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Politique Publié le vendredi 5 mars 2010 | L’expression

Sur l’échiquier - Arrêter de danser ou périr…

C’est désormais une image ordinaire et triste de la ville d’Abidjan. Les populations d’Angré, Abobo, Williamsville, Youpougon etc. formant de longues files d’attente tôt le matin, avec des seaux, des bidons, des bassines en main, pour avoir quelques gouttes d’eau, pourtant source de vie ! Des centaines, des milliers par quartier se déversent dans les rues pour trouver un peu d’eau qui pour se laver, qui pour faire la cuisine pour la maisonnée, qui pour aller aux toilettes. Imaginez le calvaire, la détresse de ces personnes qui attendent le précieux liquide. Pensez aux conditions d’hygiène déplorables dans ces foyers. A la maladie et à la mort qui rôdent à leurs portes. Voici ce à quoi est réduit le pays d’Houphouët-Boigny. Ce pays qui faisait naguère la fierté des Ivoiriens et de la communauté internationale. Ce pays qui avait fait siens les plans quinquennaux et qui est réduit aujourd’hui, après une gestion chaotique, à régler ses problèmes à la petite semaine. Voici l’image de la Côte d’Ivoire des refondateurs et des houphouetistes, décadente, défigurée, pauvre, incapable de satisfaire aux besoins fondamentaux de l’homme. On nous dira comme excuse, « on est en crise »…D’ailleurs depuis plus de deux semaines, il n’y a pas de gouvernement ! On peut alors s’interroger : pour qui travaillent tous ces politicards si ce n’est pour eux-mêmes et leur descendance ? Pour des questions politiques comme la Cei ou le bombardement de la flotte aérienne ivoirienne, les partis politiques ont appelé volontiers leurs militants à descendre dans la rue. Ces derniers n’attendraient peut-être pas un mot d’ordre de marche ou de sit-in pour envahir les rues. Tous, nous critiquons cette situation dans nos salons, sans réagir, espérant que l’autre fera le sale boulot à notre place. Qu’il dénoncera cette misère à notre place ! Qu’il se fera tirer dessus à notre place par les milices du pouvoir pour avoir osé ou agi. Les Ivoiriens doivent se réveiller car en face, il n’y a personne pour prendre en charge ce dossier, le destin du pays.
L’urgence pour le nouveau gouvernement enfin complet, ce devrait être la mise en place illico presto d’un Comité de crise sur le délestage et l’approvisionnement en eau potable de la ville d’Abidjan et partant de tout le pays. Aux grands maux, les grands moyens. Le leader, c’est d’abord la gestion des priorités, le travail et les résultats. C’est aussi diriger, organiser, planifier, exécuter, contrôler. Il ne sert à rien de vouloir faire un Cinquantenaire à coups de milliards quand le pays s’enfonce chaque jour dans la misère ; quand les populations n’ont pas d’eau à boire, l’électricité pour alimenter leurs unités de production. A quoi ça servirait de faire des chorégraphies pompeuses, budgétivores qui vont plutôt enrichir les initiateurs que le peuple ? Les 20 milliards Fcfa officiels et les 50 milliards Fcfa (après les commissions des Messieurs 10%) du budget alloué à cet anniversaire de l’indépendance, doivent servir plutôt à construire des ouvrages de développement dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’environnement. Les parades, les actions de prestige, la distraction doivent être proscrites en ces temps « Gbagbo » où trouver de l’emploi ou à manger relève du miracle pour des jeunes Bac+4. Donnez les 20 milliards aux jeunes sans emplois qui sortent de nos universités, encadrez-les dans le cadre de projets viables, ils feront jaillir de l’eau des terres arides ivoiriennes. Il faut arrêter de s’amuser et de danser.
Assoumane Bamba
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