Informateur.net - Evincé du gouvernement II de Guillaume Soro, suivi de la suppression du ministère de la solidarité et des victimes de guerre dont il a occupé du 28 décembre 2005 au 12 février 2010, André Louis Dacoury Tabley aura passé cinq longues années au gouvernement sans avoir apporté de réponses concrètes aux problèmes des déplacés de guerre. Notre dossier.
Huit ans après les évènements du 19 septembre qui auraient fait, officieusement 8.000 morts, civils et militaires y compris, la gestion des victimes de guerre a été tout simplement occultée au profit des accords politiques, des questions d’élections, et autres. On a géré jusque-là, la politique au détriment de ceux à qui ont a causé d’énormes torts, brisé la vie et rendus vulnérables par la perte de tout. Après la suppression du ministère de la Solidarité et des victimes de guerre, des interrogations se font pressantes. Sur le sort des milliers de victimes de guerre. Des interrogations d’autant plus fondées, qu’en cinq ans passés à la tête du ministère de la Solidarité et des victimes de guerre, le Secrétaire Général adjoint des forces nouvelles n’est pas parvenu à faire grand-chose.
Pourtant, en remplaçant à ce poste, le ministre Koné Messamba, qui était lui militaire de carrière, à un moment où la situation n’était guère meilleure, l’on a pu penser que Dacoury Tabley ferait mieux. Malheureusement, force est de reconnaître, que le dossier des victimes de guerre n’a pas prospéré avec le Secrétaire général adjoint des forces nouvelles qui était encore à chercher des moyens pour son achèvement lorsqu’il a été évincé et son ministère purement et simplement supprimé.
Les projets essentiels n’ont pas prospéré
A priori, ce n’est pas pour incompétence, ou faute d’avoir essayé quelque chose. Car sous le ministre Dacoury Tabley, le projet d’identification des victimes initié par son prédécesseur, Koné Messamba, et qui était resté à sa phase pilote, s’est poursuivie considérablement sans être achevé. Il faut aussi mettre à l’actif du N° 2 des forces nouvelles, une série de séminaires qui ont permis d’une part la définition des concepts de victime de guerre, de déplacé de guerre et d’exilé de guerre. Mais aussi et surtout l’organisation des Etats généraux de la Solidarité et l’institution d’une journée nationale de la solidarité (le 25 août de chaque année) dont on s’interroge sur la pérennité avec la suppression du ministère.
Avec l’aide de partenaires comme le fonds des nations unies pour la population (Unfpa), le ministère de Dacoury édite en 2007, les résultats d’une enquête sur les conditions de vie des personnes déplacées et des familles d’accueil en zone gouvernementale. Cette enquête qui a porté sur 658.340 déplacés internes a démontré que ces personnes sont confrontées à des problèmes de nourriture, de santé, d’éducation pour leurs enfants, bref.., Elles vivent huit ans après la crise dans un dénuement avilissant. Que dire alors des victimes restées dans les zones ex-assiégées.
On peut le dire tout net, passée l’effervescence de la solidarité avec les victimes et déplacés de guerre, les questions telles que la réinsertion, et l’évaluation des préjudices subis pour une éventuelle indemnisation, n’ont pas véritablement trouvé de volonté politique auprès du gouvernement. Et pour preuve, à l’heure du bilan du défunt ministère de la Solidarité et des victimes de guerre on note : Zéro indemnisation, zéro insertion et presque zéro aide au retour des déplacés. La fameuse cellule de Solidarité et action humanitaire (CSAH), mise en place par le Ministre Dacoury pour soulager les victimes dans le besoin au jour le jour n’aura été qu’une goutte d’eau dans la mer.
En vérité l’indemnisation des personnes physiques et morales, ayant subi des dommages matériels ou corporels du fait de la guerre et l’aide au retour des déplacés, prévues par les accords de Marcoussis et remis au goût du jour par ceux de Ouaga, n’auront été que de la poudre aux yeux des victimes qui y ont cru. N’en voulez pas aux victimes d’avoir cru et d’avoir été naïves. Car, elles avaient pour ministre, l’un de leur bourreau, qui plus est, est le N°2 du mouvement rebelle. Critiqué au départ d’être à ce ministère pour réparer le mal que son mouvement a causé à d’innocentes populations, Dacoury Tabley se défendait d’avoir lui-même choisi personnellement ce ministère spécial non pour réparer un tort mais parce qu’il se sentait à l’aise là.
Indemnisation zéro
Sur l’épineuse question de l’indemnisation, le ministre Dacoury Tabley a toujours évoqué, pour se justifier, des « blocages ». A l’en croire, l’ordonnance d’indemnisation est restée dans les tiroirs du cabinet juridique de la présidence de la république. Et de préciser que, « la primature et le gouvernement n’y ont rien pu. » Après une communication en conseil des ministres, toutes les séances de travail prévues à cet effet ont toujours été rejetées aux calendes grecques. Un aveu d’impuissance qui a surpris plus d’un ivoirien, surtout venant de la part de quelqu’un de sa trempe.
Pourtant, au contraire du volet victimes de guerre, qui n’a pas du tout évolué, le ministre Dacoury, s’est montré très attaché au concept de solidarité, pour lequel il trouvait, curieusement, les moyens de célébrer. Cent millions, c’est le montant qu’à coûté la journée nationale de la Solidarité en 2007. Paradoxalement, c’est en 2007 que l’enquête sur les conditions de vie des déplacés de guerre, démontrait que ceux, grâce à qui, il était devenu ministre de la république, manquaient du minimum vital.
A l’analyse, il y avait pas à être surpris, l’échec du ministre Louis André Dacoury sur ces dossiers essentiels de son ministère, est plus révélateur d’un homme démystifié, qu’il ne tient d’un manque de solidarité gouvernement. Cet homme, présenté à tort ou à raison comme un homme de conviction qui ne démord pas en ce qui concerne ses intérêts, se serait révélé au fil du temps à ses camarades des Forces Nouvelles comme un politicien très vindicatif vis-à-vis de ses adversaires.
Pour mémoire, il faut rappeler que Dacoury a assumé de 96 à 99 les fonctions de Secrétaire Général adjoint du Front Populaire Ivoirien, parti de Laurent Gbagbo. Transfuge donc du FPI, avec lequel il a eu mailles à partir en 99, Secrétaire général adjoint des forces nouvelles, sous l’éteignoir depuis quelques années, on s’interroge en même que le sort des victimes de guerre dont il avait la charge, quel sera son avenir. Selon des sources proches de l’ex-rébellion, à défaut d’avoir pu convaincre ses camarades « ex-rebelles » à former un parti politique, l’homme a préféré s’adosser à du costaud, en l’occurrence le rassemblement des républicains (RDR) de l’ex-directeur général Adjoint du FMI, le Docteur Alassane Dramane Ouattara. Son adhésion à ce parti, rapporte t-on, n’est qu’une question d’opportunité.
A l’heure du bilan, si l’on peut affirmer, preuve à l’appui que la moisson a été mince, il est aussi indéniable, que le N° 2 des Forces Nouvelles, aura retenu la leçon, durant ses fonctions de ministre de la république, qu’il est plus facile de détruire que de bâtir.
Jean François Fall
Huit ans après les évènements du 19 septembre qui auraient fait, officieusement 8.000 morts, civils et militaires y compris, la gestion des victimes de guerre a été tout simplement occultée au profit des accords politiques, des questions d’élections, et autres. On a géré jusque-là, la politique au détriment de ceux à qui ont a causé d’énormes torts, brisé la vie et rendus vulnérables par la perte de tout. Après la suppression du ministère de la Solidarité et des victimes de guerre, des interrogations se font pressantes. Sur le sort des milliers de victimes de guerre. Des interrogations d’autant plus fondées, qu’en cinq ans passés à la tête du ministère de la Solidarité et des victimes de guerre, le Secrétaire Général adjoint des forces nouvelles n’est pas parvenu à faire grand-chose.
Pourtant, en remplaçant à ce poste, le ministre Koné Messamba, qui était lui militaire de carrière, à un moment où la situation n’était guère meilleure, l’on a pu penser que Dacoury Tabley ferait mieux. Malheureusement, force est de reconnaître, que le dossier des victimes de guerre n’a pas prospéré avec le Secrétaire général adjoint des forces nouvelles qui était encore à chercher des moyens pour son achèvement lorsqu’il a été évincé et son ministère purement et simplement supprimé.
Les projets essentiels n’ont pas prospéré
A priori, ce n’est pas pour incompétence, ou faute d’avoir essayé quelque chose. Car sous le ministre Dacoury Tabley, le projet d’identification des victimes initié par son prédécesseur, Koné Messamba, et qui était resté à sa phase pilote, s’est poursuivie considérablement sans être achevé. Il faut aussi mettre à l’actif du N° 2 des forces nouvelles, une série de séminaires qui ont permis d’une part la définition des concepts de victime de guerre, de déplacé de guerre et d’exilé de guerre. Mais aussi et surtout l’organisation des Etats généraux de la Solidarité et l’institution d’une journée nationale de la solidarité (le 25 août de chaque année) dont on s’interroge sur la pérennité avec la suppression du ministère.
Avec l’aide de partenaires comme le fonds des nations unies pour la population (Unfpa), le ministère de Dacoury édite en 2007, les résultats d’une enquête sur les conditions de vie des personnes déplacées et des familles d’accueil en zone gouvernementale. Cette enquête qui a porté sur 658.340 déplacés internes a démontré que ces personnes sont confrontées à des problèmes de nourriture, de santé, d’éducation pour leurs enfants, bref.., Elles vivent huit ans après la crise dans un dénuement avilissant. Que dire alors des victimes restées dans les zones ex-assiégées.
On peut le dire tout net, passée l’effervescence de la solidarité avec les victimes et déplacés de guerre, les questions telles que la réinsertion, et l’évaluation des préjudices subis pour une éventuelle indemnisation, n’ont pas véritablement trouvé de volonté politique auprès du gouvernement. Et pour preuve, à l’heure du bilan du défunt ministère de la Solidarité et des victimes de guerre on note : Zéro indemnisation, zéro insertion et presque zéro aide au retour des déplacés. La fameuse cellule de Solidarité et action humanitaire (CSAH), mise en place par le Ministre Dacoury pour soulager les victimes dans le besoin au jour le jour n’aura été qu’une goutte d’eau dans la mer.
En vérité l’indemnisation des personnes physiques et morales, ayant subi des dommages matériels ou corporels du fait de la guerre et l’aide au retour des déplacés, prévues par les accords de Marcoussis et remis au goût du jour par ceux de Ouaga, n’auront été que de la poudre aux yeux des victimes qui y ont cru. N’en voulez pas aux victimes d’avoir cru et d’avoir été naïves. Car, elles avaient pour ministre, l’un de leur bourreau, qui plus est, est le N°2 du mouvement rebelle. Critiqué au départ d’être à ce ministère pour réparer le mal que son mouvement a causé à d’innocentes populations, Dacoury Tabley se défendait d’avoir lui-même choisi personnellement ce ministère spécial non pour réparer un tort mais parce qu’il se sentait à l’aise là.
Indemnisation zéro
Sur l’épineuse question de l’indemnisation, le ministre Dacoury Tabley a toujours évoqué, pour se justifier, des « blocages ». A l’en croire, l’ordonnance d’indemnisation est restée dans les tiroirs du cabinet juridique de la présidence de la république. Et de préciser que, « la primature et le gouvernement n’y ont rien pu. » Après une communication en conseil des ministres, toutes les séances de travail prévues à cet effet ont toujours été rejetées aux calendes grecques. Un aveu d’impuissance qui a surpris plus d’un ivoirien, surtout venant de la part de quelqu’un de sa trempe.
Pourtant, au contraire du volet victimes de guerre, qui n’a pas du tout évolué, le ministre Dacoury, s’est montré très attaché au concept de solidarité, pour lequel il trouvait, curieusement, les moyens de célébrer. Cent millions, c’est le montant qu’à coûté la journée nationale de la Solidarité en 2007. Paradoxalement, c’est en 2007 que l’enquête sur les conditions de vie des déplacés de guerre, démontrait que ceux, grâce à qui, il était devenu ministre de la république, manquaient du minimum vital.
A l’analyse, il y avait pas à être surpris, l’échec du ministre Louis André Dacoury sur ces dossiers essentiels de son ministère, est plus révélateur d’un homme démystifié, qu’il ne tient d’un manque de solidarité gouvernement. Cet homme, présenté à tort ou à raison comme un homme de conviction qui ne démord pas en ce qui concerne ses intérêts, se serait révélé au fil du temps à ses camarades des Forces Nouvelles comme un politicien très vindicatif vis-à-vis de ses adversaires.
Pour mémoire, il faut rappeler que Dacoury a assumé de 96 à 99 les fonctions de Secrétaire Général adjoint du Front Populaire Ivoirien, parti de Laurent Gbagbo. Transfuge donc du FPI, avec lequel il a eu mailles à partir en 99, Secrétaire général adjoint des forces nouvelles, sous l’éteignoir depuis quelques années, on s’interroge en même que le sort des victimes de guerre dont il avait la charge, quel sera son avenir. Selon des sources proches de l’ex-rébellion, à défaut d’avoir pu convaincre ses camarades « ex-rebelles » à former un parti politique, l’homme a préféré s’adosser à du costaud, en l’occurrence le rassemblement des républicains (RDR) de l’ex-directeur général Adjoint du FMI, le Docteur Alassane Dramane Ouattara. Son adhésion à ce parti, rapporte t-on, n’est qu’une question d’opportunité.
A l’heure du bilan, si l’on peut affirmer, preuve à l’appui que la moisson a été mince, il est aussi indéniable, que le N° 2 des Forces Nouvelles, aura retenu la leçon, durant ses fonctions de ministre de la république, qu’il est plus facile de détruire que de bâtir.
Jean François Fall