Assemblée annuelle de la BAD : Kaberuka entretient le mystère

L’opinion ivoirienne avait besoin de savoir si les rumeurs selon lesquelles la Côte d’Ivoire allait perdre l’organisation de l’assemblée annuelle 2010 de la Banque africaine de développement (BAD) étaient fondées. Au sortir de près d’une heure d’entretien avec le président Laurent Gbagbo hier après-midi, au palais présidentiel au Plateau, M. Donald Kaberuka, président de la BAD, n’a pas totalement dissipé les doutes. Refusant de répondre à la question précise de la presse, il s’est contenté de lire la déclaration qu’il avait soigneusement préparée. Et qui montre clairement que quelque chose cloche. “Le chef de l’Etat m’a éclairé sur sa vision de la situation politique, économique et sociale y compris après les récents événements et la formation du nouveau gouvernement. Je pars très enrichi par ces échanges très fructueux. J’ai eu l’occasion également de rencontrer pendant mon séjour les autres partenaires de la Côte d’Ivoire avec qui nous avons partagé nos analyses sur les perspectives politiques, sociales et économiques ainsi que nos moyens d’accompagner la Côte d’Ivoire”, a-t-il fait savoir. Et l’assemblée annuelle 2010 ? “Ma visite m’a aussi permis de faire le point sur l’état des préparatifs de l’assemblée annuelle 2010 de la banque. Je tenais à remercier le chef de l’Etat et les autorités ivoiriennes pour les préparatifs techniques de ces assises qui me paraissent très bien faits”, a-t-il ajouté.

Si donc les préparatifs se déroulent bien comme le dit le président de la Bad, qu’est-ce pourrait bien fonder les rumeurs de délocalisation ? Des gens ont-ils intérêt à ce que la Côte d’Ivoire perde le bénéfice d’un tel événement ? En réalité, les considérations politiques semblent avoir pris le pas sur les questions techniques. Mais pour le ministre d’Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré, ministre du Plan et du Développement, qui a assisté à l’audience aux côtés de son collègue de l’Economie et des Finances, Charles Diby Koffi, pour l’instant, “il n’y a pas de décision contraire”. En attendant que M. Donald Kaberuka rende compte à sa base. “A mon retour à Tunis, je partagerai avec les organes compétents de la banque sur l’ensemble des échanges et concertations”, a-t-il promis. Et si, en définitive, M. Kaberuka était venu s’assurer que les émeutes artificiellement entretenues par quelques personnes ne vont pas se reproduire au moment de la tenue des assises de la BAD ? Sur ce point, il semble avoir été totalement rassuré. “Je pars d’ici avec la confiance totale renouvelée, renforcée en ce qui concerne la volonté des Ivoiriens de faire un sursaut historique pour la paix, la stabilité et le rayonnement économique de la Côte d’Ivoire sur l’échiquier régional et africain. Ce qui permet à nous partenaires de ce beau pays, comme la Banque africaine, de continuer à œuvrer ensemble pour ses objectifs nobles économiques”, a-t-il confessé. Comme quoi, si tout n’est pas encore définitivement perdu, rien gagné non plus à deux mois de la tenue de l’assemblée annuelle de la BAD.

Hier, après le chef de l’Etat, Donald Kaberuka devait rencontrer les responsables de l’opposition politique.

Augustin Kouyo