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Économie Publié le vendredi 12 mars 2010 | Le Nouveau Réveil

Affaire “Surfacturation dans l`achat d`engins lourds...” : Voici pourquoi un audit est nécessaire pour découvrir la vérité

Les informations qui nous étaient parvenues et qui continuent d'arriver faisaient état de surfacturation portant sur la somme de près de 4 milliards, dans l'acquisition, par le Comité de gestion de la filière café cacao (Cgfcc), d'engins lourds en vue du reprofilage au profit des producteurs de café cacao, des pistes villageoises. Le Cgfcc, par la voix de son président M. Gilbert Anoh N'guessan, avait annoncé à deux reprises que ces engins lourds (20 bulldozers, 8 compacteurs, 40 niveleuses, 12 chargeuses et leurs pièces de rechange achetés en Chine), plus 16 camions benne, 8 citernes à gasoil et 12 pick-up achetés localement, avaient coûté la somme de 7, 223 891 034 milliards Fcfa. Or, la facture globale de ces engins, signée par le directeur général de Forexi-Sa et dont nous avons eu copie, parle plutôt d'une somme de 3, 727 995 206 Fcfa pour ce qui concerne les engins achetés en Chine y compris les pièces détachées et le transport de la Chine au port d'Abidjan. Interrogé par nos soins sur ce gap de près de 4 milliards même si l'on tient compte des engins achetés localement, M. Gilbert Anoh N'guessan a affirmé, la main sur le cœur et le cœur bien accroché, qu'en plus du prix d'achat des engins importés de Chine, il fallait ajouter " les frais d'approche " (Fri, frais de douane, frais de transit, frais de montage des engins, frais de transport sur sites d'exploitation), sans oublier le système Gps installé sur les machines. Sur la base d'un document joint à son droit de réponse adressé au journal " Le Quotidien " et dont copie nous a d'ailleurs été remise par les soins de M. Gilbert Anoh N'guessan lui-même, nous avons pu faire des croisements, lesquels croisements ajoutés à des informations de sources très introduites, nous inclinent aujourd'hui, à penser qu'il faut que les autorités compétentes, notamment le ministre de l'Agriculture et celui de l'Economie et des finances, auditent la procédure d'achat de ces engins et leur utilisation, pour les raisons suivantes.

La facture globale
d'achat des engins en Chine
La facture globale d'achat des engins en Chine, s'élève à 7.546.549 dollars Us. Sur la base d'une copie de la Fri (Fiche de renseignements d'importation) du ministère du Commerce dont nous disposons, datée du 2 avril 2009 et signée par le directeur de Forexi-Sa, le taux de change du dollar à la date de signature de la facture globale d'achat des engins, était de 494,00 Fcfa pour un dollar. Ce qui fait qu'en Fcfa, la facture s'élevait à 3.727.995.206 milliards. Or, selon le document à nous remis par M. Anoh (voir fac similé), la facture globale d'achat des engins en Chine s'élève à 3. 768.928.630 milliards Fcfa. Soit, une différence, un surplus de 40933424 Fcfa. Or, les pièces détachées ne figurent pas dans ce chapitre, sur le document de M. Anoh. Comme certains de nos amis de la filière café cacao aiment arrondir les montants, disons qu'il y a un surplus de 50 millions. Quid des pièces détachées ? Au cours de l'interview réalisée dans son bureau, M. Anoh a soutenu que tout était "une question de taux de change". Un petit calcul rapidement fait, permet de découvrir que les engins, si on s'en tient au montant de M. Anoh, ont été achetés avec un taux de change de un dollar pour environ 500 Fcfa. Or, la Fri du ministère du Commerce affiche le contraire. Que doit-on en penser ? Un audit devrait pouvoir mieux expliquer cette situation. Surtout quand on sait que la facture globale d'achat des engins a été signée le 11 mars 2009 sous le N° HBJXC20090311 et qu'à cette date, le dollar était encore plus faible, soit 485,62 Fcfa. Un audit devrait pouvoir mieux expliquer cette situation.

" Les frais d'approche "
Ces frais qui comprennent notamment les frais de douane et de montage des engins, ont coûté, sur la base du document de M. Anoh, la somme de 1.988.692.163 milliard Fcfa. Nos investigations nous permettent de faire deux observations sur ce montant. D'abord au niveau des frais de douane, de hauts responsables de la filière café cacao qui sont encore en activité et que nous avons interrogés, nous ont assuré que les importations des structures créées par l'Etat de Côte d'Ivoire dans le cadre de la réforme de la filière café cacao, et qui sont faites dans l'intérêt exclusif des producteurs, sont exonérées de frais de douane. " Certes, ajoutent-ils, les marchandises importées sont dédouanées à leur arrivée au port, mais les frais de dédouanement sont reversés après, à l'importateur, par l'Etat. ". Le Cgfcc qui a été mis en place par le président Gbagbo et qui selon M. Anoh, a importé les engins, n'a-t-il bénéficié d'aucune exonération douanière ? Cela paraît très invraisemblable. Ensuite, M. Anoh affirme qu'il a payé les frais de montage des engins. Là aussi, toutes les investigations que nous avons faites ont révélé qu'il n'y a aucune expertise en Côte d'Ivoire, capable de monter ces engins chinois, qui n'ont jamais été commercialisés en Côte d'Ivoire, encore moins en Afrique noire francophone. D'ailleurs, dans son interview, M. Anoh a reconnu que ces engins " sont surtout utilisés aux Etats Unis ". Quelles sont donc les personnes qualifiées qui, dans ce pays, ont monté ces engins et ont établi une facture à cet effet, non comprise dans le prix d'achat des engins ? Serait-ce donc le vendeur des engins qui a fait venir une équipe d'experts en Côte d'Ivoire pour le montage des machines et qui a établi une autre facture ? " Oui, une équipe d'experts accompagnait les engins mais les frais de montage étaient compris dans la facture globale d'achat. Ils n'ont pas établi une autre facture. ", Précise une source bien au fait de cette affaire d'achat d'engins. Ici également, un audit devrait pouvoir rétablir la vérité.

L'expropriation de Forexi-Sa.
Selon M. Gilbert Anoh, la gestion des machines devait être confiée à Forexi-Sa. Mais il ajoute que cette idée a été abandonnée après l'achat des machines parce qu'un état des lieux venait de révéler que Forexi-Sa devait la somme 2 milliards à des tiers. Ce qui signifie clairement que, selon M. Anoh, au moment où le Cgfcc prenait la décision de confier la gestion des engins à Forexi-Sa, il n'était pas informé de ce passif de 2 milliards. Ce qui est loin d'être la vérité. Car en réalité et cela est confirmé par toutes les sources contactées, c'est après l'état des lieux des finances de Forexi-Sa que l'idée a été arrêtée de doter Forexi-Sa de ces engins afin de lui permettre, par leur exploitation, d'améliorer sa situation financière. Cet état des lieux avait d'ailleurs été fait pour toutes les sociétés acquises par les ex -dirigeants de la filière qui sont en prison. Ainsi, pour exemple, à Sifca-Coop, l'état des lieux avait révélé un passif de 4 milliards. C'est donc après avoir découvert le passif de Forexi-Sa que le Cgfcc a introduit le dossier d'achat des engins auprès du Fimr (Fonds d'investissement en milieu rural ", et que les deux ministres de tutelle (Economie et Agriculture), ont donné leur accord, pour l'achat de desdits engins. Vu qu'il s'agissait de sauver une société appartenant à la filière. Au total, l'on peut retenir que les accusations de surfacturation dans l'achat des engins, portées contre le Cgfcc, loin de s'estomper, se sont plutôt amplifiées après l'interview de M. Anoh publiée dans nos colonnes. Vu les nombreuses zones d'ombre qui persistent. Mais seul un audit pourra situer tout le monde sur ce qui s'est passé en réalité. C'est pour cette raison que devant les accusations qui fusent de partout contre le Cgfcc dont le mandat s'achève dans trois mois (fin juin), les autorités compétentes devraient lancer un audit sur ces achats. Afin de lever tous les doutes qui commencent à s'emparer des bailleurs de fonds qui font (osons la musique) de la bonne gestion des ressources de la filière café cacao, l'une des conditions à remplir pour atteindre le point d'achèvement de l'initiative Ppte qui ploie déjà sous le poids des promesses de tous ordres.
ASSALE TIEMOKO

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