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Économie Publié le lundi 22 mars 2010 | Fraternité Matin

Programme économique : Quitus du FMI et de la BM à la Côte d`Ivoire

On peut l'affirmer ouvertement, la Côte d'Ivoire vient de réussir à un examen de passage que bien des spécialistes redoutaient. Le satisfecit des institutions de Bretton Woods relativement à la mise en oeuvre de son programme économique et financier, notamment le respect de l'ensemble des engagements qu'elle avait pris est plutôt rassurant. Et c'est à juste titre qu'au terme de sa revue semestrielle dudit programme, la mission conjointe Fmi-Banque mondiale et Bad a déclaré, à travers Mme Doris Ross, chef de mission du Fmi pour la Côte d'Ivoire " qu'en ce qui concerne le programme économique, en 2009, globalement l'exécution du budget a été en conformité avec les engagements pris". Même si elle a déploré le fait que la mise en oeuvre des réformes structurelles ait été lente. Le terme "lente" prouve que les réformes n'ont pas été suspendues.

Bien au contraire, elles sont en pleine opérationnalisation mais à un rythme pouvant être accéléré. Et la volonté du gouvernement ne manque pas ici, étant entendu que l'aboutissement desdites réformes aussi bien dans la filière café-cacao que dans les secteurs électrique et de l'eau participeront à l'épanouissement des populations et du secteur productif ivoiriens.

En décidant au dernier Conseil des ministres d'allouer 35 milliards de Fcfa au secteur électricité pour faire face à la problématique des délestages qui fragilise le tissu industriel, le gouvernement démontre ainsi qu'il en fait une des priorités actuellement. Quant à la masse salariale qui représente aujourd'hui environ 43% des ressources fiscales, alors que l'Uemoa en exige 35% au maximum dans ses critères de convergence, la mission a reconnu qu'en l'état actuel des choses, sa solution ne peut qu'être à moyen ou à long termes.

Car, les contraintes de sortie de crise et l'incidence salariale des recrutements des ex-combattants dans une armée nationale unifiée, l'intégration des enseignants bénévoles dans le système éducatif et les salaires payés mensuellement à tous ceux qui travaillent à la confection d'une liste électorale fiable et incontestable sont une réalité avec laquelle il faut compter. Mais il faut travailler à enrichir davantage l'Etat, à accroître les ressources fiscales du pays, de sorte qu’une forte hausse des ressources publiques puissent atténuer le poids des salaires dans le budget.

A ce niveau, la poursuite de l'amélioration du climat des affaires s'avère nécessaire pour attirer les investissements et ce faisant, booster durablement la croissance économique. La mission conduite par Mme Doris Ross a apprécié à sa juste valeur, l'apurement par l'Etat des arriérés intérieurs; cela ayant créé les conditions de reprise des activités de nombreux fournisseurs de l'Etat. "La réduction des arriérés et des crédits de Tva s'est poursuivie et le gouvernement a respecté son engagement d'émettre des titres uniquement par adjudication pour se financer", note-t-elle.

Même si la mission projette un tassement de la croissance économique à 3% environ pour 2010 contre 4% annoncé lors de la première revue, ce recul n'est pas imputable à une mauvaise gestion des finances publiques encore moins une mise en œuvre insuffisante du programme économique. Cela est lié aux délestages et à l’incertitude politique provoquée par les reports successifs de l’élection présidentielle, qui impactent négativement l'activité économique nationale. Mme Doris Ross et son équipe ont salué les efforts du gouvernement qui permettent de projeter l'inflation à 2,5% en 2010, alors qu'il y a deux ans, elle avait atteint un taux de 6%. Si cette forte inflation se maintenait, le nombre de ménages ne mangeant pas à sa faim se serait accru.

La grosse fausse note relevée par les conclusions de cette mission vient de la douane dont la faible collecte des recettes douanières est, au dire des évaluateurs, à la base du déficit budgétaire (-1,6% du Pib) enregistré dans l'exécution budgétaire 2009. C'est pourquoi, ils recommandent ici un redoublement d'efforts en 2010 pour mobiliser davantage de recettes douanières. Par ailleurs, les institutions de Bretton Woods, tout en encourageant les autorités pour des progrès significatifs réalisés, recommandent pour 2010 "des mesures courageuses pour éliminer à terme le déficit du secteur électrique en vue d'assurer la pérennité de l'offre d'électricité ainsi que la viabilité des secteurs de l'eau potable et des produis pétroliers, assurer la soutenabilité de la masse salariale, et améliorer le climat des affaires".

S'il y a une leçon à tirer de la conclusion de cette deuxième mission conjointe d'évaluation c'est celle-ci: en dépit des contraintes financières de tous ordres, la gestion de l'économie et des finances publiques s'est faite dans les règles de l'art. Elle a gardé le cap, l'orthodoxie et la bonne cadence qui ont valu un satisfecit global à la première revue réalisée en septembre 2009. Dans sa déclaration de fin de séjour, la mission a d’ailleurs reconnu que: “malgré la crise financière mondiale, la croissance économique en Côte d’Ivoire s’est accélérée pour s’établir à 3,8% en 2009, entraînant une croissance par habitant positive pour la première fois depuis 1998.” Comme quoi, en dépit de ce qui a pu survenir, la Côte d'Ivoire n'a pas changé de trajectoire, celle d'aller jusqu'au point d'achèvement et donc à la réduction substantielle de sa dette extérieure. Préoccupation quotidienne du ministère de l'Economie et des Finances qui, du reste, a eu droit aux félicitations des évaluateurs du programme économique et financier conclu le 27 mars 2009 avec le Fmi.


Gooré Bi Hué
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