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Économie Publié le jeudi 4 mars 2010 | L’expression

Business - La monnaie ne circule plus à Abidjan qu’entre les mains d’un groupe de personnes qui en font un commerce juteux.

Comment circulent les pièces de monnaie


Hamed D doit emprunter un « woro-woro » de Yopougon-Lavage pour se rendre à Koumassi. Malheureusement, confronté à un problème de monnaie il perd du temps. Le coût du trajet est de 700 Fcfa. L’étudiant s’adresse à un pompiste dans une station service espérant avoir de la monnaie. Mais lui exige une commission pour lui donner satisfaction. La scène se passe en début février. Un cas similaire a été vécu par Mme Traoré Rokia qui a dû donner 100 Fcfa pour se faire la monnaie de 1.000 Fcfa. Comme ces deux exemples, beaucoup de gens sont contraints aujourd’hui de passer par ce ‘’troc’’ pour faire face aux problèmes récurrents de monnaie dans la capitale économique. Et les stations d’essence, bien que n’étant pas les seules à s’y adonner, sont les plus prisées. Ainsi, il n’est pas rare de voir, à la fin du business, les pompistes comptent de nombreuses pièces de monnaie. Pour Jérôme K qui officie dans une station à Yopougon, la monnaie leur est livrée par les apprentis de « gbaka ». « Après leur journée de travail, les apprentis de gbaka et les chauffeurs de taxis viennent nous donner la monnaie et d’autres achètent le carburant avec des pièces de monnaie», explique-t-il. A la question de savoir pourquoi ils échangent l’argent contre des intérêts, le pompiste fait remarquer qu’ils n’en sont pas les précurseurs. A l’en croire les gens n’hésitent pas à leur proposer une contrepartie pour faire la monnaie. Comme pour dire que l’on a pris goût à la pratique. « Nous travaillons plus avec des billets. Donc la monnaie qu’on reçoit on la donne à nos clients », se justifie Jérôme. Quel client ? A cette question pourtant, point de réponse. La pratique qui se répand de plus en plus devient malheureusement un véritable frein à la circulation de la monnaie. Si tous les regards semblent tournés vers les stations service, Adjamé Nord est un repère de la pratique. A en croire les usagers avertis de, les jeunes filles qui déambulent à l’entrée de la gare de la Société abidjanaise de transport (Sotra) seraient également des fournisseurs de pièce de monnaie. Une affirmation que rejette une de ces vendeuses. « Nous ne vendons pas de monnaie. Nous vendons des pochettes, des cigarettes et du Kleenex entre 50 et 100 Fcfa. D’ailleurs comment pourrions-nous ‘’vendre de l’argent’’ ?», se demande-t-elle. Pour Adidja, vu les prix de leurs marchandises (50 Fcfa et 100 Fcfa), elles ont plutôt besoin de pièces. Et une autre de renchérir non sans cacher sa désolation. Elle estime que ce sont des accusations gratuites. Issa, apprentie gbaka, reconnait pourtant qu’ils sont les seuls « privilégiés » de ces vendeuses de Lotus. « Elles nous font la monnaie à chaque fois qu’on en a besoin. Sans elles il nous serait difficile de travailler. Parce que souvent nos clients nous donnent tous des billets de 1.000 Fcfa ou 2.000 Fcfa », se réjouit-t-il. Il ne tarie pas d’éloges envers leurs « potesses ». «Si c’est la monnaie de 100.000 Fcfa que tu veux, elles peuvent te donner», ajoute-t-il. Des propos qui illustrent le cercle fermé de la monnaie. La liste des abonnés à ce business est longue. Au Plateau dans le périmètre du Cercle des rails, des restauratrices, selon une source qui a requis l’anonymat, recevraient la monnaie en échange de pourcentage. Mais notre passage en ce lieu a été infructueux. Sur la question les langues refusent de se délier. Les mis en cause prétextent d’être occupées pour se soustraire à la conversation. Pendant ce temps, ce commerce juteux gagne du terrain. De mauvaises langues accusent des recteurs de mosquées et églises d’être des sources d’approvisionnement. Ces travailleurs des temples échangeraient les pièces issues des quêtes moyennant le pourboire.


K. Anderson

Légende : Les petites vendeuses d’Adjamé, selon certaines personnes, font un commerce juteux de pièces de monnaie.
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