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Économie Publié le vendredi 5 mars 2010 | Le Nouveau Réveil

Affaire surfacturation dans l`achat d`engins lourds : Gilbert Anoh poursuivi pour “détournements d`engins” par Forexi

Les langues commencent à se délier et les témoins se bousculent pour apporter leur éclairage. L'affaire de l'achat des engins lourds devient de plus en plus sérieuse. La longue interview du président du comité de gestion publiée hier dans les colonnes de " Le Nouveau Réveil " a fait réagir de nombreuses personnes à travers le pays. Finalement, cette affaire parait plus compliquée que M. Gilbert Anoh n'a voulu la présenter. Les documents sur lesquels " Le Nouveau Réveil " a mis la main démontrent clairement qu'il y a eu des actes pas tout à fait orthodoxes posés par le comité de gestion vis-à-vis de Forexi. Hier, un haut cadre de Forexi, qui s'est confié à nous sous le sceau de l'anonymat mais qui est prêt à témoigner le moment venu et dont nous avons enregistré les propos, a apporté un éclairage nouveau sur ce qui s'est passé. Il ne parle pas de détournement d'argent pour le moment, vu que Forexi a porté plainte, mais il parle plutôt de " détournement d'engins et d'abus de biens sociaux. ". Forexi, selon lui, et contrairement aux affirmations de M. Anoh, n'a pas une dette de 2 milliards vis-à-vis des tiers.

"Forexi n'a pas une dette de 2 milliards vis-à-vis des tiers"
"Forexi n'a qu'une dette de 400 millions vis-à-vis de ses fournisseurs. La dette la plus importante de Forexi, c'est au niveau de la fiscalité et cette dette est de 1 milliard. Mais comme vous le savez, la fiscalité, ça se négocie. Toutes les entreprises le font. On ne peut pas prendre prétexte de cela pour exproprier Forexi. Et puis, le milliard qu'il (M. Anoh) vient de donner à des opérateurs privés qui n'ont rien à voir avec la filière pour les routes déjà reprofilées, s'il l'avait donné à Forexi dans le cadre de sa redynamisation, cela ne lui aurait-il pas profité ? On ne peut pas avoir une trésorerie et ne pas être capable de négocier ses faiblesses. Et puis, depuis quand une société qui doit 1,5 milliard peut-elle être en faillite alors qu'elle possède un patrimoine de 7 milliards ? M. Anoh dit que les machines ont coûté 7 milliards, or ces machines appartiennent à Forexi. Comment peut-on avoir un patrimoine de 7 milliards, avoir une dette de 1,5 milliard et dire qu'on n'est menacé de disparition ? C'est de la distraction. ". Sur le chapitre de la démission du Dg de Forexi, son explication confirme ce que nous avions écrit le mardi dernier.

"Le Dg de Forexi a été trahi par le comité de gestion"
Selon lui, le Dg de Forexi a démissionné parce que le comité de gestion l'a mis dans une situation extrêmement délicate. Il ne pouvait en aucun cas se permettre de traîner encore à la direction de Forexi s'il tenait à ne pas s'attirer, à terme, de sérieux problèmes. Et pour cause : " Quand le Comité a pris fonction, chaque structure de la filière a fait son état des lieux. C'est fort de cela, qu'au niveau de Forexi, le Comité a décidé de la doter de machines afin de la redynamiser. M. Kané était le directeur technique de Forexi. C'est lui qui a fait l'état des lieux quand M. Bado est parti. C'est M. Atsé Prospère, nommé par décret du président de la République en tant qu'administrateur provisoire du Fdpcc, qui a débauché M. Ekpini Gilbert qui était directeur des projets à l'Agéroute pour le faire nommer Dg de Forexi avec profil TP (travaux publics). Parce que Forexi devait maintenant faire du reprofilage de pistes villageoises. C'est la seule raison pour laquelle, M. Ekpini Gilbert a été nommé Dg de Forexi. Il était spécialiste des travaux publics et c'est donc lui qui a piloté tout le dossier d'achat des engins. C'est pour cette raison que sa signature est sur tous les documents d'achats des engins. L'activité pour laquelle il a été nommé, c'est l'achat des engins et le reprofilage des routes rurales avec ces engins. M. Atsé Prospère a proposé sa nomination au conseil d'administration qui n'a eu qu'à prendre acte. Et qui dit Atsé Prospère, dit Comité de gestion et donc Anoh Gilbert. Atsé est parti de l'administration provisoire du Fdpcc et il a été remplacé par M. Domoraud. Le Comité de gestion a dit à monsieur Ekpini qu'il a été nommé pour travailler à l'élargissement de l'activité principale de Forexi à celle des routes. On lui a confié une mission et il a signé un contrat pour cela. On lui dit, " achète des engins ". Il le fait. Les engins arrivent et ils disparaissent. Forexi n'en voit même pas la couleur. Alors que c'était pour la relever que ces machines ont été achetées. M. Ekpini se retrouve à l'étroit, trahi, ne sachant plus quoi faire. Il a sa signature sur tous les documents d'acquisition des machines, mais il ne sait pas où sont ces machines. Que voulez-vous qu'il fasse ? Qu'il reste assis là et qu'un scandale lui tombe sur la tête ? Cette affaire l'engage jusqu'au cou. Alors il a pris le devant en démissionnant. Tout simplement. Mais il a pris le soin de laisser une lettre dans laquelle il donne clairement les sentiments qui sont les siens. Il faut que M. Anoh soit plus clair en parlant de la démission de M. Ekpini ".

"Forexi utilisée pour faire du business"
Combien ont-elles donc coûté les machines ? Comme réponse à cette question, notre interlocuteur nous renvoie à la facture d'achat globale des engins, qui porte bel et bien la signature du directeur général de Forexi : " Mais regardez le contrat d'achat des engins ! C'est Forexi qui a signé la facture globale des engins et on dit qu'elle n'a rien négocié. M. Anoh a dit que les engins ont coûté 7,2 milliards. Ce montant ne nous intéresse pas, du moment qu'il n'y a pas encore eu d'audit sur ces achats. On n'a pas vu le chèque. Nous ne pouvons pas, tant que cet audit n'a pas été fait, dire qu'il y a eu détournement ou non. Nous, nous disons qu'il y a eu détournement de machines. Et ça, c'est très clair. ".

Plainte "pour détournement de machines"
Et c'est pour cette raison que de source très informée et confirmée par lui, Forexi a saisi la justice pour que la lumière soit faite sur ce qui s'est réellement passé. Car pour les responsables de Forexi, le Comité de gestion a utilisé Forexi pour faire du business avec des sociétés privées qui n'ont rien à voir avec la filière café-cacao. Une information que reconnait notre interlocuteur. " Forexi ne pouvait pas rester les bras croisés devant ce qui se passe. Et si demain, il y a un couac dans les contrats qui ont été signés, qui sera convoqué par la justice ? C'est bien Forexi. Le juge dira, c'est vous qui avez signé les contrats d'achats des machines, tous les papiers de ces engins portent la signature des responsables de Forexi. Pourquoi vous dites que ce n'est pas vous qui les avez utilisés et que vous ne savez pas où ils se trouvent ? Comment pouvez-vous dire que vous ne savez pas ce que ces machines ont coûté, ce qu'a coûté leur dédouanement alors que votre signature se trouve sur les documents ? Comment pouvez-vous dire que Forexi est en faillite alors qu'elle possède un patrimoine de plus de 7 milliards, puisque ces engins ont coûté 7 milliards ? C'est pour éviter ce qui ce profile à l'horizon que Forexi a saisi la justice, par principe de précaution. Pour que justice soit faite et qu'on sache ce que chacun a fait. Donc, Forexi a demandé à la justice de lui transférer légalement les machines après avoir fait l'audit de leur acquisition parce que le Comité de gestion a l'obligation de remettre les autres factures à Forexi. Forexi a demandé aussi l'audit de l'utilisation des engins parce que les ristournes générés par leur utilisation doivent revenir à Forexi. Or, rien n'a jusque-là été versé à Forexi. C'est pour toutes ces raisons que la plainte a été portée".

"Forexi n'a jamais vu la couleur des machines qu'elle a achetées"
Pour lui, le prétexte avancé par le président du Comité de gestion pour justifier le retrait des machines à Forexi ne tient pas la route. Il pense même qu'elle est absurde. " Forexi n'a jamais vu la couleur des machines. Forexi n'a que les papiers des machines. Les machines ont été achetées pour Forexi afin de la relever en diversifiant ses activités. Mais c'est au moment de lui remettre ces machines que M. Anoh a prétexté que Forexi n'avait pas une bonne santé financière. Alors que c'est justement pour améliorer cette santé financière que les machines ont été achetées ! Comment peut-on comprendre cela ? Tous les documents des engins portent le nom de Forexi, y compris les documents de dédouanement. Mais Forexi ne sait même pas où se trouvent les machines, elle ne connait pas le contenu des contrats qui lient le Comité de gestion aux entreprises privées qui utilisent les machines de Forexi. ". Mais dans son interview, M. Anoh a dit que des tiers auraient saisi les engins s'ils avaient été confiés à Forexi. Argument " léger ", affirme t-il : " Le problème des machines est sur la place publique. Et tous les documents prouvent que les machines appartiennent à Forexi. Le problème ne reste-il pas entier ? Il n'a donc rien réglé en retirant les machines à Forexi. Si vous êtes créancier de Forexi et que vous savez aujourd'hui que les machines appartiennent à Forexi, vous n'allez pas réagir ? ".
"Une facture interceptée par le Comité de gestion"
Il y a une société de transit, elle s'appelle " Safmarine ". Cette société a récemment appelé Forexi pour lui dire qu'elle reste lui devoir la somme de 2 millions trois cent trente six mille quatre cent Cfa (2.336.400) liée à l'achat des engins (voir fac similé). Les responsables lui ont demandé d'envoyer la facture pour vérification. Elle a dit que la facture était déjà avec Forexi. Après vérification, on s'est rendu compte que la facture avait été interceptée par le Comité de gestion. Voilà l'une des raisons pour laquelle Forexi a porté plainte. Et cette facture est datée du 8 août 2009. On ne peut pas utiliser une société pour faire du business avec des opérateurs privés qui n'ont rien à voir avec la filière café-cacao. Le Comité n'a pas de compte au FMIR contrairement à ce qu'affirme M. Anoh. Le compte du FMIR est géré par les deux ministères de tutelle (Agriculture et Economie). Le Comité ne siège pas au FMIR. M. Anoh n'a aucune signature au FMIR. Il exprime des besoins, les ministres apprécient que cela rentre dans le cadre des activités de la filière et donnent des instructions pour le décaissement. C'est ainsi que le Comité a exprimé le besoin de doter Forexi des engins. C'est sur cette base que l'argent a été décaissé et c'est pour cette raison que Forexi a son nom sur tous les documents d'achat des engins y compris tous les connaissements et toutes les déclarations à la douane. Ils ont pris l'argent, ont réglé les factures, les machines sont arrivées et Forexi n'a rien vu. Comment appelle-t-on cela ? C'est de l'abus de bien sociaux. Et dans le même temps, ils donnent 1,5 milliard à Sifca-Coop et 2,5 milliards à Coco service, pendant qu'ils laissent mourir Forexi qui possède un patrimoine de 7,2 milliards et qui se trouve dans des mains de sociétés privées". Enfin, sur la nomination du nouveau Dg de Forexi, il fait une révélation de taille : " Quand M. Ekpini a démissionné, le conseil d'administration a nommé Mme Kipré Daisy comme intérimaire mais lorsqu'il s'est agi de la confirmer, la 2ème vice-présidente du Comité de gestion a signifié au Pca de Forexi que M. Anoh récusait Mme Kipré Daisy. C'était contre les textes mais le conseil a obtempéré. Pendant plus d'un mois, Forexi est resté esans Dg et c'est seulement le vendredi 26 Février dernier que le Comité a fait venir M. Ady Kouamé pour l'imposer au conseil qui n'a fait qu'entériner. M. Anoh ne peut donc pas dire que c'est le conseil qui nomme le Dg puisqu'il a récusé celle que le conseil avait choisie. ". Voilà qui apporte un autre éclairage sur cette affaire qui n'a pas fini de livrer ses secrets. Il ne reste plus qu'à espérer que la justice ivoirienne, qui a été saisie, apporte des réponses pour lever tous les doutes.
ASSALE TIEMOKO




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