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Société Publié le mardi 16 mars 2010 | Fraternité Matin

Abus sexuel dans l’église : Le Cardinal Agré se prononce à la pédophilie

Que pensez vous de ce problème d’homosexualité dans l’Eglise qui fait la «Une» des médias internationaux?

L’homosexualité est une déviance des instincts sexuels. Or, il ne faut pas banaliser l’acte sexuel. L’acte sexuel n’est pas comme le boire et le manger, ainsi que le disent certains. Cette philosophie est fausse, absolument fausse parce que celui qui ne mange pas, qui ne boit pas meurt à la longue. Mais la personne qui n’a pas de relations sexuelles avec une femme, ou avec un homme, se grandit au contraire. Elle se donne beaucoup de force, d’énergie. Ce n’est pas à banaliser dans ce sens-là. Les gens se laissent emporter par le vent. Partout, on a laissé tomber l’éthique. Or, s’il n’y a pas d’éthique, il n’y a pas de morale et il n’y a pas de société possible.

Chacun peut faire ce qu’il veut, quand cela lui semble bon, et alors le bon et le mauvais se mêlent, et l’on a des déviances que l’on est entrain de vulgariser. Quand nous étions jeunes, on nous disait que l’homosexualité était le péché des Blancs et des Arabes. Mais je ne pense pas que les Africains noirs soient déjà tombés dans ce travers. En tout cas, je ne pense pas que cela soit commun dans le clergé ici (Ndlr, en Côte d’Ivoire) pour le moment. Et je pense que quand on regarde la télévision, tout ce qui se passe, il peut y avoir l’effet d’imitation. Mais il faut éviter ces choses. Vivre dans la chasteté, c’est ce que nous avons choisi et cela va jusqu’à la protection de la virginité.



Vous pensez qu’aujourd’hui encore, on peut vivre la chasteté?

Oui, on peut vivre chaste et on doit le faire. C’est très bon. Quelqu’un m’a demandé un jour à Man: “Comment se fait-il que tu restes longtemps avec nous, tu as toujours la même forme, est-ce que tu vas en Europe changer ton sang comme le font d’autres?” Je lui ai répondu: “Je ne suis pas riche pour faire cela, mais je vis sans Faf”. Il me demande: “Qu’est-ce que cela veut dire ?...” C’est-à-dire que je vis sans Fumer. Alors, il reprend: “Je suis musulman, je peux le faire”. Je réponds: “Je vis sans alcool et cela me donne la force”. Il réplique: “ça aussi en tant que musulman, je peux le faire” Mais pour l’autre F. je lui ai dit: “Regarde comment je vis. Je vis sans Femmes”. Là, il répond: “Cela, moi je ne peux pas le faire. Parce que j’aime trop les femmes”. Je lui ai dit: “C’est ton choix, le mien, c’est de vivre sans femme et cela peut se faire. Cela maintient jeune”. Il ne faut pas créer des complexes inutiles disant que c’est un boulet que l’on traîne. On a de la joie à être chaste.



Oui, mais…

Même ceux qui sont mariés ne couchent pas tous les soirs avec leurs femmes. Les femmes vont en voyage, eux également deux, trois fois, pendant deux, trois mois. Je ne pense pas que tout le monde soit dévergondé au point d’avoir des troisièmes et quatrièmes bureaux. Je crois qu’il faut relativiser les choses. L’instinct sexuel est quelque chose de naturel, mais il n’est pas réservé aux Africains. La fécondité n’est pas une valeur uniquement africaine. La preuve en est qu’en Europe aussi, il y a beaucoup de déviances. Nous ne voulons pas entrer dans ces déviances. Il faut faire un effort, que ce soit en Europe, en Asie ou en Côte d’Ivoire. Il y a une ascèse, il faut une certaine mortification, et se dire que donner sa vie, donner son corps, donner son âme, son esprit à Dieu, c’est une bonne chose.



Eminence, vous êtes d’une certaine époque. Nous parlons d’aujourd’hui, des jeunes.

Il y a des jeunes qui sont chastes. Je parle beaucoup avec les jeunes filles. L’une d’elles âgée de 23 ans m’a dit un jour qu’elle est allée faire un examen gynécologique, et le médecin a été surpris de constater qu’elle n’était pas encore “décapsulée”. La fille lui a répondu qu’il est le premier garçon qu’elle rencontrait. Et elle lui a dit : “Allez-y vieux bouc”. Elle l’a planté là et elle s’est rhabillée. Quand j’étais vicaire général, il y a une dame qui est venue me voir un matin et qui m’a dit: “Je vous prends à témoin. Voilà, un homme m’a donné ce chèque de deux millions pour que je me donne à lui, je ne veux pas le faire. Je vais déchirer ce chèque devant celui qui me l’a donné, et vous aurez de mes nouvelles. Si quelque chose m’arrive, je vous prends à témoin”. Elle est partie, a déchiré le chèque, l’a mis dans sa bouche et l’a recraché à la figure du monsieur, en lui disant: “Je ne suis pas de la chair à vendre”. Il y a des gens magnifiques dans ce pays. En Europe également. Partout. Il y a des gens qui sont tentés et qui disent: “Ecoute, va te faire cuire un œuf”.



Dans le cas des prêtres…

Les jeunes prêtres, j’en connais beaucoup qui sont chastes. Il ne faut pas croire que tous les prêtres barbotent. Nous ne sommes pas meilleurs que les autres, mais à un moment donné, nous avons demandé à Dieu de nous faire la grâce de lui appartenir totalement. Je suis sûr qu’il y a des gens qui font des efforts héroïques, pour dire non. Et nous sommes très bien ainsi.



Quel regard jetez-vous sur ce qui se passe actuellement en Europe?

C’est déplorable ! Les gens peuvent se ressaisir, qu’il le fasse, ce n’est pas à nous de leur donner des leçons. Nous avons assez de choses à régler nous- mêmes. Il faut aller de l’avant. Nous sommes tous de la même Eglise, nous sommes tous de la même humanité, et je ne veux pas juger les autres. Nous avons encore la possibilité d’aller à grands pas vers la sainteté. Pâques arrive, c’est la Pâque de la résurrection. Ressuscitons tous.



Ne pensez-vous pas que cette histoire ternit l’image de l’Eglise d’une certaine manière?

L’image de l’Eglise est contrastée. Ici, elle est bien vue. Ailleurs, ce n’est pas le cas. Et ainsi de suite. L’Eglise, c’est l’humanité incarnée. Il ne faut pas la voir comme des chérubins et séraphins qui se promènent là haut. Ce sont des hommes incarnés, il peut y avoir des chutes. Ici, comme en Europe, nous ne sommes pas de ceux qui jugeons les autres. Cette situation ternit l’image de l’Eglise, c’est vrai, mais il n’y a pas que l’Eglise dont on ternit l’image. Il y a d’autres personnes qui ternissent l’image de tas de bonnes institutions. Prions Dieu pour que nous soyons un peu moins mauvais, que nous soyons des saints.

Propos recueillis par Marie-Adèle Djidjé
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