14h35, ce jeudi 4 mars 2010. Parti d’Abidjan pour couvrir les obsèques des cinq jeunes décédés à la suite de la manifestation du RHDP à Gagnoa, nous sommes informé sur place du report de ces cérémonies pour une date ultérieure. Selon les parents des victimes que nous avons rencontrés – Ceux-ci ont décidé de se réunir en un collectif – ce report s’explique par la volonté du procureur militaire, le Commissaire du gouvernement Ange Kessi, de faire une autopsie des corps. « Nous avons été informés que le procureur Ange Kessi a décidé de faire venir ici des médecins légistes afin de faire une autopsie des corps pour nécessité d’enquête. Surtout parce qu’il s’agit là des Forces de l’ordre qui sont mises en cause », nous explique M. Coulibaly Piè, père du jeune Coulibaly Zana et président du Collectif des parents des décédés. Sur son visage, pourtant triste, transparaît une lueur d’espoir. Espoir qu’à la suite de ces enquêtes, justice sera rendue. Selon lui, c’est à cette seule condition, que son fils et les autres victimes pourront enfin reposer en paix. Et que Gagnoa pourra retrouver sa quiétude d’antan.
En effet, 14 jours après cette barbarie des hommes en armes sous les ordres de Laurent Gbagbo, la psychose continue toujours de régner dans la cité du Fromager. Les habitants de Gagnoa n’arrivent toujours pas à oublier ce fatidique jour du vendredi 19 février, où la ville s’était transformée en un véritable champ de guerre, avec des éléments des Forces de l’ordre qui ont osé user d’armes à feu pour disperser la manifestation de protestation du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Une manifestation se situant dans le cadre d’un mouvement éclaté sur toute l’étendue du territoire national, en vue de dénoncer les mesures impopulaires de dissolution de la CEI et du gouvernement qui avaient été prises par le chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Et contrairement aux autres villes de la Côte d’Ivoire, à Gagnoa, ville d’où est originaire le chef de l’Etat, ce fut un carnage. Une véritable boucherie qui s’est soldée par la mort de cinq jeunes et plus d’une cinquantaine de blessés, dont 17 par balles.
La psychose généralisée
Tous les morts, froidement arrachés à leurs parents et amis, dans la fleur de l’âge. Coulibaly Zana (18 ans), Koné Nahoua (27 ans), Brou Anockou Christian (15 ans), Koné Madou (25 ans) et Diomandé Mamadou (18 ans) s’attendaient certainement à tout ce jour-là, sauf à la mort. Mais leurs bourreaux en ont décidé autrement, malheureusement.
Et depuis, partout à Gagnoa, on n’arrive toujours pas à effacer cette hantise des esprits. On s’explique difficilement les véritables raisons qui ont poussé les hommes du Général Philippe Mangou à ouvrir le feu sur des manifestants à mains nues. Mais en attendant la suite des enquêtes, c’est toujours la psychose au sein de la population. Au quartier Dioulabougou, où tous les cinq jeunes ont été tués, les habitants sont encore sous le choc. Surtout quand ils voient et revoient encore les profonds impacts de balles laissés sur leurs habitations, véhicules et autres. Des traces encore bien visibles, que les populations ne manquent pas de présenter à tout nouveau venu. C’est ainsi que quand nous sommes arrivés dans le quartier, hommes, femmes, jeunes et vieillards, tous nous invitaient à venir constater des impacts par-ci ou par-là. Et c’est dans ce brouhaha de « visite d’impacts » qu’un enfant, six à sept ans peut-être, nous interpelle pendant que nous lui donnions dos. « Tonton ! Tonton ! Viens voir, il y en a ici ». Curieux, nous suivons le gamin jusqu’à devant la concession de son père. Et c’est là qu’il nous présente le bout du toit, grandement perforé par des rafales tirées par des éléments des FDS en furie. Cette action du jeune Ibrahim nous démontre à quel point les habitants de Gagnoa et notamment ceux de Dioulabougou, sont encore terrifiés par ce qui est arrivé. Et dans cette veine, plusieurs parents nous apprennent que leurs enfants, principalement les plus petits, peinent à trouver le sommeil depuis les évènements du vendredi 19 février. Et ces parents ont peur que cette situation ne soit à l’origine d’un quelconque dommage mental pour leurs enfants.
Diawara Samou (Envoyé spécial)
En effet, 14 jours après cette barbarie des hommes en armes sous les ordres de Laurent Gbagbo, la psychose continue toujours de régner dans la cité du Fromager. Les habitants de Gagnoa n’arrivent toujours pas à oublier ce fatidique jour du vendredi 19 février, où la ville s’était transformée en un véritable champ de guerre, avec des éléments des Forces de l’ordre qui ont osé user d’armes à feu pour disperser la manifestation de protestation du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Une manifestation se situant dans le cadre d’un mouvement éclaté sur toute l’étendue du territoire national, en vue de dénoncer les mesures impopulaires de dissolution de la CEI et du gouvernement qui avaient été prises par le chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Et contrairement aux autres villes de la Côte d’Ivoire, à Gagnoa, ville d’où est originaire le chef de l’Etat, ce fut un carnage. Une véritable boucherie qui s’est soldée par la mort de cinq jeunes et plus d’une cinquantaine de blessés, dont 17 par balles.
La psychose généralisée
Tous les morts, froidement arrachés à leurs parents et amis, dans la fleur de l’âge. Coulibaly Zana (18 ans), Koné Nahoua (27 ans), Brou Anockou Christian (15 ans), Koné Madou (25 ans) et Diomandé Mamadou (18 ans) s’attendaient certainement à tout ce jour-là, sauf à la mort. Mais leurs bourreaux en ont décidé autrement, malheureusement.
Et depuis, partout à Gagnoa, on n’arrive toujours pas à effacer cette hantise des esprits. On s’explique difficilement les véritables raisons qui ont poussé les hommes du Général Philippe Mangou à ouvrir le feu sur des manifestants à mains nues. Mais en attendant la suite des enquêtes, c’est toujours la psychose au sein de la population. Au quartier Dioulabougou, où tous les cinq jeunes ont été tués, les habitants sont encore sous le choc. Surtout quand ils voient et revoient encore les profonds impacts de balles laissés sur leurs habitations, véhicules et autres. Des traces encore bien visibles, que les populations ne manquent pas de présenter à tout nouveau venu. C’est ainsi que quand nous sommes arrivés dans le quartier, hommes, femmes, jeunes et vieillards, tous nous invitaient à venir constater des impacts par-ci ou par-là. Et c’est dans ce brouhaha de « visite d’impacts » qu’un enfant, six à sept ans peut-être, nous interpelle pendant que nous lui donnions dos. « Tonton ! Tonton ! Viens voir, il y en a ici ». Curieux, nous suivons le gamin jusqu’à devant la concession de son père. Et c’est là qu’il nous présente le bout du toit, grandement perforé par des rafales tirées par des éléments des FDS en furie. Cette action du jeune Ibrahim nous démontre à quel point les habitants de Gagnoa et notamment ceux de Dioulabougou, sont encore terrifiés par ce qui est arrivé. Et dans cette veine, plusieurs parents nous apprennent que leurs enfants, principalement les plus petits, peinent à trouver le sommeil depuis les évènements du vendredi 19 février. Et ces parents ont peur que cette situation ne soit à l’origine d’un quelconque dommage mental pour leurs enfants.
Diawara Samou (Envoyé spécial)