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Économie Publié le mercredi 17 mars 2010 | Nord-Sud

Emploi : 227 jeunes vivent le miracle norvégien à Grand-Bassam

Le projet-pilote d’insertion socioéconomique, financé par l’ambassade de Norvège à hauteur 72 million de Fcfa et exécuté par le programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), tient ses promesses.

Le président de l’Association des pré-collecteurs d’ordures ménagères de Grand-Bassam, Antoine Kohossan Lamien et trois autres membres de son organisation sont satisfaits. Grâce au projet d’insertion socioéconomique mis en route par l’ambassade de Norvège, ils sont sortis du désœuvrement. Courant décembre dernier, la représentation diplomatique a mis à disposition les fonds nécessaires à la création d’un projet. Ils se sont spécialisés dans la pré-collecte des ordures ménagères. A l’aide d’un motoculteur offert par le donateur, ils arpentent les différents quartiers de la ville à la recherche d’ordures ménagères. L’équipe travaille 6 jours sur 7. L’évolution des activités donnent à espérer. Antoine et son groupe peuvent déjà rêver. Ils envisagent de devenir une entreprise viable. Mais le gros problème est que l’engin n’est pas adapté. « Ce qui rend le travail pénible quand il s’agit de le vider. Cela nous retarde. Or, plus on gagne en temps, plus on gagne de l’argent», dit-il. Ils ont besoin d’un camion-benne. «On aimerait avoir un camion de type benne. A défaut, nous souhaiterions avoir un autre engin pour être plus efficace», ajoute le jeune entrepreneur. En effet, le portefeuille-clients ne cesse de s’élargir. Mais la difficulté, ce sont les retards accusés dans le paiement. Certains abonnés tentent souvent de les faire tourner en bourrique. Malgré tout, les perspectives sont bonnes. A Odoss, grand quartier précaire situé en plein centre ville, se trouve la Coopérative de fabrique d’indigo et de textile (cofit), spécialisée dans la confection du pagne. La coopérative qui regroupe une quinzaine de femmes a également bénéficié, a reçu du même partenaire des financements. Selon la présidente, Yvonne Kouadio, par ailleurs responsable de la Coopérative d’entraide des femmes de Grand-Bassam (coefeba), le programme est une bouffée d’oxygène.

Oslo change la vie !

Elles ont augmenté leur capacité opérationnelle et amélioré la qualité. Elles utilisent des tissus mieux élaborés et de la cretonne, particulièrement des toiles de coton plus rigides. Mais aussi, de la bonne teinture. Elles réalisent désormais des pagnes, des serviettes de table, des draps. Les commandes se sont accrues. Une année après le démarrage, le bilan est plutôt flatteur. Elles ont confectionné 3.067 pagnes indigo (démarrage projet en décembre 2008 et début de production en février 2009), qu’elles ont vendus dans la totalité. Soit 100%. La coopérative s’est attaché les services d’un formateur, question de renforcer les capacités des membres. « Nous avons un problème d’espace. Nous voulons un espace bien construit à l’intérieur duquel, nous aurons un magasin de stockage. Nous voulons à la longue avoir une machine pour coudre les draps et coussins», souhaite la présidente Yvonne Kouadio. Mais elles ne s’arrêtent pas là. Elles voient plus loin : professionnaliser davantage le métier. Comme ces femmes, des hommes qui ont eux aussi reçu l’aide, exercent avec succès dans le même domaine. En effet, la Coopérative de fabrique de «batik» (tissu coton associé avec la cire de bougie) que dirige Gaoussou Lougué, est en pleine expansion. C’est une équipe de 10 personnes. Les jeunes qui ont appris le métier sur le tas, confectionnent des robes, des ensembles boubou pour hommes. A peine 5 mois de présence sur le terrain, et ils croulent sous le poids de la demande. Karim Konaté Karim et Oumar Traoré, tous deux confectionneurs se disent satisfaits du projet qui les met à l’abri du grand chômage qui frappe Bassam. «Ce projet est bien venu. A Bassam, il n’y’a pas d’emploi à part la pêche. Or, tout le monde ne peut pas aller sur l’eau. Les choses commencent bien. Nous avons foi en ce projet», se félicite Karim Konaté. Pour sa part, le président Lougué, est à la recherche d’une machine à coudre plus équipée pour les vêtements. Si ces catégories socioprofessionnelles semblent mieux se porter, ce n’est pas le cas pour les pécheurs qui ont reçu les fonds. Au quartier France et à Moossou 2, il faut dire que la moisson n’est pas très abondante. A cause de la chaleur, les poissons se font rares. Pour le secteur de la pêche, les aléas climatiques n’ont pas permis de mieux conduire le projet. Les fonds n’ont pas été donnés au moment opportun. La pêche est une activité saisonnière et la période n’est pas propice. Résultats, ils reviennent bredouilles à chaque fois. «Nous sommes dans une période où on n’attrape pas de poissons. Présentement, la marée est très basse. Nos barrages sont au large. Or, quand il fait chaud, les poissons sont en profondeur difficile donc de les capturer. Ce dimanche, je suis allé sur l’eau, je n’ai eu aucun poisson», se désole un membre de la coopérative des pêcheurs du quartier France qui regroupe 8 pêcheurs et 2 mareyeuses. A cause de ces difficultés, il plaide que l’autre partie du fonds soit décaissée par le Pnud pour l’achat de matériels de pêche. «Nous avons reçu une partie des fonds, nous attendons l’autre partie. Avec ce que j’ai reçu, je n’ai pu m’acheter que 13 filets alors qu’il en faut une cinquantaine surtout que pendant cette période, pour avoir du poisson c’est difficile. Il en faut plus pour espérer avoir un peu», fait-il remarquer. Au deuxième quartier de Moossou, ce n’est pas aussi le succès. Le choix a été mal fait. On n’a prévu que des nasses de machoirons et de crevettes utilisables seulement en mai. Conséquence, on ne pêche pas grand’ chose. Christophe Serh, nouveau président de la coopérative des pêcheurs de ce quartier est amer. «Nous avons acheté 5 pirogues avec les fonds, 500 nasses de machoirons et 500 autres pour les crevettes. Nous avons essayé de mettre une dizaine dans l’eau. L’eau étant salée en cette période, les nasses se sont dégradées. On a été obligé de les retirer de l’eau. Or, c’est la période des crabes qui doit prendre fin à l’approche des grandes pluies. Il nous faut des pièges à crabes fabriqués à l’aide de fer et de fil à courant. Nous n’en avons pas. Nous nous débrouillons avec des pièges vieillissants et presque inefficaces. Il nous faut les renouveler», se plaint-il. Malgré tout, les donateurs espèrent que les crédits seront remboursés à temps (3 ans) pour permettre à d’autres de bénéficier du fonds.

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
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