Avec l`entrée remarquée des ministres du Rhdp au gouvernement hier, l`on peut désormais affirmer que tous les organes d`exécution de l`accord politique de Ouaga (Apo) sont opérationnels. Soro Guillaume a maintenant les coudées franches pour travailler. Le séisme politique du 12 février a donc été contenu, totalement maîtrisé grâce à la détermination du Rhdp et en particulier du président Bédié qui ont contraint Gbagbo à revoir ses prétentions à la baisse. Dans cette crise dans la crise qui vient de livrer son dernier épisode hier, le président Bédié et ses alliés du Rhdp ont à la fois soufflé le chaud et le froid. Ils ont su faire preuve de fermeté et parfois d`intransigeance quand il le fallait et de souplesse et de concession quand cela s`avérait nécessaire. Mais tout ceci était guidé par un objectif bien précis : remettre la Cei et le gouvernement dans leur format de base, sur les rails. Ce double objectif a été atteint. Même si au finish, les houphouétistes, sous la houlette de M. Bédié et de ses alliés,ont été obligés de faire des concessions. Au nom de la paix et de la nécessité d`aller aux élections au plus vite. De sorte que si tout le monde peut se réjouir aujourd`hui de l`entrée des ministres Rhdp au gouvernement, ce qui consolide le consensus autour de l`Apo, Guillaume Soro doit une fière chandelle à Bédié et au Rhdp. Car dans cette bataille pour la reconstitution du gouvernement, le Rhdp avait toutes les raisons de refuser d`y participer. Tout s`est déroulé comme si Gbagbo voulait pousser les Houphouétistes à bout, les amener à claquer la porte. Réduction du nombre de portefeuilles ministériels, redistribution unilatérale des cartes, récusations de la quasi-totalité des cadres du Rhdp sans motif. Là où Gbagbo place les hommes qu`il veut, là où il choisit de faire la géopolitique en faisant parfois des remplacements poste par poste, il se montre capricieux quand le Rhdp essaie de placer au mieux ses cartes. Il faut le dire tout net. Cette attitude a fortement déplu aux militants. Pour eux, le Rhdp n`était point obligé de s`aligner, donc protester et refuser de siéger au gouvernement leur semblaient la réponse la plus appropriée aux manigances de Gbagbo. Une sourde colère s`est même installée dans les bases du Rhdp. Certains militants sont allés jusqu`à parler de trahison des chefs. Mais en réalité, il n`en était rien. Comme le disait le président Ouattara avant-hier à la réunion des instances du Rhdp, il fallait montrer à Gbagbo qu`il y avait " plus malin que lui". C`est comme au jeu d`échec, celui qui pousse ses pions, suppose que son adversaire va jouer dans un certain sens. Pour les leaders du Rhdp, il ne fallait pas tomber dans ce piège. Il fallait se départir de ses émotions pour ne pas être victime d`une réaction épidermique. En multipliant les provocations alors que le Rhdp avait accepté le principe de retourner au gouvernement, Gbagbo attendait des houphouétistes quelque chose, une réaction vive comme le ras-le-bol. Mais le Rhdp et Bédié ont plané haut. Ils ont évité le piège. Comme ils ont su éviter le piège dès les premiers instants de la crise en demandant le rétablissement de la Cei avant de parler de gouvernement. Il est vrai qu`au jeu des négociations, l`on ne peut avoir gain de cause sur tout. Mais aujourd`hui, à l`heure des bilans, l`on peut affirmer que Gbagbo n`a rien gagné et que le Rhdp préserve ses acquis essentiels. C`est un retour à la case départ. Tout ce que Gbagbo a obtenu, c`est la tête de M. Beugré Mambé et de quelques ténors du Rhdp au gouvernement. Mambé est certes parti mais l`ex-président de la Cei garde son honorabilité, son intégrité et sa dignité intactes. Mambé n`a jamais failli à ses principes même au plus fort des attaques ciblées et parfois portées au bas de la ceinture. Cette affaire de la Cei a au contraire laissé éclater un fait : Gbagbo avait peur d`aller aux élections car les accusations portées contre M. Mambé n`ont jamais été démontrées. L`homme a été victime d`une honteuse machination politique. Bédié et le Rhdp ont accepté tout cela au nom de la paix. Leur hauteur d`esprit a sauvé Soro qui courait le risque de coacher un gouvernement qui ne correspondait pas à la lettre et à l`esprit de Marcoussis auquel l`Apo est adossé.
Akwaba Saint-Clair
Akwaba Saint-Clair
