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Politique Publié le lundi 8 mars 2010 | Le Nouveau Réveil

Monseigneur Antoine Koné (évêque du diocèse d`Odienné) : “Nous sommes au coeur d’une situation de misère, d’esclavage imposée par les bourreaux au coeur de pierre”

Excellence Monseigneur Ignace Bessi Dogbo, Evêque du diocèse frère de Katiola, Excellence Monseigneur Jean-Marie Kélétigui, Evêque émérite de Katiola et Cher Père, Général de division Gaston Ouassenan Koné et Madame,
Révérends Pères, Révérendes Sœurs,
Eminentes personnalités religieuses, politiques, administratives, militaires, para-militaires et coutumières.
Chers frères et sœurs dans le Christ,
" J'ai vu, oui, j'ai vu, dit le Seigneur, la misère de mon peuple qui est en Egypte, et j'ai entendu ses cris sous les coups des chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances" (Ex 3, 7)
Mais avant de revenir à cette vision propre à Dieu, bénissons Celui dont le Fils " nous fait passer des ténèbres à son admirable lumière ".
" Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous bénit par toutes sortes de bénédictions spirituelles, dans le Christ. "
Oui, qu'il soit béni le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ dont l'amour débordant et fidèle se déploie sans cesse en puissance en faveur de ceux et celles qui savent se fier à sa Parole et se confier à sa Providence. Cette Providence à heure actuelle de la vie de notre pays nous bénit particulièrement dans cet avertissement mis sur les lèvres de saint Paul : " Que celui qui se croit solide, qu'il fasse attention à ne pas tomber" (1 Cor 1 0, 12)
Oui, qu'il soit béni, le Dieu et Père de Jésus Christ au dessein éternel de salut qui, pour nous communiquer sa vie intime en Trinité, nous a convoqués ce matin, de nos villes et nos villages, pour nous constituer en un unique peuple, une vraie famille dans cette Eglise de pierre, élevée à la gloire de Dieu en plein cœur de la cité du canari, cité naguère si altière et belle. Mais au vu de son aspect, aujourd'hui, elle est "en perte de son charme à l'instar de toute la cité Eburnéenne, rendue méconnaissable par des hommes, des femmes qui disent faire de la politique, quand ils étouffent, intoxiquent, affament et assoiffent jusqu'à la mort des administrés fatigués des paroles et des volte-face, somme toute prévisibles au regard de l'amour porté au peuple. Le manque de civisme n'est pas d'abord chez les petits qui sont dans l'erreur parce que souvent beaucoup ignorent! Et ne devrait pas s'appliquer à tous, l'adage qui dit que nul n'est censé ignorer la loi. En effet, quand et comment leur a-t-on appris la loi?
Toujours et encore: Dieu nous bénit, et c'est pourquoi nous voulons lui rendre grâce pour la confiance qu'il me fait en l'Esprit Saint de conduire la portion de son peuple et sa famille qui est à Odienné. Qui étais-je et qui suis-je? Sans doute un avorton d'apôtre qui se sent pourtant investi de la mission de dire la vérité de l'amour de Dieu pour chaque homme et pour, surtout dans un pays où les démons de l'ethnicisme et du régionalisme hantent les murs de nos clôtures citadines.
Béni soit Dieu qui me donne de pouvoir me tenir devant lui pour le servir en sa présence, avec les faiblesses humaines qui sont les miennes qui n'ont pas empêché Dieu d'opérer son choix malgré les vues humaines qui sont apparues dans le secret des appréciations qui connaissent leur nom, et qui apparaissent maintenant au grand jour.
Dieu soit béni qui nous fait confiance pour dire son amour pour tout homme et tous les hommes où qu'ils se trouvent et quels qu'ils soient. La loi du talion est révolue pour les chrétiens. "Aimez vos ennemis" avait ordonné le Christ. Devant ton choix, je me suis maintes fois redit "Seigneur, je ne sais pas parler" et aussitôt le Psaume me revient en méditation pour que je me rassure en ton Esprit: " Tu m'as fait un corps et un esprit alors je veux faire ta volonté, puisque tu m'as appelé pour cela" (cf. Ps 39).
Cependant, voici que vient me distraire le murmure des bien-pensants qui voudraient me faire taire ta vérité que d'aucuns pensent qu'il y a un temps favorable pour la dire sans gêner personne. Alors Seigneur, le prophétisme aurait-il quitté nos lieux et le pays pour ne nous faire ânonner ou parler comme derrière une tenture qui masque notre identité de pasteurs ? Des prêtres ont peur de se faire interdire de prédication. Mais combien sont-ils encore, en dehors du "petit reste ", des "pauvres de Yahvé" qui, dans les hautes sphères, croient toujours aux discours homilétiques des pasteurs de notre Eglise-Famille de Dieu dans notre Eburnie ?
Dieu merci que notre Conférence Episcopale vient nous réveiller de belle manière par rapport à ce que nous vivons dans le pays. Je souhaite que ce message des Evêques en date du 24/02/2010 adressé à la Nation soit attentivement relu.
Mais quel est notre pays? Je le répète aujourd'hui, le disque ne saurait être rayé que je remets au goût du jour, quand de plus belle l'injustice devient une force à main armée, menaçant paradoxalement ceux pour qui l'on existe! Devant certains propos, la réflexion et le courage doivent se donner rendez-vous avec la vérité, en Eburnie pour se donner la main afin de construire d'abord la paix, la consolider ensuite et l'épanouir enfin, au profit de tous. Mais au contraire, que voyons-nous ?
Un pays où des politiciens qui pourraient se qualifier s'ils avaient la conscience droite, font main sur toutes les richesses du pays au détriment des masses paysannes qui ne peuvent profiter du fruit de leur labeur et du petit peuple condamné à vivre à la périphérie, en amas, dans des bidonvilles à risque où des mères sont en pleurs, où des enfants ont faim ou sont malnutris, où des jeunes diplômés, formés à coûts de milliards, assis derrière leur cabine de téléphonie cellulaire, seuls débouchés à ce jour, s'interrogent sur l'avenir et se demandent à quand la fin de l'enfer pour eux, à moins de s'accommoder d'une situation qui ankylose les énergies d'initiatives!
Les plus chanceux parmi eux, à l'excellence des résultats scolaires reconnus, sont sans doute ceux qui trouvent refuge à la police et à la gendarmerie ou dans d'autres corps similaires au moyen de la somme d'argent requise pour l'admission, ou munis d'une lettre de recommandation de la part d'un parrain influent. Tout le monde le sait. Il faut le rappeler pour que la démocratie se réalise et qu'entre les hommes, les mérites soient récompensés, dès cette terre!
C'est donc au cœur d'une situation généralisée de misère de corruption et d'esclavage au dard de mort, à nous imposée par des bourreaux d'un type nouveau, des bourreaux au cœur de pierre, au visage endurci par la méchanceté, que la parole de Dieu venant du ciel nous rejoint et nous enjoint sur fond d'avertissement. Béni soit Dieu qui nous avertit ainsi, parce qu'il nous aime, malgré nos cœurs endurcis. Le Christ dit, en effet:
" Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous "

En effet, un jour, des gens témoins du massacre orchestré par Pilate sur des pauvres Galiléens offrant régulièrement un culte à leur divinité, accourent vers Jésus pour prendre sans doute son avis sur ce crime et pour se conforter dans l'idée et leur croyance selon laquelle toutes ces victimes ne pouvaient qu'être sous le coup d'un châtiment, d'une malédiction-punition d'un péché. Oui, il ne pouvait en être autrement. Ainsi toute situation désastreuse, en Israël, pense-t-on, est imputable au pêché soit personnel soit ancestral. C'est le lieu ici de rappeler l'épisode de la guérison de l'aveugle-né en Jean 9,1-40.
En effet, les disciples s'étaient interrogés sur l'état de ce non-voyant en ces termes:
"Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle? "

La réponse de Jésus est sans ambages: " ni lui, ni ses parents n'ont péché mais c'est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu" (Jn 9,3).
Une telle réponse rejoint bien celle de ce jour donnée à ceux venus rapporter à Jésus l'affaire des Galiléens exterminés lâchement par un Pilate enivré par son pouvoir au point où plus tard, lors de la passion de Jésus, il ira jusqu'à lui dire: "Tu ne me parles pas? Ne sais­tu pas que j'ai le pouvoir de te relâcher et que j'ai le pouvoir de te crucifier? " Alors Jésus lui répondit: " Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi si cela ne t'avait été donné d'en haut ... ". Il est vrai, tout pouvoir vient du ciel pour le service de la vie! Les connaisseurs de la Bible le savent pertinemment!
Oui, à ceux qui étaient venus l'informer sur la tragique mort des Galiléens sacrifiant à leur dieu, Jésus répond de la façon la plus inattendue:
" Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pêcheurs que tout les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort? Eh bien non, je vous le dis; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux ".
Puis poursuivant sa prédication, Jésus ajoute:
" Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu'elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem? Et bien non, je vous le dis: et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ".
Personne dans les deux cas n'a voulu la mort, même si dans le premier, les victimes puissent être considérées comme des rebelles. Voilà! Le mot qui ne fait pas plaisir, parce que dans sa réalité, il agace de part et d'autre, ce mot rebelle, est sorti qui ne devrait pas l'être de ma bouche car mon prédécesseur à Odienné Monseigneur Salomon LEZOUTIE dit Nabila Souleymane l'était par prophétisme et moi de naissance, dit-on du côté des historiens ethnographes. Et l'Evangile de poursuivre:
Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière.

Les démons de la division et de l'exclusion sont en train de revenir dans nos entourages. Et je dois parler, malgré tout! Que nos dirigeants nous évitent de revenir à la case départ: nos dirigeants, ce sont les hommes et les femmes politiciens et politiciennes; ce sont encore nos responsables de la société civile; nos dirigeants, ce sont aussi nous, les prêtres, les religieux, les religieuses, nous les évêques. Oui évêques et prêtres!
Et je me dis, à l'heure de l'intégration africaine et de l'Eglise-Famille de Dieu, que le cheval de bataille de la nationalité ou de la légitimité ne saurait être enfourché avantageusement par des hommes d'Eglise au moment où nous devons penser et agir en pasteurs, au-dessus de la mêlée pour faire entendre raison à tous, de quelque bord politique qu'on soit. Je me dis, en effet, que l'Eglise a une seule ambition: faire régner la paix entre les hommes, et une seule cause à défendre: la dignité de la personne humaine parce que comme l'a dit le grand Jean-Paul II : " l'homme est la route de l'Eglise" : notre arme est celle de l'amour, dirait sainte Thérèse, de la prédication de l'amour et de la fraternité des Ivoiriens entre eux, et entre les Ivoiriens et les autres nationalités. L'Evangile ne comprend rien à la chose politicienne, mais elle est au principe de la politique.
Que ceux qui ont des oreilles écoutent ce que l'Esprit dit aux Eglises!
Mes frères, mes sœurs, pour nous, dit le Christ, la conversion s'impose; elle s'avère obligatoire si nous voulons vivre ou survivre. Elle s'impose surtout pour nous habitants de ce pays qui nous sommes bien fourvoyés ces dernières années. Aussi la crise aigue dans laquelle nous sommes enlisés profondément et qui a déjà enlevé la vie à tant d'innocents, n'est-elle pas la conséquence des choix hasardeux dans lesquels l'on a engagé gravement la quasi­totalité du peuple. " Ce peuple m'honore des lèvres et son cœur est loin de moi. Chrétiens de toutes confessions, croyants de toute religion, avons-nous entendu, nous qui vivons la situation ivoirienne? Nous prions beaucoup depuis plus d'une douzaine d'années, mais pour quelle cause et pour quels résultats, même si Dieu prend sur lui de nous exaucer quand et comme il veut!
Oui, ne faudrait-il pas avoir le courage de s'interroger: ne paierions-nous pas pour notre arrogance et notre orgueil à penser que nous sommes le nombril de la terre ou le centre du monde?
Béni soit Dieu pour le nouveau Paradis qui serait la Côte d'Ivoire. Mais nous savons ce qui est arrivé à Adam et à Eve au premier Paradis, à cause de leur insoumission à la volonté de Dieu! Béni soit Dieu qui nous a donné d'habiter cette terre féconde et productrice. Mais soyons assez humbles pour reconnaître qu'après le don de Dieu, d'aucuns l'ont rendue prospère avec nous et pour un commun profit à tous. Nous devons encore insister, en pasteur, pour le bien de la Côte d'Ivoire elle-même et pour tous ceux et celles qui y habitent. Car on sent resurgir les vieux démons de l'identification exc1usiviste par les patronymes et les régions. Dieu nous garde de nous laisser encore tromper par l'irréflexion et l'ignorence voire par l'imbécilité politicienne d'un égoïsme princier qui nous habite tous!
Non, ce n'est pas la Côte d'Ivoire qui a fait les autres pays; mais ce sont les ressortissants des autres pays qui ont investi sur cette terre généreuse de la Côte d'Ivoire, faisant de notre pays un pays essentiel dans la sous région. Nous le savons tous; et nous devons nous le dire pour nous convertir à l'intégration africaine qui demande que chacun se lève pour rencontrer l'autre.
La conversion dont nous parle l'Eglise en ce temps de Carême, c'est cela aussi en ces jours où nous connaissons l'adversité d'une situation politico-sociale difficile et dont nous devons tout faire pour sortir, avec l'aide de Dieu agissant par les autres pays, quoique nous disons et faisons!
Oui, nous avons vite fait de prétexter que notre pays est si béni par Dieu que nous pouvons continuer à faire du tort à tous, allant jusqu'à faire de certaines émissions-télé, dans un passé récent, une foire à injures, et tout cela sans être nullement inquiétés; puisque pensons-nous, Dieu a dressé au -dessus de nos têtes une sorte de paratonnerre spirituel pour nous protéger contre toutes sortes de menace. Mais erreur de gawa, dit le Christ:
" Si vous ne vous convertissez pas, si vous ne changez pas de mentalité ou d'agir, vous périrez tous de la même manière que ces Galiléens sous les décombres de la tour de Siloé de votre orgueil et ingratitude chronique"
Oui, il a suffi que nous sémions la graine de la haine et dans les cœurs et dans les esprits pour que nos idées machiavéliques ou nos sinistres desseins voient leur réalisation sans que nous n'ayons plus à agir.
Oui, une population instrumentalisée, manipulable et manipulée au moyen de médias aux ordres, des médias hyper-caporalisés ou fortement pris en otage, abonnés au mensonge, à la désinformation et à l'intoxication dans tous nos Etats sous développés où ce qui vient de la télévision ou de la radio est plus que parole d'Evangile, surtout quand il faut défendre un pain qui ne vient pas forcément du mérite et que donne le " père terrestre ". Il est vrai que dans la prière du Notre Père, nous ne méritons nullement le pain que nous demandons, n'eût été la miséricorde du Seigneur! Nous devons être conscients de la démesure de certains propos qui inquiètent et démobilisent, même quand c'est sous forme ou à titre de stratégie!
Oui, une population nourrie et enivrée aux mamelles du mensonge et de l'hypocrisie, savamment distillés par des hommes et des femmes enrôlés pour mettre la paix toujours en péril avec des propos empreints de haine, des propos affinés dans des laboratoires mortifères dont les gardiens, en même temps qu'ils tiennent la parole de bénédiction et se répandent en citations bibliques, couvent le mensonge et le crime. Nous avons le devoir de rappeler une certaine déontologie du respect de la personne humaine, bafouée dans le traitement infligé à des humains fussent-ils des prévenus ou même des voleurs présumés. Certaines images à la télévision n'honorent pas la Côte d'Ivoire, "pays de 1 'hospitalité" !
Oui, la Côte d'Ivoire, un pays où tout le monde bénit tout le monde, (Que Dieu vous bénisse ou Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire) est pourtant paradoxalement le pays où les comportements riment avec l'exclusion et la catégorisation des citoyens en Ivoiriens de souche multiséculaire et en Ivoiriens de circonstance. Dame Histoire sourit!
Le groupe zouglou "Espoir 2000" exprime de fort belle manière ce ressentiment démoniaque caché ou explicite de nombre de nos frères et sœurs. Oui, crie-t-il à la face du monde: "xénophobie, xénophobe, ségrégation, tout ça c'est distraction. Côte d'Ivoire, pays hospitalier, 26% de voisins, on nous parle de xénophobie, distraction pour des raisons politiques. Même si vous n'avez pas honte, au moins ayez pitié. On nous a dit à l'école que le xénophobe c'est celui qui n'aime pas l'étranger. Mais je me demande souvent dans des cas bizarres où l'étranger ne t'aime pas, comment peux-tu l'appeler? Je te reçois chez moi, tu as matelas pour dormir. Pour arranger ton sommeil, c'est ma femme, tu veux, étranger nouveau modèle. Tu lui tends la main, il veut prendre tout ton bras. La Côte d'Ivoire est un pays multi ethnique et non multinational.
Pour moi, la xénophobie c'est quand un Ivoirien ne peut pas faire le commerce dans son propre pays tout simplement parce qu'il n'est pas étranger .Chaque pays a ses lois, on doit les respecter. A chacun sa constitution.
Dans certains pays, on te demande la lune, alors que pour être ivoirien, on te demande tes origines. On a toujours vécu avec nos voisins, tellement vécu qu'on est devenu des frères. Déjà trop de problèmes, pitié, ne venez pas nous diviser. Politiki kôson i tagarra fô ita môgo wou gnanan kô né kèla ita djougou yé .
Quelle aberration! Et quelle folie!
Oui, tout porte à croire que nos malheurs et nos échecs individuels et collectifs ne sont point de notre fait mais sont plutôt à mettre au compte de nos frères et sœurs venus d'ailleurs qui, pourtant, ont toujours participé activement au succès de ce pays dont nous sommes tous si fiers.
Oui, des boucs émissaires inventés ici et là pour voiler nos carences ou pour justifier nos incompétences. Pouvons-nous encore honnêtement continuer à nous targuer du nom de pays de l'hospitalité légendaire quand des hommes et des femmes de pays frères ont le cœur battant ou le pouls fiévreux lorsqu'il s'agit d'emprunter nos routes. Est-il encore possible d'aller d'un quartier à l'autre de notre capitale économique ou d'effectuer un voyage à l'intérieur du pays sans être pris à partie par la soldatesque dont la vie rime au quotidien avec le racket et la brutalité sauvage?
Oui, des honnêtes gens tournés en dérision, livrés en pâture à l'humiliation à travers des tristissimes médias, au motif qu'ils se sont prévalus de la nationalité ivoirienne.
Aussi leur fait-on porter au cou des pancartes qui nous rappellent le sinistre passé romain en terre juive où le condamné portait au-dessus de la tête un écriteau indiquant la raison de sa condamnation. Et tout cela se passe sous nos yeux sans que nous ne nous en indignions.
Avons-nous subitement oublié notre identité, notre identité telle que nous la chantons dans notre hymne national?
Oui, salut ô terre d'espérance
Pays de 1 'hospitalité
Tes légions remplies de vaillance
Ont relevé ta dignité
Tes fils chère Côte D'Ivoire
Fiers artisans de ta grandeur
Tous rassemblés et pour ta gloire
Te bâtiront dans le bonheur
Fiers Ivoiriens le pays nous appelle
Si nous avons dans la paix ramené la liberté Notre devoir sera d'être un modèle
De l'espérance promise à 1 'humanité
En forgeant unis dans la foi nouvelle
La patrie de la vraie fraternité.
Oui, le pays de l'hospitalité, la patrie de la vraie fraternité, mais surtout le pays du métissage à tout point de vue.
Aussi les géants du zouglou, YODE et SIRO, portés par l'Esprit Saint nous le feront redécouvrir dans leur titre à succès "ERICO)}:" de père ou de mère, tu es Ivoirien, trop de frustrations à son égard ERICO est né Abidjan, sa mère est ivoirienne, c'est l'enfant de Kaboré, Kaboré qui est Burkinabé. A trois ans, il a connu le Burkina à cause de la tradition, ERICO KABORE, il a été balafré. Orphelin de père à 8 ans, il doit grandir avec sa mère, ERICO, yako.
Ivoirien de mère, donc il est Ivoirien, pourquoi être frustré, KABORE? Un, deux, trois, mossi-là. A tout bout de champ, Brother-là.
De père ou de mère, tu es ivoirien, trop de frustrations à son égard
Ma mère est Guinéenne, mon père est Malien, d'où moi je viens?
Mon père est Tchadien, ma mère est Béninoise, d'où moi je viens?
De part et d'autre, je suis reconnu, mais pas en tant que tel. Quel est mon pays, le pays du métis. Quand je suis au Gabon, on m'appelle Ghanéen. Quand je suis au Ghana, voici Gabonais, au Burkina, on dit voilà Ivoirien. En Côte d'ivoire, voilà Burkinabé.
Ne regarde pas mon visage pour m'attribuer une nationalité, mon accoutrement pour donner le nom de mon pays "Mes frères, mes sœurs, ce troisième dimanche du temps de carême me donne l'occasion de nous inviter à nous remettre en cause devant cette page de l'évangile qui se veut un avertissement nous invitant à la conversion:
" Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière "
Saurons-nous, frères et sœurs, prendre au sérieux cet appel du Seigneur à un retournement douloureux de nous-mêmes, un renoncement à nos penchants mauvais en acceptant comme le figuier stérile que le Christ-Vigneron bêche autour de nous pour y mettre son fumier de grâce de conversion pour que nous portions enfin des fruits de vie pour le bonheur de ceux de nos frères qui gisent sous l'ombre de la mort? Alors, voulez-vous être des Moïse, briseurs des chaînes de ceux que nous tenons captifs de nos préjugés défavorables, nos jugements hâtifs?
Que Dieu nous soutienne dans cette action pour qu'enfin cette terre redevienne la demeure que Dieu aime et qui aime le frère.
En ce temps de jeûne et de partage, puissions-nous, frères et sœurs, au regard de l'actualité, reconsidérer nos manières de jeûner et de faire pénitence! Méfions-nous des vieux démons sociopolitiques! " C'est la miséricorde que je veux et non les sacrifices" dit le Seigneur!
Le Seigneur soit avec nous, lui qui, éternellement, bénit, nous aime. Père, Fils et Saint Esprit, pour les siècles des siècles.
AMEN !
Monseigneur Antoine KONE Evêque du Diocèse d'Odienné
Homélie proononcé à partir des Textes Bibliques:
Exodes 3, 1-8a.10.13-15; Psaume 102; I Corinthiens 10,1-6.10-12
Luc 13,1-9
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