Face aux derniers développements de la situation sociopolitique de notre pays, nous relevons que nombre d'Ivoiriens, et non des moindres, résignés ou complaisants et condescendants, ont décidé de livrer la Côte-d'Ivoire à l'ancien président de la République pour qu'il en fasse sa propriété privée :
-représentants de la Communauté Internationale,
-autorités religieuses
-autorités traditionnelles
-société civile
-organisations de défense des droits humains…
Tous ont été saisis de frissons et de tremblements parce que l'opposition ivoirienne, qui a tellement reculé qu'elle se retrouve non pas le dos au mur mais au bord du précipice, a décidé de dire non à l'ancien président de la République et de mettre un frein à son penchant et à ses dérives dictatoriales et totalitaires.
Ce fut alors le branle-bas de combat, une agitation frénétique s'étant emparée de ce monde qui découvrait soudain ou faisait mine de s'apercevoir qu'en plus de la refondation, un autre malheur menaçait notre pays : l'explosion politique et sociale aux conséquences imprévisibles.
Ainsi, c'est le seul refus de l'opposition de ne plus continuer à avaler des couleuvres qui les sortait tous de leur torpeur, de leur confort douillet et de leur léthargie.
Subitement, dès l'annonce de la marche de la jeunesse du RHDP pour "libérer" la télévision nationale ( ?) FPI, chacun s'est découvert des talents et une mission de médiateur et de conciliateur.
Nous avons pu encore une fois prendre conscience de façon particulièrement douloureuse de ce qu'une dictature, un régime sanguinaire ne s'installent et ne prospèrent dans un pays que parce que le peuple, veule, poltron et défaitiste, laisse faire !
En témoigne le comportement de tous ces bons apôtres qui se bousculaient au portillon de l'opposition pour lui demander de calmer le jeu, de mettre balle à terre et de négocier face à la toute puissance de l'ancien président de la République qui disait il n'y a pas longtemps qu'il a les moyens de mettre au pas ceux qui seraient tentés d'installer la chienlit.
La colère du roi est grande
Or, selon ces médiateurs et conciliateurs, "la colère du roi est grande" féroce et destructrice, "surtout celle" de l'empereur Soundjata 1er de Côte-d'Ivoire.
Alors pourquoi réveiller le chat qui dort ?
Ils sont pourtant restés sans réaction :
-lorsque le général Guéi, sa famille et ses proches ont été massacrés et que le président du FPI expliquait et justifiait ( ?) un tel massacre.
-Après les tueries d'Anyama, d'Azaguié et d'Agboville de rebelles imaginaires venus, selon le régime des refondateurs, perpétrer un coup de force.
-Après les tueries horribles, insoutenables et indéfendables de plus de 500 personnes les 25, 26 et 27 mars 2004 perpétrées par les Forces de Défense et de Sécurité secondées par les milices tribales du FPI.
L'on se souvient également que la manifestation de l'opposition n'était prévue que pour le 25 mars et que le carnage qui s'est étendu sur trois jours a été causé dans des domiciles préalablement ciblés.
L'on se souvient aussi que certaines confessions religieuses ont refusé de s'associer aux cérémonies organisées en mémoire de ces victimes innocentes.
L'on se souvient de la déclaration d'un dignitaire religieux disant que l'opposition l'avait bien mérité qui avait défié ( ?) l'autorité ( ?)
Et pourtant l'ancien président de la République, lorsqu'il était opposant a toujours défié l'autorité sans qu'on tire sur lui.
-Lorsque des dignitaires du régime, se disant Ivoiriens ( ?) ont importé, dans le seul but de s'enrichir, des déchets toxiques pour tuer leurs ( ?) compatriotes.
Ils ont fait des dizaines de morts et intoxiqué à vie des centaines de milliers d'Ivoiriens.
Au lieu de laisser juger les responsables présumés de ce crime odieux et horrible, l'ancien président de la République, avec l'appui ferme et résolu des Forces de Défense et de Sécurité, a réinstallé de force dans leur fonction ces criminels et ces assassins.
A chacun son Français
Une parodie de justice a ensuite eu lieu pour condamner des sous lampistes qui se demandaient ce qui leur arrivait.
-lorsque des va-nu-pieds se disant patriotes, parce qu'il soutiennent le régime ont détruit en novembre 2004 des dizaines de milliers d'emplois en détruisant et pillant les entreprises appartenant aux Français et en faisant partir du pays 12 000 français.
Qui ne se souvient du slogan "à chacun son Français ?"
-lorsque les Forces de Défense et de Sécurité ont tiré à balles réelles sur des jeunes qui exigeaient l'organisation des audiences foraines, causant près de 20 morts et des dizaines de blessés.
-Lorsque les mêmes Forces de Défense et de Sécurité ont encore tiré à balles réelles sur des femmes qui manifestaient pour réclamer du pain et la réduction des prix des denrées de première nécessité, faisant un mort.
Toute cette barbarie passait comme une lettre à la poste parce qu'elle était le fait des partisans de l'ancien président de la République et de son régime.
Les hommes et les organisations citées plus haut ont estimé que tous ces faits dramatiques, affreux et abominables étaient dans l'ordre normal des choses parce que causés par le régime et l'autorité ( ?)
Or ne voilà-t-il pas que pour une marche pacifique, l'agitation de ces beaux penseurs a atteint son paroxysme parce qu'il s'agissait, selon eux, d'une provocation et d'une autre défiance de l'autorité ( ?)
Que reprochent-ils à l'opposition ?
"Les partis raidissent leur position" clamaient-ils. Il fallait donc tout mettre en œuvre pour empêcher cette marche…car il y allait de la paix ( ?) dans le pays et de la poursuite du processus de sortie de crise.
Naturellement, l'ancien président de la République ayant la force et non le droit avec lui, il ne fallait pas l'effaroucher. Seule l'opposition devait faire des concessions ; seule l'opposition devait reculer et par conséquent annuler la marche de sa jeunesse.
La marche, maintenue, s'étant déroulée sans incident, ce fut un ouf de soulagement de tout ce beau monde qui avait décidé de faire la politique de l'autruche pour ne pas voir venir le danger !
Et puis suivant l'oukase de Soundjata 1er qui, se servant d'un certain article 48 d'une certaine constitution version FPI, dissolvait la CEI et le gouvernement.
Face à la colère de l'opposition qui demandait à ses militants de s'opposer à ce diktat par tous les moyens toutes ces mouches du coche furent saisies de panique :
-quoi, leur douce tranquillité allait être perturbée ?
-quoi, l'opposition, en refusant d'obtempérer aux injonctions de l'ancien président de la République, allait-elle, par sa SEULE FAUTE ? mettre ce pays à feu et à sang ?
-tout tremblants, ils se rendaient chez l'ancien président de la République qui leur opposait un refus catégorique et une totale fin de non recevoir face à leur demande de le voir assouplir sa position en demandant la réunion du CPC pour discuter des problèmes existants.
Dès lors, le ventre mou dans cette affaire ne pouvait qu'être l'opposition qu'il fallait convaincre d'accepter la sainte volonté du christ de Mama.
L'intransigeance de l'opposition les stupéfiait et peur eux, cette fermeté de l'opposition faussait les règles du jeu !!! On était tellement accoutumé à faire les 4 volontés de l'ancien président de la République. Alors pourquoi un tel malheur aujourd'hui ?
Ces hommes et ces organisations se sont-ils posés des questions sur leur poids réel et leur propre crédibilité ?
1)les rois et les chefs coutumiers
Si certains sont restés dignes, restant à équidistance des différentes chapelles politiques, d'autres n'ont pas hésité à se prostituer pour quelques poignées de CFA naturellement avec l'ancien président de la République et son régime.
Et comme par malheur c'est l'ensemble des rois et chefs qu'il faut rencontrer et avec qui il faut discuter, il est évident que les chances pour qu'une quelconque rencontre aboutisse à des résultats concrets et positifs sont quasi inexistants.
2)la société civile
Pendant longtemps elle s'est livrée à un tango endiablée en n'hésitant pas à faire les yeux doux au pouvoir.
Là où dans les autres pays c'est la fermeté de la société civile qui amène le pouvoir à faire des concessions et même à reculer, en Côte-d'Ivoire nombre de membres de cette société civile sont plus intéressés par des postes immédiats plutôt que par la défense résolue et désintéressée des sans voix.
Dès cet instant, on est en droit d'être circonspect quant à la volonté réelle de la société civile de faire bouger et avancer les choses.
3) les représentants de la Communauté Internationale
Elles se refusent à désigner qui est responsable des blocages qui surgissent comme par hasard à des moments clés de l'évolution du processus de sortie de crise.
Leur fâcheuse tendance à jouer les équilibristes, à ménager la chèvre et le chou les rend inaptes à s'imposer à l'une quelconque des parties.
4) les organisations de défense des droits humains.
Lorsqu'on s'est rendu compte que ceux qui dénonçaient les violations des droits humain du régime PDCI à la moindre peccadille n'étaient en réalité que des militants FPI encagoulés, la neutralité et la crédibilité de ces organisations sont devenues sujettes à caution.
En outre, même après le meurtre de Thiérry Zébié et les sévices infligés par la FESCI aux professeurs et à tout ce qui n'était pas FPI, ces organisations ont continué à soutenir cette FESCI au motif qu'elle était "la vox des sans voix."
Drôle de représentation des sans voix.
Enfin, c'est avec un ministre, ancien responsable de l'une de ces organisations que les pires massacres de notre pays, de l'époque coloniale à nos jours ont été perpétrés sans que ce ministre démissionne.
On s'est alors aperçu qu'un coffre-fort ou un compte en banque bien garnis valaient largement les droits humains qu'un prétendait défendre.
5) les autorités religieuses
Le journal tenu à bout de bras par les citoyens de ce pays grâce à leurs impôts mais qui a résolu d'être la caisse de résonance exclusive de monsieur Gbagbo et de son régime a récemment rendu compte d'une rencontre entre l'ancien président de la République et des "hommes de Dieu" de sa confession religieuse.
Ces hommes de Dieu ( ?) étaient venus rassurer l'ancien président de la République et lui apporter leur soutien.
Ils lui demandaient d'être serein car c'est Dieu qui donne le pouvoir. Dès lors l'ancien président de la République détient un pouvoir quasi divin que l'agitation des hommes ne peut lui enlever.
Nous nous sommes demandé si ces hommes ( ?) de Dieu ( ?) connaissaient vraiment le domaine censé être le leur. Il nous semble en effet que certains de ces hommes, en la matière, font montre d'une inculture sidérante.
S'il en avait été autrement, ils auraient su que le diable donne aussi le pouvoir, n'hésitant pas à le proposer au Christ Jésus, Fils de Dieu.
La seule condition que pose Satan c'est que le Seigneur et toute personne désirant le pouvoir consente à l'adorer.
Prétendre donc que tout pouvoir est donné par Dieu est une grossière erreur à moins que les visiteurs du jour, ne soient venus là que pour caresser leur hôte dans le sens du poil, se comporter en flagorneurs, ce qui est indigne d'un homme de Dieu, dans le seul but de recevoir en retour les deniers dont on a tant besoin.
Comme quoi Judas n'est pas loin
Violer, voler, piller, piller
Dès lors, selon la manière dont on exerce le pouvoir, il est facile de savoir si on le tient de Dieu ou du diable.
Le pouvoir reçu de Dieu est généreux et altruiste, philanthropique même, l'amour en étant le moteur. Ce pouvoir vole au secours de la veuve, de l'orphelin et des démunis.
Un tel pouvoir n'a qu'un seul leitmotiv ; veiller au bien-être et au bonheur du peuple qu'on prétend gouverner.
Le pouvoir qui provient de Dieu n'opprime pas, n'oppresse pas, ne commet pas d'injustice, ne vole pas, ne pille pas les ressources du pays à son seul profit, ne tue pas, ne porte aucune atteinte à l'intégrité physique et morale de ses administrés.
Par contre, le pouvoir qui vient du diable est égoïste et méchant. Le sang des administrés est la boisson qu'on préfère parce que c'est ce que veut Satan.
Dès lors voler, piller, violer, tuer, tout détourner à son seul profit sont des actes normaux puisque faisant partie des préceptes de Satan.
Les fameux hommes de Dieu ( ?) venus voir l'ancien président de la République l'ont assuré qu'il n'a rien à craindre car Dieu est avec lui.
D'où le cri du Christ de Mama qui sait que sa cote de popularité est en dessous de zéro : "allez de toutes les nations faites des disciples !!!"
L'ordre divin du Christ à ses disciples devient un slogan électoral !
Nous avons rappelé plus haut les propos d'un dignitaire religieux après les massacres des 25, 26 et 27 mars 2004.
Nous nous souvenons du saint Sacrement convoyé au domicile du dictateur pour affermir son empire sur nous malgré le martyre qu'il nous fait vivre.
Nous sommes ahuri de lire ce message aux leaders politiques : "Ne prenez pas le peuple en otage."
Ainsi, c'est parce que l'opposition réagit avec fermeté qu'on se rend compte que le peuple est pris en otage.
Peut-on nous dire la situation du peuple depuis 2002 surtout dans la fameuse Côte-d'Ivoire utile ? La pensée unique, les escadrons de la mort, les meurtres et assassinants, les déchets toxiques, les détournements massifs de deniers publics, le chômage provoqué, les paysans réduits à la misère noire, près de 80% du peuple qui ne peut s'offrir qu'un misérable repas par jour, et nous en passons.
Y a-t-il pire manière de prendre le peuple en otage ? Il est dommage et triste qu'on ait attendu 8 ans pour se donner bonne conscience en délivrant un tel message mais après une manifestation de l'opposition pour noyer le poisson.
Il ne faut pas prendre le risque de dénoncer le seul régime, pourtant cause unique de nos déboires et de nos souffrances.
N'est pas monseigneur Romero qui veut !
Nous sommes encore plus stupéfaits lorsque nous lisons dans cette adresse aux jeunes :"vous ne devez pas vous laisser manipuler et instrumentaliser par les hommes politiques. Refusez systématiquement le faux martyre qui ne servirait qu'à la gloire d'un individu se souciant peu ou pas de votre véritable avenir. Rejetez également tout acte qui serait de nature à détruire aussi bien les acquis que le pays lui-même."
Ce message aurait dû être délivré dès le 26 octobre 2000 lorsque des jeunes se sont fait massacrer pour permettre à monsieur Gbagbo d'accéder au pouvoir.
Ce message aurait dû être délivré après la découverte du charnier de Yopougon et de tous ces charniers répartis sur l'ensemble du territoire.
On a l'impression, avec ce message, que c'est l'opposition qui manipule et instrumentalise la jeunesse.
Ainsi, ces va-nu-pieds se disant patriotes au service du pouvoir qui volent, violent et tuent ne sont que des enfants de chœur !
Lorsqu'ils détruisent l'économie du pays pour faire plaisir à leur mentor, ils accomplissent une œuvre de salut public !
Lorsqu'ils s'en prennent aux travailleurs qui revendiquent leurs droits, lorsqu'ils saccagent et qu'ils détruisent les journaux de l'opposition, ils font œuvre d'assainissement !
Lorsque les miliciens à la solde du pouvoir terrorisent des quartiers en y instaurant leurs propres lois et en percevant des taxes arrachées aux habitants, ils font preuve de civisme !
Lorsque la FESCI, dans les cités et sur le campus, fait régner la terreur par la machette et le révolver, lorsqu'elle viole, pille, détruit et tue, elle fait preuve de nationalisme !
Lorsqu'à longueur de journée, des jeunes à la solde du pouvoir vocifèrent dans les fora et les agoras, ils font montre de patriotisme !
C'est bien d'avoir choisi les manifestations de l'opposition pour délivrer un message qui fait porter à cette opposition toutes les tares du régime des refondateurs. Votre message arrive donc trop tard et il a manqué sa cible.
Sachez par ailleurs que de tout temps et dans tous les pays, les revendications pour un changement qualitatif de la société ont toujours été menées par la jeunesse avant que le peuple entier ne suive.
Eviter d'être de faux martyrs ?
Dans le cas d'espèce, personne n'a besoin de manipuler personne car la jeunesse sait quel calvaire elle vit. Lorsqu'avec une maîtrise vous ne pouvez qu'être chauffeur de woro-woro et gérant d'une cabine téléphonique, personne n'a besoin de vous manipuler.
Le message fait état des acquis, lesquels acquis n'ont été obtenus que grâce à l'action de la jeunesse.
L'opposition, bouc émissaire
Aurait-on en effet réalisé les audiences foraines sans l'action de la jeunesse sur qui le pouvoir a fait tirer à balles réelles ?
Nous pouvons comprendre que dans votre souci d'éviter d'être de "faux martyrs", vous laissiez tout passer au pouvoir de monsieur Gbagbo à qui vous refusez d'adresser la moindre admonestation.
Il peut ainsi pendant le Saint Office causer avec son épouse au moment de l'Offertoire et plus particulièrement de l'Elévation !
Il peut, pendant le Saint Office, après y être arrivé en retard, se lever pour aller satisfaire certains besoins naturels, ce que n'ont jamais fait ni le Président HOUPHOUET_BOIGNY, ni le président BEDIE, ni le général Guéi !
Son épouse peut boire de l'eau pendant la Sainte Messe !
Tout cela compte pour du beurre parce qu'il ne faut pas être un faux martyr !
Il n'est demandé à personne d'être un héros à fortiori un martyr. Il n'est cependant pas très sain de livrer des messages homéopathiques où on ne veut blesser personne surtout pas le pouvoir !
Encore que dans le cas de la Côte-d'Ivoire, l'opposition est le bouc émissaire tout rêvé sur qui on peut décharger et déverser tout son fiel. Il n'y a aucune conséquence. L'opposition n'a pas d'armée, n'a pas d'armes, n'a pas de prison.
Comme on peut le constater, ces médiateurs et conciliateurs, qui prétendaient vouloir intervenir dans la dernière crise artificiellement créée par monsieur Gbagbo et son pouvoir, sont si ondoyants et si divers qu'ils se sont disqualifiés eux-mêmes pour la plupart.
Et pourtant, l'idéal aurait été que parce que nous avons sur notre sol des hommes de courage et de vérité, les problèmes que nous rencontrons fussent réglés sur notre sol. Hélas, la pusillanimité de ceux qui ont l'autorité morale pour le faire rend cela impossible.
Doubé Binty
-représentants de la Communauté Internationale,
-autorités religieuses
-autorités traditionnelles
-société civile
-organisations de défense des droits humains…
Tous ont été saisis de frissons et de tremblements parce que l'opposition ivoirienne, qui a tellement reculé qu'elle se retrouve non pas le dos au mur mais au bord du précipice, a décidé de dire non à l'ancien président de la République et de mettre un frein à son penchant et à ses dérives dictatoriales et totalitaires.
Ce fut alors le branle-bas de combat, une agitation frénétique s'étant emparée de ce monde qui découvrait soudain ou faisait mine de s'apercevoir qu'en plus de la refondation, un autre malheur menaçait notre pays : l'explosion politique et sociale aux conséquences imprévisibles.
Ainsi, c'est le seul refus de l'opposition de ne plus continuer à avaler des couleuvres qui les sortait tous de leur torpeur, de leur confort douillet et de leur léthargie.
Subitement, dès l'annonce de la marche de la jeunesse du RHDP pour "libérer" la télévision nationale ( ?) FPI, chacun s'est découvert des talents et une mission de médiateur et de conciliateur.
Nous avons pu encore une fois prendre conscience de façon particulièrement douloureuse de ce qu'une dictature, un régime sanguinaire ne s'installent et ne prospèrent dans un pays que parce que le peuple, veule, poltron et défaitiste, laisse faire !
En témoigne le comportement de tous ces bons apôtres qui se bousculaient au portillon de l'opposition pour lui demander de calmer le jeu, de mettre balle à terre et de négocier face à la toute puissance de l'ancien président de la République qui disait il n'y a pas longtemps qu'il a les moyens de mettre au pas ceux qui seraient tentés d'installer la chienlit.
La colère du roi est grande
Or, selon ces médiateurs et conciliateurs, "la colère du roi est grande" féroce et destructrice, "surtout celle" de l'empereur Soundjata 1er de Côte-d'Ivoire.
Alors pourquoi réveiller le chat qui dort ?
Ils sont pourtant restés sans réaction :
-lorsque le général Guéi, sa famille et ses proches ont été massacrés et que le président du FPI expliquait et justifiait ( ?) un tel massacre.
-Après les tueries d'Anyama, d'Azaguié et d'Agboville de rebelles imaginaires venus, selon le régime des refondateurs, perpétrer un coup de force.
-Après les tueries horribles, insoutenables et indéfendables de plus de 500 personnes les 25, 26 et 27 mars 2004 perpétrées par les Forces de Défense et de Sécurité secondées par les milices tribales du FPI.
L'on se souvient également que la manifestation de l'opposition n'était prévue que pour le 25 mars et que le carnage qui s'est étendu sur trois jours a été causé dans des domiciles préalablement ciblés.
L'on se souvient aussi que certaines confessions religieuses ont refusé de s'associer aux cérémonies organisées en mémoire de ces victimes innocentes.
L'on se souvient de la déclaration d'un dignitaire religieux disant que l'opposition l'avait bien mérité qui avait défié ( ?) l'autorité ( ?)
Et pourtant l'ancien président de la République, lorsqu'il était opposant a toujours défié l'autorité sans qu'on tire sur lui.
-Lorsque des dignitaires du régime, se disant Ivoiriens ( ?) ont importé, dans le seul but de s'enrichir, des déchets toxiques pour tuer leurs ( ?) compatriotes.
Ils ont fait des dizaines de morts et intoxiqué à vie des centaines de milliers d'Ivoiriens.
Au lieu de laisser juger les responsables présumés de ce crime odieux et horrible, l'ancien président de la République, avec l'appui ferme et résolu des Forces de Défense et de Sécurité, a réinstallé de force dans leur fonction ces criminels et ces assassins.
A chacun son Français
Une parodie de justice a ensuite eu lieu pour condamner des sous lampistes qui se demandaient ce qui leur arrivait.
-lorsque des va-nu-pieds se disant patriotes, parce qu'il soutiennent le régime ont détruit en novembre 2004 des dizaines de milliers d'emplois en détruisant et pillant les entreprises appartenant aux Français et en faisant partir du pays 12 000 français.
Qui ne se souvient du slogan "à chacun son Français ?"
-lorsque les Forces de Défense et de Sécurité ont tiré à balles réelles sur des jeunes qui exigeaient l'organisation des audiences foraines, causant près de 20 morts et des dizaines de blessés.
-Lorsque les mêmes Forces de Défense et de Sécurité ont encore tiré à balles réelles sur des femmes qui manifestaient pour réclamer du pain et la réduction des prix des denrées de première nécessité, faisant un mort.
Toute cette barbarie passait comme une lettre à la poste parce qu'elle était le fait des partisans de l'ancien président de la République et de son régime.
Les hommes et les organisations citées plus haut ont estimé que tous ces faits dramatiques, affreux et abominables étaient dans l'ordre normal des choses parce que causés par le régime et l'autorité ( ?)
Or ne voilà-t-il pas que pour une marche pacifique, l'agitation de ces beaux penseurs a atteint son paroxysme parce qu'il s'agissait, selon eux, d'une provocation et d'une autre défiance de l'autorité ( ?)
Que reprochent-ils à l'opposition ?
"Les partis raidissent leur position" clamaient-ils. Il fallait donc tout mettre en œuvre pour empêcher cette marche…car il y allait de la paix ( ?) dans le pays et de la poursuite du processus de sortie de crise.
Naturellement, l'ancien président de la République ayant la force et non le droit avec lui, il ne fallait pas l'effaroucher. Seule l'opposition devait faire des concessions ; seule l'opposition devait reculer et par conséquent annuler la marche de sa jeunesse.
La marche, maintenue, s'étant déroulée sans incident, ce fut un ouf de soulagement de tout ce beau monde qui avait décidé de faire la politique de l'autruche pour ne pas voir venir le danger !
Et puis suivant l'oukase de Soundjata 1er qui, se servant d'un certain article 48 d'une certaine constitution version FPI, dissolvait la CEI et le gouvernement.
Face à la colère de l'opposition qui demandait à ses militants de s'opposer à ce diktat par tous les moyens toutes ces mouches du coche furent saisies de panique :
-quoi, leur douce tranquillité allait être perturbée ?
-quoi, l'opposition, en refusant d'obtempérer aux injonctions de l'ancien président de la République, allait-elle, par sa SEULE FAUTE ? mettre ce pays à feu et à sang ?
-tout tremblants, ils se rendaient chez l'ancien président de la République qui leur opposait un refus catégorique et une totale fin de non recevoir face à leur demande de le voir assouplir sa position en demandant la réunion du CPC pour discuter des problèmes existants.
Dès lors, le ventre mou dans cette affaire ne pouvait qu'être l'opposition qu'il fallait convaincre d'accepter la sainte volonté du christ de Mama.
L'intransigeance de l'opposition les stupéfiait et peur eux, cette fermeté de l'opposition faussait les règles du jeu !!! On était tellement accoutumé à faire les 4 volontés de l'ancien président de la République. Alors pourquoi un tel malheur aujourd'hui ?
Ces hommes et ces organisations se sont-ils posés des questions sur leur poids réel et leur propre crédibilité ?
1)les rois et les chefs coutumiers
Si certains sont restés dignes, restant à équidistance des différentes chapelles politiques, d'autres n'ont pas hésité à se prostituer pour quelques poignées de CFA naturellement avec l'ancien président de la République et son régime.
Et comme par malheur c'est l'ensemble des rois et chefs qu'il faut rencontrer et avec qui il faut discuter, il est évident que les chances pour qu'une quelconque rencontre aboutisse à des résultats concrets et positifs sont quasi inexistants.
2)la société civile
Pendant longtemps elle s'est livrée à un tango endiablée en n'hésitant pas à faire les yeux doux au pouvoir.
Là où dans les autres pays c'est la fermeté de la société civile qui amène le pouvoir à faire des concessions et même à reculer, en Côte-d'Ivoire nombre de membres de cette société civile sont plus intéressés par des postes immédiats plutôt que par la défense résolue et désintéressée des sans voix.
Dès cet instant, on est en droit d'être circonspect quant à la volonté réelle de la société civile de faire bouger et avancer les choses.
3) les représentants de la Communauté Internationale
Elles se refusent à désigner qui est responsable des blocages qui surgissent comme par hasard à des moments clés de l'évolution du processus de sortie de crise.
Leur fâcheuse tendance à jouer les équilibristes, à ménager la chèvre et le chou les rend inaptes à s'imposer à l'une quelconque des parties.
4) les organisations de défense des droits humains.
Lorsqu'on s'est rendu compte que ceux qui dénonçaient les violations des droits humain du régime PDCI à la moindre peccadille n'étaient en réalité que des militants FPI encagoulés, la neutralité et la crédibilité de ces organisations sont devenues sujettes à caution.
En outre, même après le meurtre de Thiérry Zébié et les sévices infligés par la FESCI aux professeurs et à tout ce qui n'était pas FPI, ces organisations ont continué à soutenir cette FESCI au motif qu'elle était "la vox des sans voix."
Drôle de représentation des sans voix.
Enfin, c'est avec un ministre, ancien responsable de l'une de ces organisations que les pires massacres de notre pays, de l'époque coloniale à nos jours ont été perpétrés sans que ce ministre démissionne.
On s'est alors aperçu qu'un coffre-fort ou un compte en banque bien garnis valaient largement les droits humains qu'un prétendait défendre.
5) les autorités religieuses
Le journal tenu à bout de bras par les citoyens de ce pays grâce à leurs impôts mais qui a résolu d'être la caisse de résonance exclusive de monsieur Gbagbo et de son régime a récemment rendu compte d'une rencontre entre l'ancien président de la République et des "hommes de Dieu" de sa confession religieuse.
Ces hommes de Dieu ( ?) étaient venus rassurer l'ancien président de la République et lui apporter leur soutien.
Ils lui demandaient d'être serein car c'est Dieu qui donne le pouvoir. Dès lors l'ancien président de la République détient un pouvoir quasi divin que l'agitation des hommes ne peut lui enlever.
Nous nous sommes demandé si ces hommes ( ?) de Dieu ( ?) connaissaient vraiment le domaine censé être le leur. Il nous semble en effet que certains de ces hommes, en la matière, font montre d'une inculture sidérante.
S'il en avait été autrement, ils auraient su que le diable donne aussi le pouvoir, n'hésitant pas à le proposer au Christ Jésus, Fils de Dieu.
La seule condition que pose Satan c'est que le Seigneur et toute personne désirant le pouvoir consente à l'adorer.
Prétendre donc que tout pouvoir est donné par Dieu est une grossière erreur à moins que les visiteurs du jour, ne soient venus là que pour caresser leur hôte dans le sens du poil, se comporter en flagorneurs, ce qui est indigne d'un homme de Dieu, dans le seul but de recevoir en retour les deniers dont on a tant besoin.
Comme quoi Judas n'est pas loin
Violer, voler, piller, piller
Dès lors, selon la manière dont on exerce le pouvoir, il est facile de savoir si on le tient de Dieu ou du diable.
Le pouvoir reçu de Dieu est généreux et altruiste, philanthropique même, l'amour en étant le moteur. Ce pouvoir vole au secours de la veuve, de l'orphelin et des démunis.
Un tel pouvoir n'a qu'un seul leitmotiv ; veiller au bien-être et au bonheur du peuple qu'on prétend gouverner.
Le pouvoir qui provient de Dieu n'opprime pas, n'oppresse pas, ne commet pas d'injustice, ne vole pas, ne pille pas les ressources du pays à son seul profit, ne tue pas, ne porte aucune atteinte à l'intégrité physique et morale de ses administrés.
Par contre, le pouvoir qui vient du diable est égoïste et méchant. Le sang des administrés est la boisson qu'on préfère parce que c'est ce que veut Satan.
Dès lors voler, piller, violer, tuer, tout détourner à son seul profit sont des actes normaux puisque faisant partie des préceptes de Satan.
Les fameux hommes de Dieu ( ?) venus voir l'ancien président de la République l'ont assuré qu'il n'a rien à craindre car Dieu est avec lui.
D'où le cri du Christ de Mama qui sait que sa cote de popularité est en dessous de zéro : "allez de toutes les nations faites des disciples !!!"
L'ordre divin du Christ à ses disciples devient un slogan électoral !
Nous avons rappelé plus haut les propos d'un dignitaire religieux après les massacres des 25, 26 et 27 mars 2004.
Nous nous souvenons du saint Sacrement convoyé au domicile du dictateur pour affermir son empire sur nous malgré le martyre qu'il nous fait vivre.
Nous sommes ahuri de lire ce message aux leaders politiques : "Ne prenez pas le peuple en otage."
Ainsi, c'est parce que l'opposition réagit avec fermeté qu'on se rend compte que le peuple est pris en otage.
Peut-on nous dire la situation du peuple depuis 2002 surtout dans la fameuse Côte-d'Ivoire utile ? La pensée unique, les escadrons de la mort, les meurtres et assassinants, les déchets toxiques, les détournements massifs de deniers publics, le chômage provoqué, les paysans réduits à la misère noire, près de 80% du peuple qui ne peut s'offrir qu'un misérable repas par jour, et nous en passons.
Y a-t-il pire manière de prendre le peuple en otage ? Il est dommage et triste qu'on ait attendu 8 ans pour se donner bonne conscience en délivrant un tel message mais après une manifestation de l'opposition pour noyer le poisson.
Il ne faut pas prendre le risque de dénoncer le seul régime, pourtant cause unique de nos déboires et de nos souffrances.
N'est pas monseigneur Romero qui veut !
Nous sommes encore plus stupéfaits lorsque nous lisons dans cette adresse aux jeunes :"vous ne devez pas vous laisser manipuler et instrumentaliser par les hommes politiques. Refusez systématiquement le faux martyre qui ne servirait qu'à la gloire d'un individu se souciant peu ou pas de votre véritable avenir. Rejetez également tout acte qui serait de nature à détruire aussi bien les acquis que le pays lui-même."
Ce message aurait dû être délivré dès le 26 octobre 2000 lorsque des jeunes se sont fait massacrer pour permettre à monsieur Gbagbo d'accéder au pouvoir.
Ce message aurait dû être délivré après la découverte du charnier de Yopougon et de tous ces charniers répartis sur l'ensemble du territoire.
On a l'impression, avec ce message, que c'est l'opposition qui manipule et instrumentalise la jeunesse.
Ainsi, ces va-nu-pieds se disant patriotes au service du pouvoir qui volent, violent et tuent ne sont que des enfants de chœur !
Lorsqu'ils détruisent l'économie du pays pour faire plaisir à leur mentor, ils accomplissent une œuvre de salut public !
Lorsqu'ils s'en prennent aux travailleurs qui revendiquent leurs droits, lorsqu'ils saccagent et qu'ils détruisent les journaux de l'opposition, ils font œuvre d'assainissement !
Lorsque les miliciens à la solde du pouvoir terrorisent des quartiers en y instaurant leurs propres lois et en percevant des taxes arrachées aux habitants, ils font preuve de civisme !
Lorsque la FESCI, dans les cités et sur le campus, fait régner la terreur par la machette et le révolver, lorsqu'elle viole, pille, détruit et tue, elle fait preuve de nationalisme !
Lorsqu'à longueur de journée, des jeunes à la solde du pouvoir vocifèrent dans les fora et les agoras, ils font montre de patriotisme !
C'est bien d'avoir choisi les manifestations de l'opposition pour délivrer un message qui fait porter à cette opposition toutes les tares du régime des refondateurs. Votre message arrive donc trop tard et il a manqué sa cible.
Sachez par ailleurs que de tout temps et dans tous les pays, les revendications pour un changement qualitatif de la société ont toujours été menées par la jeunesse avant que le peuple entier ne suive.
Eviter d'être de faux martyrs ?
Dans le cas d'espèce, personne n'a besoin de manipuler personne car la jeunesse sait quel calvaire elle vit. Lorsqu'avec une maîtrise vous ne pouvez qu'être chauffeur de woro-woro et gérant d'une cabine téléphonique, personne n'a besoin de vous manipuler.
Le message fait état des acquis, lesquels acquis n'ont été obtenus que grâce à l'action de la jeunesse.
L'opposition, bouc émissaire
Aurait-on en effet réalisé les audiences foraines sans l'action de la jeunesse sur qui le pouvoir a fait tirer à balles réelles ?
Nous pouvons comprendre que dans votre souci d'éviter d'être de "faux martyrs", vous laissiez tout passer au pouvoir de monsieur Gbagbo à qui vous refusez d'adresser la moindre admonestation.
Il peut ainsi pendant le Saint Office causer avec son épouse au moment de l'Offertoire et plus particulièrement de l'Elévation !
Il peut, pendant le Saint Office, après y être arrivé en retard, se lever pour aller satisfaire certains besoins naturels, ce que n'ont jamais fait ni le Président HOUPHOUET_BOIGNY, ni le président BEDIE, ni le général Guéi !
Son épouse peut boire de l'eau pendant la Sainte Messe !
Tout cela compte pour du beurre parce qu'il ne faut pas être un faux martyr !
Il n'est demandé à personne d'être un héros à fortiori un martyr. Il n'est cependant pas très sain de livrer des messages homéopathiques où on ne veut blesser personne surtout pas le pouvoir !
Encore que dans le cas de la Côte-d'Ivoire, l'opposition est le bouc émissaire tout rêvé sur qui on peut décharger et déverser tout son fiel. Il n'y a aucune conséquence. L'opposition n'a pas d'armée, n'a pas d'armes, n'a pas de prison.
Comme on peut le constater, ces médiateurs et conciliateurs, qui prétendaient vouloir intervenir dans la dernière crise artificiellement créée par monsieur Gbagbo et son pouvoir, sont si ondoyants et si divers qu'ils se sont disqualifiés eux-mêmes pour la plupart.
Et pourtant, l'idéal aurait été que parce que nous avons sur notre sol des hommes de courage et de vérité, les problèmes que nous rencontrons fussent réglés sur notre sol. Hélas, la pusillanimité de ceux qui ont l'autorité morale pour le faire rend cela impossible.
Doubé Binty
