Depuis le vendredi 05 mars, Maurice Kakou Guikahué, délégué départemental Pdci de Gagnoa, est allé au chevet des victimes de la manifestation du vendredi 19 février à Gagnoa. A la fin de son séjour marathon, nous l`avons rencontré le dimanche 07 mars pour en nous faire le point.
Monsieur le délégué, vous venez de passer 72 heures à Gagnoa. Peut-on connaître les temps forts de votre séjour ?
Comme vous le savez, après les évènements du 19 février, nous avons connu des victimes. Il y a eu 05 morts, 18 blessés et 05 qui avaient été détenus. Nous sommes venu faire le point et soutenir les victimes. Déjà le Rhdp, deux jours après ces tristes évènements, a envoyé une délégation saluer les parents des victimes. Anaky Kobena du Mfa (ndlr, Mouvement des forces d`avenir) est venu aussi ici. Nous, nous sommes venu voir comment faire l`organisation pratique de ces obsèques. Ensuite, nous avons visité les blessés pour constater le degré d`évolution des blessures et nous avons reçu les détenus qui ont été libérés le mardi 2 mars. Nous avons fait le point avec la coordination Rhdp de Gagnoa avec qui nous avons constitué des commissions pour rendre hommage aux defunts. le Rhdp a pris en charge les frais de morgue, des cercueils et du cimetière. Pour le moment, il y a un problème juridique qui se pose avec la main mise du procureur militaire, Anges Kessi, sur les corps car il demande que des autopsies soient pratiquées sur les corps. J`espère que le vendredi 12 mars, on pourra procéder aux inhumations des victimes.
Quel est l`état d`âme des populations que vous avez rencontrées ?
Même en prenant en compte les parents de ceux qui sont décédés, c`est un état d`âme de révolte devant les décisions arbitraires et injustes de Gbagbo. J`assure que si de telles décisions étaient encore prises, les populations sont prêtes à redescendre dans les rues malgré les pertes en vies humaines. Même les blessés ont reconnu que ça a été pour une cause juste. Gbagbo voulait faire d`eux des apatrides. Et ils ont marché pour protester, même si aujourd`hui, il y a de l`amertune. Pour une marche aux mains nues où aucun édifice n`a été détruit à Gagnoa, les marcheurs ne méritent pas un tel sort. Ça a été une véritable boucherie. Cette tuerie n`est pas justifiée.
Quelles sont les dispositions que le Rhdp va prendre pour éviter une telle tragédie ?
On a toujours pris des dispositions. Dans la marche de Gagnoa, c`était des jeunes. A peine ont-ils commencé à se regrouper que les Fds ont chargé avec des gaz lacrymogènes, puis tirer à balles réelles. Vous devez savoir que les partis politiques sont reconnus au plan constitutionnel. Donc, ils ont le droit de manifester et la Constitution dit qu`on informe les autorités. On n`a pas besoin de demander une autorisation. Aussi, dans notre Constitution, la peine de mort a-t-elle été abolie. Donc en Côte d`Ivoire, quel que soit le degré de l`infraction, on ne doit pas donner la mort. Même les criminels, on les passe à la cour d`assises. Et le président du Conseil constitutionnel Paul Yao-N`dré a dit que le peuple a droit à l`insurrection quand les décisions prises par le chef ne sont pas correctes. Rien n`est donc justifié pour qu`il y ait des morts.
Face à cette tragédie et barbarie perpétrées contre vos militants, avez-vous pris des attaches avec des organisations internationales pour ne plus que de tels actes se répètent ?
Effectivement, si le procureur militaire est venu à Gagnoa réclamer des autopsies, c`est parce que nous avons alerté l`Onu, surtout la Division des droits de l`homme et le Rhdp a décidé de porter plainte à la Cour pénale internationale. Gbagbo doit répondre de ses crimes devant les institutions internationales.
Les inhumations auront lieu probablement le vendredi 12 mars, et vos militants semblaient révoltés, car ils ne veulent pas de la présence des Fds à ces obsèques. Votre avis ?
Oui, dans le cadre de la préparation de ces obsèques, nous avons eu à rencontrer les militants. Ils récusent la présence des Fds pour sécuriser cette cérémonie d`hommage aux victimes. Il y aura un cortège à pieds, de l`hôpital au jardin de Dioulabougou où sera dressée la chapelle ardente. Pour sécuriser le parcours, ils sont formels. Pas de corps habillés sinon ils vont en découdre avec eux. Les jeunes sont très révoltés. Et je pense que les autorités ne font rien pour baisser les tensions. Au contraire, le Préfet se contente de rencontrer les communautés. J`estime qu`il faut discuter avec les partis politiques qui ont perdu leurs militants. Aucun mot de compassion de la part du Préfet au Rhdp. Ils sont dans leur logique d`affrontement. Quoiqu`il en soit, nous allons rendre hommage à nos militants devenus des martyrs, ce vendredi 12 mars à partir de 10 heures à Gagnoa.
Entretien réalisé par N`guessan Denis à Gagnoa
Monsieur le délégué, vous venez de passer 72 heures à Gagnoa. Peut-on connaître les temps forts de votre séjour ?
Comme vous le savez, après les évènements du 19 février, nous avons connu des victimes. Il y a eu 05 morts, 18 blessés et 05 qui avaient été détenus. Nous sommes venu faire le point et soutenir les victimes. Déjà le Rhdp, deux jours après ces tristes évènements, a envoyé une délégation saluer les parents des victimes. Anaky Kobena du Mfa (ndlr, Mouvement des forces d`avenir) est venu aussi ici. Nous, nous sommes venu voir comment faire l`organisation pratique de ces obsèques. Ensuite, nous avons visité les blessés pour constater le degré d`évolution des blessures et nous avons reçu les détenus qui ont été libérés le mardi 2 mars. Nous avons fait le point avec la coordination Rhdp de Gagnoa avec qui nous avons constitué des commissions pour rendre hommage aux defunts. le Rhdp a pris en charge les frais de morgue, des cercueils et du cimetière. Pour le moment, il y a un problème juridique qui se pose avec la main mise du procureur militaire, Anges Kessi, sur les corps car il demande que des autopsies soient pratiquées sur les corps. J`espère que le vendredi 12 mars, on pourra procéder aux inhumations des victimes.
Quel est l`état d`âme des populations que vous avez rencontrées ?
Même en prenant en compte les parents de ceux qui sont décédés, c`est un état d`âme de révolte devant les décisions arbitraires et injustes de Gbagbo. J`assure que si de telles décisions étaient encore prises, les populations sont prêtes à redescendre dans les rues malgré les pertes en vies humaines. Même les blessés ont reconnu que ça a été pour une cause juste. Gbagbo voulait faire d`eux des apatrides. Et ils ont marché pour protester, même si aujourd`hui, il y a de l`amertune. Pour une marche aux mains nues où aucun édifice n`a été détruit à Gagnoa, les marcheurs ne méritent pas un tel sort. Ça a été une véritable boucherie. Cette tuerie n`est pas justifiée.
Quelles sont les dispositions que le Rhdp va prendre pour éviter une telle tragédie ?
On a toujours pris des dispositions. Dans la marche de Gagnoa, c`était des jeunes. A peine ont-ils commencé à se regrouper que les Fds ont chargé avec des gaz lacrymogènes, puis tirer à balles réelles. Vous devez savoir que les partis politiques sont reconnus au plan constitutionnel. Donc, ils ont le droit de manifester et la Constitution dit qu`on informe les autorités. On n`a pas besoin de demander une autorisation. Aussi, dans notre Constitution, la peine de mort a-t-elle été abolie. Donc en Côte d`Ivoire, quel que soit le degré de l`infraction, on ne doit pas donner la mort. Même les criminels, on les passe à la cour d`assises. Et le président du Conseil constitutionnel Paul Yao-N`dré a dit que le peuple a droit à l`insurrection quand les décisions prises par le chef ne sont pas correctes. Rien n`est donc justifié pour qu`il y ait des morts.
Face à cette tragédie et barbarie perpétrées contre vos militants, avez-vous pris des attaches avec des organisations internationales pour ne plus que de tels actes se répètent ?
Effectivement, si le procureur militaire est venu à Gagnoa réclamer des autopsies, c`est parce que nous avons alerté l`Onu, surtout la Division des droits de l`homme et le Rhdp a décidé de porter plainte à la Cour pénale internationale. Gbagbo doit répondre de ses crimes devant les institutions internationales.
Les inhumations auront lieu probablement le vendredi 12 mars, et vos militants semblaient révoltés, car ils ne veulent pas de la présence des Fds à ces obsèques. Votre avis ?
Oui, dans le cadre de la préparation de ces obsèques, nous avons eu à rencontrer les militants. Ils récusent la présence des Fds pour sécuriser cette cérémonie d`hommage aux victimes. Il y aura un cortège à pieds, de l`hôpital au jardin de Dioulabougou où sera dressée la chapelle ardente. Pour sécuriser le parcours, ils sont formels. Pas de corps habillés sinon ils vont en découdre avec eux. Les jeunes sont très révoltés. Et je pense que les autorités ne font rien pour baisser les tensions. Au contraire, le Préfet se contente de rencontrer les communautés. J`estime qu`il faut discuter avec les partis politiques qui ont perdu leurs militants. Aucun mot de compassion de la part du Préfet au Rhdp. Ils sont dans leur logique d`affrontement. Quoiqu`il en soit, nous allons rendre hommage à nos militants devenus des martyrs, ce vendredi 12 mars à partir de 10 heures à Gagnoa.
Entretien réalisé par N`guessan Denis à Gagnoa