La Commission nationale des droits de l’homme de Côte d’Ivoire ((CNDHCI) est sortie de son mutisme depuis les évènements douloureux qu’a vécus le pays récemment. Hier, à son siège de Cocody, sa présidente, Mme Victorine Wodié était face à la presse pour lire une déclaration. Déclaration dans laquelle tout en condamnant l’opposition qui, selon elle, aurait pu faire l’économie de l’appel à l’insurrection face à la grande fragilité de la situation sociopolitique, s’insurge contre l’intervention du Chef d’Etat major et la répression dont les manifestants ont été victimes. Pour elle, la Côte d’Ivoire n’étant ni en état de siège ni en état d’urgence, l’intrusion de l’armée dans le débat politique ne se justifiait nullement. «Les sévères mises en garde faites par le Chef d’Etat major des armées étaient, en outre, de nature à disposer les agents commis de l’ordre public à une réaction sans commune mesure avec la réalité du terrain», a-t-elle expliqué. Selon elle, même si les manifestants ont privilégié l’usage de la violence, plaçant ainsi leur action hors de champ du bénéfice de la protection des lois, cela n’explique pas l’usage de la violence dont ils ont été victimes de la part des forces de l’ordre. «La réponse apportée par les responsables de l’application des lois a été disproportionnée, notamment à Gagnoa et à Daloa, où en lieu et place des moyens conventionnels de maintien de l’ordre, ils ont recouru à l’usage meurtrier d’armes à feu, entraînant la mort de plusieurs personnes», a-t-elle accusé. Pour faire la lumière sur ces évènements et situer les responsabilités, la présidente de la CNDHCI a plaidé pour une enquête indépendate. Les manifestations de l’opposition qui se sont déroulées du 15 au 17 février ont été réprimées violement par les forces de défenses et de sécurité et se sont soldées par la mort d’au moins 10 manifestants. La plupart des morts, l’ont été par balles réelles.
Thiery Latt
Thiery Latt