Aimé Giscard Gobey, ingénieur génie-électrique,option électrotechnique, et directeur régional Abidjan-nord de la Compagnie ivoirienne d'électricité (Cie) a bien voulu nous instruire sur les conséquences des branchements anarchiques et les surcharges de prises électriques.
Quelle est la meilleure manière de faire une installation électrique sécurisée ?
Toutes les installations sont faites sur la base de normes. En Côte d'Ivoire, nous nous alignons essentiellement sur les normes européennes. Parce que tous les équipements que nous mettons en œuvre, sur le réseau électrique, sont de fabrication européenne. Nos conseillers électriques sont des techniciens de Edf (Electricité de France). Ils ont accompagné techniquement l'Eeci (Energie électrique de Côte d'Ivoire). Et quand la Cie (Compagnie Ivoirienne d’Electricité) est arrivée, nous avons continué cette coopération technique avec Edf. Securel, qui est une structure d'Etat, rattachée au Laboratoire du bâtiment et des travaux publics, a la responsabilité de délivrer les attestations de conformité pour toute installation nouvelle, avant que la Cie ne vienne faire l'alimentation en électrique du bâtiment. C'est valable pour les habitations, les marchés ou tout autre ouvrage.
Pourquoi trouve-t-on alors des branchements anarchiques dans des bâtiments qui ont des abonnements et dont les propriétaires sont censés avoir suivi la bonne procédure ?
Une installation anarchique peut partir d'une installation qui a été validée, qui respectait les normes au départ. Et puis, quand on a fait les modifications du bâtiment, on ne les fait pas valider par Securel.
Je vous donne un exemple vécu quand j'étais à Abidjan sud. A l'intérieur de l'immeuble qu'on appelle ''Le bon samaritain'', il y a des installations anarchiques. Ce qui n'était pas le cas au départ. L'immeuble est dans un état de délabrement avancé. Il n'y a pas une gestion commune du bâtiment. Ceux qui gèrent l'immeuble font des installations anarchiques. Ils installent pêle-mêle les fils. Du coup, les habitants ne sont plus en sécurité. Dans les quartiers comme Adjouffou, Gonzagueville, Abobo-derrière rail, des gens se font passer pour des revendeurs. Or, dans la distribution d'électricité en Côte d'Ivoire, la notion de revendeur n'existe pas. La rétrocession est interdite. Aussi, les gens passent leurs fils électriques autour des pointes des toitures. Les conséquences sont multiples. Avec l'oxydation, le fil se dénude et entre en contact avec la pointe. Du coup, toute la toiture du bâtiment se retrouve sous tension. Si par malheur, quelqu'un monte sur le toit pour fixer une antenne, par exemple, il peut être électrocuté.
Cela est-il déjà arrivé ?
Oui, à Abobo-derrière rail. Un jeune homme qui était allé fixer une antenne au-dessus d'un toit sous tension, a été électrocuté. Il n'y a pas que les toitures, les installations anarchiques peuvent également mettre les potelets, qui sont en métal, sous tension. Il y a risque d'électrocution par contact indirect. Souvent, on creuse à peine le sol dans les quartiers pour y enterrer les fils, sans aucune norme. Lorsque le fil est blessé et qu'il pleut, à cet endroit l'eau peut stagner. Le premier individu qui va mettre le pied dedans sera électrocuté ou électrisé. (Électrocuté, c'est lorsqu'il meurt à la suite du choc électrique, électrisé c'est lorsqu'il reçoit simplement une décharge électrique). Nous avons eu un cas pareil à Koumassi. Une fillette de 11 ans, qui allait à l’école, après la pluie, a mis le pied dans une flaque d'eau qui comportait un fil mal enterré et dénudé. Elle a été électrocutée. C'est dommage.
Avez-vous enregistré plusieurs cas pareils ?
Oui. Malheureusement, l'information ne remonte pas toujours jusqu'à nous. Quand les gens savent que ce sont les installations anarchiques qui ont provoqué l'électrocution, ils préfèrent gérer cela entre eux. Ce sont donc les contacts indirects. Un fil mal installé qui peut mettre sous tension, une toiture, un potelet, etc. Ou bien un câble blessé, à l'air libre, représente un danger. Si une personne sort d'un maquis et vient pisser dessus, elle sera électrocutée.
Rien qu'en urinant sur le câble ?
Oui. Si vous urinez sur un fil qui est sous tension, le courant monte vers vous, puisque votre geste est continu : l'eau conduit le courant. Ce sont les dangers qui guettent les populations qui habitent dans les quartiers où il y a des installations anarchiques. En dehors de ces faits, il faut aussi savoir qu'à l'intérieur des maisons, on branche tout sur les prises. C'est dangereux. La prise peut être surchargée, c'est aussi une forme d'installation anarchique même si l'installation de la maison est normalisée et vérifiée.
Ya-t-il un lien entre ces installations anarchiques et les courts-circuits dont on parle très souvent ?
Le court-circuit, c'est lorsque le courant emprunte un circuit court. C'est le retour du courant à la source sans passer par la voie normale.
Il est dû à un défaut entre un conducteur de phase et un conducteur de neutre. Quand ces deux fils se croisent, il y a court-circuit. Ce sont des défaillances qui peuvent survenir dans une installation. Souvent, vous avez les souris qui dénudent les fils, et ces fils peuvent se toucher, quelquefois, à l'intérieur de la prise, il y a une vis mal serrée, qui finit par toucher une autre vis. C'est aussi pareil pour les rallonges. Les surcharges peuvent aussi provoquer un court-circuit. Si la prise est surchargée, les points de raccordement chauffent, et il peut y avoir des défaillances qui font que les deux fils entrent en contact. S'il y a surchauffe, l'isolante fond, et entraîne un court-circuit. Il faut savoir qu'une prise a une limite. Il y a des prises de 16 ampères, des prises de 32 ampères, etc. Si vous installez une prise de 16 ampères et que vous branchez une multiprise dessus, il faut s'assurer que les appareils que vous allez brancher sur la multiprise ne dépassent pas les 16 ampères quand ils seront tous en marche. Si vous branchez une multiprise de 32 ampères ou de 40 ampères sur une prise de 16 ampères, vous allez la charger en branchant plusieurs appareils dessus. La prise va péter. Pareil, si vous avez une prise de 32 ampères, et que vous prenez une multiprise de 16 ampères, la multiprise peut prendre un coup par surcharge.
Comment arriver à faire attention à ces détails?
La capacité des prises est inscrite à l'intérieur, sur la partie enfoncée dans le mur.
N'est-ce pas trop demander au profane ?
Celui qui fait les installations le sait.
Très souvent, on arrive dans les habitations quand les installations électriques sont terminées. Le locataire n'a pas le temps de vérifier tous ces détails.
Vous avez toujours besoin d'un électricien à tout moment. N'entrez pas dans une maison sans faire vérifier les installations électriques.
Reconnaissez tout de même que ce n'est pas facile.
Cela peut ne pas être facile pour tout le monde, mais c'est important pour des questions de sécurité. L'électricité, c'est bien utile en termes de commodité, mais c'est un produit dangereux. Faites tout pour faire vérifier vos installations électriques quand vous entrez dans une maison. Le constat est que, très souvent, dans les cuisines, on a une cuisinière électrique, un frigo, un réfrigérateur, qu'on branche sur une seule prise. C'est dangereux. Il faut d'abord vérifier que la prise installée peut supporter les appareils, sinon, vous faites une installation anarchique dans votre cuisine. La prise peut exploser. C'est comme un muscle à qui vous demandez plus d'effort, qu'il ne peut. C'est ce qui se passe aussi avec les transformateurs qui alimentent une partie d'un quartier. Le quartier grandit, mais, on n'installe pas d'autres transformateurs. Arrivé à un moment, il est surchargé, et s'il n'est pas bien protégé, il va brûler.
Quels peuvent être les dégâts d'un court-circuit ?
Lors des courts-circuits, les surcharges prolongées, les prises ou des multiprises vont connaître des échauffements qui vont entraîner des flammes. S'il y a une matière inflammable à côté, l'incendie se déclenche. C'est pourquoi, il faut éviter de garder des produits inflammables à côté des prises et rallonges. Par exemple, une prise derrière un carton, c'est dangereux. En cas de court-circuit, la prise brûle, le feu attaque le carton et la flamme va vite. Mais, si l'installation est correcte, le court-circuit sera tout de suite éliminé parce que le disjoncteur saute. La flamme ne sera pas alimentée. Cela sous-entend qu'il y a un disjoncteur bien dimensionné. Parce qu'un court-circuit dépend du point d'installation où il a lieu. Plus vous êtes loin du disjoncteur, moins il est possible que le disjoncteur saute.
Quelle est la distance maximum tolérée ?
Cela dépend du calibre du disjoncteur et de la description du câble. Il y a beaucoup de paramètres que l'électricien doit connaître. C'est pourquoi, je reviens sur le problème de la rallonge. Si vous utilisez une rallonge de dix mètres, ce n'est pas évident que lors d'un court-circuit, le disjoncteur puisse vous protéger. Vous ne savez pas sur quelle longueur le disjoncteur peut protéger.
Un exemple ?
Quand je déroule ma rallonge dehors sous une bâche pour alimenter ma sono. En cas de court-circuit, ce n'est pas évident que le disjoncteur puisse vous protéger. Vous allez constater, par exemple que votre rallonge brûle, or le disjoncteur ne saute pas. C'est parce que la rallonge a quitté son rayon de protection. Sachez que pour une installation électrique, la section du câble est importante. Pour un câble de 36 ou de 32 mm2, l'impédance (quantité qui détermine l'amplitude du courant pour un voltage donné dans un circuit à courant alternatif) de l'installation n'est pas pareille. Tout conducteur électrique a une caractéristique qu'on appelle la résistibilité. Celle-ci est donnée en ohm/ m. Tous les conducteurs électriques ont une résistance au passage du courant. Le cuivre est meilleur conducteur que l'aluminium, le cuivre résiste moins. Si vous prenez un fil électrique en cuivre, avec une section de 6 mm2, et vous prenez le même fil avec une section de 2,5 mm2, les deux fils n'auront pas la même impédance sur la même longueur. En d'autres termes, la résistance, c'est la longueur divisée par la section. Le gros câble laisse passer plus facilement le courant.
Quel type de câble recommandez-vous ?
Il y a plusieurs types de câble. Il y a des câbles en cuivre, des câbles en aluminium. Vous avez ensuite des câble multibrin et des câble rigides.
Que conseillez-vous aux usagers au niveau de l'utilisation des prises et multiprises?
En général, dans les installations domestiques, vous avez des prises de 10 ampères, 16 ampères, 32 ampères. N'achetez pas des multiprises qui vont au-delà de 32 ampères, parce que vous pouvez surcharger la prise. En fonction des équipements que vous voulez mettre sur une multiprise, il faut vérifier que la multiprise est capable de supporter la puissance de ces équipements. C'est simple, faites la somme de la puissance qui se trouve très souvent sur la plaque des appareils, comparez-la à la puissance de la prise.
Le mécanisme de l'incendie provoqué dans la maison par un court-circuit ou une surcharge au niveau d'une prise est-il le même pour les marchés et autres lieux publics ?
C'est le même principe. La surcharge prolongée, ou le court-circuit.
Toutefois, dans les marchés, ce n'est pas toujours le courant qui cause les incendies. Par exemple, au marché d'Abobo où un incendie s'est produit, il y a deux ans, nos ouvrages étaient installés à l'extérieur. L'incendie est parti de l'intérieur du marché et est venu attaquer nos ouvrages. Dans les marchés, nous faisons les compteurs à l'extérieur, dans des niches. Généralement, on constate qu'un commerçant a un compteur et les autres viennent faire des branchements anarchiques là-dessus, sinon d'autres font des branchements directs.
Interview réalisée par Cissé Sindou et Raphaël Tanoh
Quelle est la meilleure manière de faire une installation électrique sécurisée ?
Toutes les installations sont faites sur la base de normes. En Côte d'Ivoire, nous nous alignons essentiellement sur les normes européennes. Parce que tous les équipements que nous mettons en œuvre, sur le réseau électrique, sont de fabrication européenne. Nos conseillers électriques sont des techniciens de Edf (Electricité de France). Ils ont accompagné techniquement l'Eeci (Energie électrique de Côte d'Ivoire). Et quand la Cie (Compagnie Ivoirienne d’Electricité) est arrivée, nous avons continué cette coopération technique avec Edf. Securel, qui est une structure d'Etat, rattachée au Laboratoire du bâtiment et des travaux publics, a la responsabilité de délivrer les attestations de conformité pour toute installation nouvelle, avant que la Cie ne vienne faire l'alimentation en électrique du bâtiment. C'est valable pour les habitations, les marchés ou tout autre ouvrage.
Pourquoi trouve-t-on alors des branchements anarchiques dans des bâtiments qui ont des abonnements et dont les propriétaires sont censés avoir suivi la bonne procédure ?
Une installation anarchique peut partir d'une installation qui a été validée, qui respectait les normes au départ. Et puis, quand on a fait les modifications du bâtiment, on ne les fait pas valider par Securel.
Je vous donne un exemple vécu quand j'étais à Abidjan sud. A l'intérieur de l'immeuble qu'on appelle ''Le bon samaritain'', il y a des installations anarchiques. Ce qui n'était pas le cas au départ. L'immeuble est dans un état de délabrement avancé. Il n'y a pas une gestion commune du bâtiment. Ceux qui gèrent l'immeuble font des installations anarchiques. Ils installent pêle-mêle les fils. Du coup, les habitants ne sont plus en sécurité. Dans les quartiers comme Adjouffou, Gonzagueville, Abobo-derrière rail, des gens se font passer pour des revendeurs. Or, dans la distribution d'électricité en Côte d'Ivoire, la notion de revendeur n'existe pas. La rétrocession est interdite. Aussi, les gens passent leurs fils électriques autour des pointes des toitures. Les conséquences sont multiples. Avec l'oxydation, le fil se dénude et entre en contact avec la pointe. Du coup, toute la toiture du bâtiment se retrouve sous tension. Si par malheur, quelqu'un monte sur le toit pour fixer une antenne, par exemple, il peut être électrocuté.
Cela est-il déjà arrivé ?
Oui, à Abobo-derrière rail. Un jeune homme qui était allé fixer une antenne au-dessus d'un toit sous tension, a été électrocuté. Il n'y a pas que les toitures, les installations anarchiques peuvent également mettre les potelets, qui sont en métal, sous tension. Il y a risque d'électrocution par contact indirect. Souvent, on creuse à peine le sol dans les quartiers pour y enterrer les fils, sans aucune norme. Lorsque le fil est blessé et qu'il pleut, à cet endroit l'eau peut stagner. Le premier individu qui va mettre le pied dedans sera électrocuté ou électrisé. (Électrocuté, c'est lorsqu'il meurt à la suite du choc électrique, électrisé c'est lorsqu'il reçoit simplement une décharge électrique). Nous avons eu un cas pareil à Koumassi. Une fillette de 11 ans, qui allait à l’école, après la pluie, a mis le pied dans une flaque d'eau qui comportait un fil mal enterré et dénudé. Elle a été électrocutée. C'est dommage.
Avez-vous enregistré plusieurs cas pareils ?
Oui. Malheureusement, l'information ne remonte pas toujours jusqu'à nous. Quand les gens savent que ce sont les installations anarchiques qui ont provoqué l'électrocution, ils préfèrent gérer cela entre eux. Ce sont donc les contacts indirects. Un fil mal installé qui peut mettre sous tension, une toiture, un potelet, etc. Ou bien un câble blessé, à l'air libre, représente un danger. Si une personne sort d'un maquis et vient pisser dessus, elle sera électrocutée.
Rien qu'en urinant sur le câble ?
Oui. Si vous urinez sur un fil qui est sous tension, le courant monte vers vous, puisque votre geste est continu : l'eau conduit le courant. Ce sont les dangers qui guettent les populations qui habitent dans les quartiers où il y a des installations anarchiques. En dehors de ces faits, il faut aussi savoir qu'à l'intérieur des maisons, on branche tout sur les prises. C'est dangereux. La prise peut être surchargée, c'est aussi une forme d'installation anarchique même si l'installation de la maison est normalisée et vérifiée.
Ya-t-il un lien entre ces installations anarchiques et les courts-circuits dont on parle très souvent ?
Le court-circuit, c'est lorsque le courant emprunte un circuit court. C'est le retour du courant à la source sans passer par la voie normale.
Il est dû à un défaut entre un conducteur de phase et un conducteur de neutre. Quand ces deux fils se croisent, il y a court-circuit. Ce sont des défaillances qui peuvent survenir dans une installation. Souvent, vous avez les souris qui dénudent les fils, et ces fils peuvent se toucher, quelquefois, à l'intérieur de la prise, il y a une vis mal serrée, qui finit par toucher une autre vis. C'est aussi pareil pour les rallonges. Les surcharges peuvent aussi provoquer un court-circuit. Si la prise est surchargée, les points de raccordement chauffent, et il peut y avoir des défaillances qui font que les deux fils entrent en contact. S'il y a surchauffe, l'isolante fond, et entraîne un court-circuit. Il faut savoir qu'une prise a une limite. Il y a des prises de 16 ampères, des prises de 32 ampères, etc. Si vous installez une prise de 16 ampères et que vous branchez une multiprise dessus, il faut s'assurer que les appareils que vous allez brancher sur la multiprise ne dépassent pas les 16 ampères quand ils seront tous en marche. Si vous branchez une multiprise de 32 ampères ou de 40 ampères sur une prise de 16 ampères, vous allez la charger en branchant plusieurs appareils dessus. La prise va péter. Pareil, si vous avez une prise de 32 ampères, et que vous prenez une multiprise de 16 ampères, la multiprise peut prendre un coup par surcharge.
Comment arriver à faire attention à ces détails?
La capacité des prises est inscrite à l'intérieur, sur la partie enfoncée dans le mur.
N'est-ce pas trop demander au profane ?
Celui qui fait les installations le sait.
Très souvent, on arrive dans les habitations quand les installations électriques sont terminées. Le locataire n'a pas le temps de vérifier tous ces détails.
Vous avez toujours besoin d'un électricien à tout moment. N'entrez pas dans une maison sans faire vérifier les installations électriques.
Reconnaissez tout de même que ce n'est pas facile.
Cela peut ne pas être facile pour tout le monde, mais c'est important pour des questions de sécurité. L'électricité, c'est bien utile en termes de commodité, mais c'est un produit dangereux. Faites tout pour faire vérifier vos installations électriques quand vous entrez dans une maison. Le constat est que, très souvent, dans les cuisines, on a une cuisinière électrique, un frigo, un réfrigérateur, qu'on branche sur une seule prise. C'est dangereux. Il faut d'abord vérifier que la prise installée peut supporter les appareils, sinon, vous faites une installation anarchique dans votre cuisine. La prise peut exploser. C'est comme un muscle à qui vous demandez plus d'effort, qu'il ne peut. C'est ce qui se passe aussi avec les transformateurs qui alimentent une partie d'un quartier. Le quartier grandit, mais, on n'installe pas d'autres transformateurs. Arrivé à un moment, il est surchargé, et s'il n'est pas bien protégé, il va brûler.
Quels peuvent être les dégâts d'un court-circuit ?
Lors des courts-circuits, les surcharges prolongées, les prises ou des multiprises vont connaître des échauffements qui vont entraîner des flammes. S'il y a une matière inflammable à côté, l'incendie se déclenche. C'est pourquoi, il faut éviter de garder des produits inflammables à côté des prises et rallonges. Par exemple, une prise derrière un carton, c'est dangereux. En cas de court-circuit, la prise brûle, le feu attaque le carton et la flamme va vite. Mais, si l'installation est correcte, le court-circuit sera tout de suite éliminé parce que le disjoncteur saute. La flamme ne sera pas alimentée. Cela sous-entend qu'il y a un disjoncteur bien dimensionné. Parce qu'un court-circuit dépend du point d'installation où il a lieu. Plus vous êtes loin du disjoncteur, moins il est possible que le disjoncteur saute.
Quelle est la distance maximum tolérée ?
Cela dépend du calibre du disjoncteur et de la description du câble. Il y a beaucoup de paramètres que l'électricien doit connaître. C'est pourquoi, je reviens sur le problème de la rallonge. Si vous utilisez une rallonge de dix mètres, ce n'est pas évident que lors d'un court-circuit, le disjoncteur puisse vous protéger. Vous ne savez pas sur quelle longueur le disjoncteur peut protéger.
Un exemple ?
Quand je déroule ma rallonge dehors sous une bâche pour alimenter ma sono. En cas de court-circuit, ce n'est pas évident que le disjoncteur puisse vous protéger. Vous allez constater, par exemple que votre rallonge brûle, or le disjoncteur ne saute pas. C'est parce que la rallonge a quitté son rayon de protection. Sachez que pour une installation électrique, la section du câble est importante. Pour un câble de 36 ou de 32 mm2, l'impédance (quantité qui détermine l'amplitude du courant pour un voltage donné dans un circuit à courant alternatif) de l'installation n'est pas pareille. Tout conducteur électrique a une caractéristique qu'on appelle la résistibilité. Celle-ci est donnée en ohm/ m. Tous les conducteurs électriques ont une résistance au passage du courant. Le cuivre est meilleur conducteur que l'aluminium, le cuivre résiste moins. Si vous prenez un fil électrique en cuivre, avec une section de 6 mm2, et vous prenez le même fil avec une section de 2,5 mm2, les deux fils n'auront pas la même impédance sur la même longueur. En d'autres termes, la résistance, c'est la longueur divisée par la section. Le gros câble laisse passer plus facilement le courant.
Quel type de câble recommandez-vous ?
Il y a plusieurs types de câble. Il y a des câbles en cuivre, des câbles en aluminium. Vous avez ensuite des câble multibrin et des câble rigides.
Que conseillez-vous aux usagers au niveau de l'utilisation des prises et multiprises?
En général, dans les installations domestiques, vous avez des prises de 10 ampères, 16 ampères, 32 ampères. N'achetez pas des multiprises qui vont au-delà de 32 ampères, parce que vous pouvez surcharger la prise. En fonction des équipements que vous voulez mettre sur une multiprise, il faut vérifier que la multiprise est capable de supporter la puissance de ces équipements. C'est simple, faites la somme de la puissance qui se trouve très souvent sur la plaque des appareils, comparez-la à la puissance de la prise.
Le mécanisme de l'incendie provoqué dans la maison par un court-circuit ou une surcharge au niveau d'une prise est-il le même pour les marchés et autres lieux publics ?
C'est le même principe. La surcharge prolongée, ou le court-circuit.
Toutefois, dans les marchés, ce n'est pas toujours le courant qui cause les incendies. Par exemple, au marché d'Abobo où un incendie s'est produit, il y a deux ans, nos ouvrages étaient installés à l'extérieur. L'incendie est parti de l'intérieur du marché et est venu attaquer nos ouvrages. Dans les marchés, nous faisons les compteurs à l'extérieur, dans des niches. Généralement, on constate qu'un commerçant a un compteur et les autres viennent faire des branchements anarchiques là-dessus, sinon d'autres font des branchements directs.
Interview réalisée par Cissé Sindou et Raphaël Tanoh