Anaky Kobéna (président du Mfa) : “Il fallait respecter la volonté de la majorité”

Le Mouvement des forces d'avenir (Mfa) avait, dans une déclaration, la semaine dernière, marqué sa ferme opposition de faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale. La décision du président de ce parti Innocent Anaky Kobéna avait rencontré l'assentiment de nombreux militants de l'opposition qui comme lui, pensent que le Rhdp sera plus efficace en réclamant des élections s'il n'entre pas dans le gouvernement que certains baptisent Soro II. Mais contre toute attente, le Mfa a décidé de revenir sur sa décision. Face à la presse hier au siège de son parti à Angré, Innocent Anaky Kobéna a donné les raisons de son revirement soudain. "Le Mfa a décidé d'intégrer le gouvernement Soro II en y envoyant un de ses cadres comme ministre. L'impératif d'unité et de solidarité au sein du Rhdp justifie cette décision" a laissé entendre le président Mfa. "Il fallait l'économie d'une crise au sein du Rhdp. Le maintien du boycott du gouvernement par le Mfa alors que ses trois alliés du Rhdp (Pdci-Rda, Rdr, Udpci) y participaient n'aurait pas manqué d'engendrer un malaise et même une crise au sein de l'alliance politique du Rhdp. Il était important qu'il y ait une position commune au sein du Rhdp. Une fausse note serait difficilement tolérable et puis, il fallait observer la démocratie. Sur quatre, trois voulaient entrer au gouvernement, il fallait donc respecter la volonté de la majorité. N'empêche que j'ai gros sur le cœur parce que je reste convaincu que la meilleure façon pour l'opposition d'avoir des élections, c'est de ne pas entrer au gouvernement" a-t-il ajouté. Cependant, Anaky Kobéna invite ses pairs du Rhdp à tirer les conséquences des récentes manifestations de rue. "Le Rhdp, a-t-il soutenu, se doit de bien comprendre cette nouvelle donne et de l'intégrer, sinon, ils risquent eux-mêmes de se retrouver totalement en déphasage avec la population qui pourrait même les tenir pour coresponsables et co-auteurs de leurs malheurs et les rejeter autant que Laurent Gbagbo (…) Le Rhdp doit faire son introspection et son auto critique. Pourquoi n'a-t-il pas été en mesure d'être en phase avec le peuple jusqu'au bout ? Pourquoi le Rhdp a-t-il suspendu le mouvement populaire alors que la population était plus que jamais déterminée à continuer, en dépit des morts et des blessés ? Que faire à l'avenir pour que cela ne se reproduise plus et que le régime de Laurent Gbagbo n'ait pas le sentiment d'être trahi par le Rhdp et les politiques ? Le Rhdp ne devrait-il pas désormais être plus soucieux d'aller à l'écoute des populations et de ses bases ? N'y a-t-il pas une paralysie de la démocratie au Rhdp ? Le directoire, dans sa forme et sa composition actuelles, est il un organe approprié pour mener une telle lutte de tension ? Le mouvement populaire n'a-t-il pas été étouffé par des lourdeurs mandarinales ?" Autant de questions soulevées auxquelles le président du Mfa invite les autres présidents du Rhdp à réfléchir pour redynamiser la structure des houphouétistes.
Paul Koffi