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Politique Publié le mardi 2 mars 2010 | Le Patriote

Entrée au Gouvernement - Comment le RHDP a sauvé le processus de paix

Fallait-il entrer au Gouvernement après le rétablissement de la CEI pour relancer le processus électoral ou rester dans la ligne de la fermeté, du bras de fer permanent, au risque de provoquer un enlisement total du processus de sortie de crise, chose que Gbagbo souhaiterait peut-être? C’est l’équation qui était posée aux leaders du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, au lendemain de la réinstallation de la CEI. Etant entendu que l’objectif du RHDP est d’amener la «minorité présidentielle» aux élections, même si son chef dit à qui veut l’entendre qu’il n’ira pas «aux élections comme un mouton à l’abattoir». Entre deux maux, il faut toujours choisir le moindre. Par pur réalisme doublé de tactique politique, le RHDP a enfin accepté d’entrer au Gouvernement. Cela a suffi pour que des hagiographes du régime Gbagbo, par des raccourcis dignes de pitreries complaisantes, chantent sur tous les toits que l’opposition a enjambé les corps de ses militants pour se ruer sur des postes ministériels. Justement, c’est le piège du FPI qu’a évité le RHDP lorsqu’à l’éclatement de la crise, il a dit que son entrée au Gouvernement n’était qu’une question secondaire. Ceux qui tiennent un tel discours à la limite méprisant pour la mémoire des Ivoiriens froidement abattus, cachent mal leur cynisme. Ils ont la mémoire courte et doivent savoir que les Ivoiriens ne sont pas amnésiques. Car, en octobre 2000, on s’en souvient encore, les affrontements entre les militants du FPI et les soldats restés loyaux au feu Général Robert Guéi qui réclamait lui aussi la victoire, ont fait des morts. Cela a-t-il empêché le candidat frontiste de prêter serment ? Aucunement pas. Or donc, l’objectif macabre de cette répression sauvage des militants était de tuer les militants de l’opposition afin que celle-ci refuse d’entrer au Gouvernement sous prétexte qu’elle n’enjamberait pas les corps de ceux-ci ? La crise savamment créée avec la dissolution de la CEI et du Gouvernement par Laurent Gbagbo a jeté l’émoi au sein de la majorité des Ivoiriens. Il visait, à l’analyse, deux objectifs. D’une part, avoir la tête de Mambé et d’autre part, en profiter pour couper des «branches mortes» de sa nomenklatura, mais surtout pour réduire dans certaines régions l’influence de ses adversaires politiques, basée sur des cadres qui y font ombrage à ses poulains. Les cas d’Amadou Gon à Korhogo avec Malick Coulibaly, et de Patrick Achi à Adzopé avec Monnet Léon, sont plus que patents. Ayant découvert le jeu trouble de la «minorité présidentielle», le RHDP a fait de son cheval de bataille, la réinstallation de la Commission électorale avant toute négociation sur le Gouvernement. La CEI a été rétablie comme l’a souhaité le RHDP. Dès lors, il serait politiquement incompréhensible que le RHDP opte pour une stratégie risquée en maintenant le blocus sur le Gouvernement et par ricochet sur le processus électoral. L’opposition ivoirienne regroupée au sein du RHDP se veut réaliste et responsable. Elle sait à quel moment il faut réagir avec fermeté et à quel autre, il faut faire la saine appréciation de la réalité sans tomber dans la compromission.
Ibrahima B. Kamagaté

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