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Politique Publié le lundi 15 mars 2010 | Le Mandat

Interview / Boa Amoakon Edjampan Tiémélé (vice-président du Pdci-rda, député et président du Conseil général d’Abengourou): "Les assassins de nos militants seront identifiés et punis"

« Aucun article de la constitution ne doit être pris pour dissoudre la Cei »
Dissolution de la Cei et du gouvernement, manifestations de protestation des militants, tuerie des manifestants, élections etc…, le vice-président du PDCI a fait le tour de toutes ces questions sans faux-fuyants. Dans un franc-parler qui l’a toujours caractérisé, le parlementaire a rassuré les Ivoiriens et réitéré l’engagement de son parti à revenir au pouvoir par les urnes. Entretien.

M. le président, le 12 février dernier, le président Laurent Gbagbo avait usé de l’article 48 de la Constitution pour dissoudre la Cei et le gouvernement. Quels commentaires cela vous inspire ?
Les commentaires ont été largement faits par nos partis respectifs, et spécialement par le Rhdp. En cette période difficile que travers la Côte d’Ivoire, nous avons été surpris de voir qu’au moment où nous nous acheminions vers la fin de la crise, le chef de l’Etat pose un acte difficilement acceptable et portant un grave discrédit sur les institutions de la République. La Cei est une Institution de la république de Côte d’Ivoire, instaurée par une loi qui en fait pratiquement l’égale des autres institutions. Et donc, quelle que soit la crise que nous connaissons, le chef de l’Etat ne peut utiliser aucun article de la Constitution pour dissoudre une telle Institution. C’est comme si le président de la république prenait la décision de dissoudre l’Assemblée nationale ou la Cour suprême. C’est pour cela que nous disons qu’il s’agissait là d’un coup d’Etat annonciateur d’une dictature que nous ne pouvons accepter. Il fallait réagir et nous l’avons fait. Le gouvernement que nous avons, compte-tenu de la situation que nous vivons, est un gouvernement d’union nationale. Il regroupe tous les protagonistes de la crise ivoirienne depuis l’accord de Marcoussis. Un tel gouvernement ne peut être dissout sous prétexte qu’on ne veut plus voir des ministres aux ordres des partis politiques. C’est donc un coup que les partis de l’opposition ne pouvaient pas accepter.

Le Rhdp soutenait le maintien de Mambé et la Cei. Au finish, celui-ci est parti, même si son remplaçant est issu des rangs du Rhdp. Pour vous, est-ce une victoire ou une défaite ?
Notre réaction est à la mesure de l’acte fort qui a été posé pour la dissolution de la Cei. Notre réaction visait à rétablir la légalité en rendant nul et de nul effet cette décision du chef de l’Etat. Et nous avons obtenu ce que nous voulions, c’est-à-dire, le maintien de la Cei dans son format initial, tel que prévu par les accords. Nous avons dit en clair que les raisons évoquées pour faire démissionner Mambé ou le démettre n’étaient pas fondées. Il n’y a pas eu de preuves, ni même du début d’intention de frauder. Celui qui veut frauder cache ses instruments de fraude, il ne les expose pas. On voulait simplement transformer Mambé en bouc émissaire. Nous étions à deux doigts de la publication de la liste définitive, le contentieux était pratiquement à son terme et il fallait tout empêcher. C’était l’ambition de ceux qui ne voulaient pas que les élections aient lieu, dans les délais prévus.

Peut-on savoir, selon vous, les raisons de l’acharnement du camp présidentiel sur la Cei ?
Je viens de vous dire que nous n’étions pas loin de la conclusion du travail colossal mené par la Cei. Pour nous autres, intéressés et impliqués, c’est que le camp présidentiel a toujours combattu la Cei dans tout ce qu’elle faisait. Que ce soit l’installation des membres de la Cei, que ce soit le déblocage des moyens pour accomplir des tâches précises ou dans l’application des différentes propositions faites par la Cei, on a toujours senti, non seulement une réticence, mais quelquefois, une volonté de rejeter ce qui venait de la Cei. Nous n’avons pas pensé un seul instant, qu’à l’approche de la fin du processus, l’équipe de Mambé, surtout félicitée par le chef de l’Etat, puisse être rejetée comme malpropre.

M. le président, pendant cette crise, on a vu le Rhdp sortir de ses salons feutrés pour occuper les rues du pays pendant des jours. Pensez-vous que cette action a été un succès ou un échec ?
Je crois qu’il faut féliciter nos militants, les jeunes et les femmes qui, à l’appel des partis du Rhdp, se sont levés pour dire non à la dictature, à ces décisions arbitraires, instaurées en mode de gouvernement. C’était un coup d’Etat et donc, nos militants ont compris cela. Il fallait répondre à l’appel du parti. Souvent, les gens ont tendance à croire que les responsables n’ont pas joué leur rôle. Ils ont joué leur rôle parce qu’il a fallu dès le départ, dans les 24 heures, réagir à cette décision. Je suis allé à l’ENA pour la sortie d’une promotion où je représentais l’Assemblée nationale. C’est à cette occasion que le chef de l’Etat a annoncé, en des termes violents, ce qu’il comptait faire. Aussitôt, nous nous sommes réunis et nous avons attendu cette décision. Chaque parti membre du Rhdp s’est réuni avec ses organes dirigeants, et le lendemain, nous nous sommes retrouvés ensemble pour dire que cette décision de dissoudre la Cei et le gouvernement était inacceptable. Je crois que c’est l’occasion pour féliciter nos militants qui ont entendu notre appel et qui ont répondu en faisant bien ce qu’il fallait faire. Vous avez vu auparavant, ce que nos jeunes ont démontré dans l’affaire de la Rti. Ils ont bravé toutes les menaces et autres intimidations et, à travers une grande mobilisation, ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord que notre télévision devienne un instrument à la solde de Gbagbo et de Blé Goudé. Il faut entendre par là que le Pdci et la famille des houphouëtistes, ne sont pas adeptes de la violence pour la violence. Nous n’avons jamais demandé que nos militants aillent se faire tuer. Rappelez-vous mars 2004, pour une simple marche, on est allé assassiner nos militants jusque dans leur cour et dans leur maison, sans leur donner l’occasion de manifester. Nous avons jugé utile de ne rien faire pour éviter à la Côte d’Ivoire, une situation beaucoup plus grave.

M. le président, en quelques années d’opposition, le Pdci n’a-t-il pas assez payé, quand on se rappel 2004 et maintenant 2010 ?

En félicitant nos militants pour le comportement exceptionnel qu’ils ont eu lors des récents événements, je pense surtout à tous ceux qui sont morts, à tous ceux qui ont été blessés, à ces destructions de biens. Nous nous inclinons devant les morts, nous sommes dans le cadre du processus démocratique et on ne doit pas se permettre de tuer des manifestants aux mains nues. On a tiré sur des gens qui n’avaient ni bâtons, ni cailloux, et qui n’ont lancé aucun projectile sur les Fds. Nous allons exiger une enquête, afin que tous ceux qui ont tiré des coups de fusil et tué nos militants, soient clairement identifiés. Tout compte fait, nous qui sommes houphouëtistes, allons continuer le combat, parce qu’il faut à tout prix, qu’il y ait les élections. Nous sommes dans un régime démocratique où le peuple détient le pouvoir qu’il lègue à des personnes pour le représenter. Ce peuple-là, ne doit pour aucune raison au monde, être objet de brimades inutiles. Et le Pdci se battra jusqu’à ce que les choses s’améliorent.

M. le président, après des moments difficiles que viennent de traverser le Rhdp, son allié le Pit et les militants, quel message lancez-vous à l’endroit de ces derniers ?

Mon message est avant tout, un message de remerciements à l’endroit de nos militants, de nos sympathisants et de tous les Ivoiriens qui se reconnaissent dans notre combat et nous apportent leur soutien. Il faut retenir que le Pdci et la grande famille des houphouëtistes, n’ont pas la culture de la violence. Mais nous avons nos armes que nous savons performantes. Ces armes sont des armes démocratiques. Avec tous, nous avons remporté des victoires, mais l’enjeu essentiel demeure les élections en Côte d’Ivoire. Le Pdci et les autres membres de la grande famille des houphouëtistes se battront jusqu’à l’obtention des élections attendues par tous. Que les militants restent très mobilisés, surtout qu’ils restent à l’écoute de la haute direction du Rhdp pour des futures batailles.
Que la base continue de faire confiance à la direction.

Entretien réalisé par Rodolphe Flaha
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