution. Pour ce qui est du gouvernement, le Rhdp aura beau battre le pavé, il rejoint la nouvelle équipe de Guillaume Soro. Mais le Rhdp ne reconduira pas certains de ses anciens ministres, récusés par Laurent Gbagbo. Ses adversaires concèdent là aussi la recomposition, en revoyant leurs copies.
Bidi Ignace