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Politique Publié le mardi 23 mars 2010 | Notre Voie

Crise ivoirienne

Les vérités d'un frère de Venance Konan au président Henri Konan Bédié
Après avoir interpellé Venance Konan sur ses écrits virulents contre le Front populaire ivoirien (FPI) et contre le président Laurent Gbagbo, lesquels écrits je ne trouve pas d’à-propos dans une situation de crise grave que nous traversons, je me tourne à présent vers vous, Monsieur le président Henri Konan Bédié, pour une sortie de crise.
L’heure est grave. Et en pareilles circonstances, toutes les démarches doivent être mises en branle à quelque niveau que ce soit pour faire tomber la fièvre de la violence, de la haine et de la vengeance. C'est dans ce contexte que j’utilise ma plume pour faire une croisade de sensibilisation. Je n'ai nullement la prétention d'avoir la science infuse en matière d’analyse politique. D'ailleurs je n'en suis qu'un apprenti. Il arrive des fois où celui qu'on trouve insignifiant tient des propos forts intéressants, justes, logiques et cohérents. Mais ma foi, on le rabroue séance tenante. Peu importe, j’aurais fait mon devoir d'apporter ma contribution sur la sortie de la crise. Je suis cependant convaincu que je trouverai des oreilles attentives, des personnes éprises de paix, de justice et départies de toute passion politique pour porter ma préoccupation au plus haut niveau.
L'imprévoyance et la légèreté de notre politique sous nos tropiques nous rendent complices des déstabilisations de nos pays. La France, en embuscade, saisit cette opportunité pour sauter sur la proie comme un fauve affamé. Son souci est de voir les pays africains s'entre-déchirer et profiter de cette occasion pour piller leurs richesses. La création des zones de confiance en Côte d'Ivoire pendant cette crise en est la parfaite illustration. Nous avons assisté à des ballets incessants de gros camions à container français. Que transportaient-ils ? Eh ! bien, ce sont nos matières premières. Ils assurent leurs arrières, pendant que nous compromettons l'avenir de notre pays et de nos enfants. Qui de nous, de quelques bords politiques que ce soit, a pu lever le petit doigt pour s'insurger contre ce vol organisé ? Nous avons laissé faire parce que nous sommes les complices des français. Nous attendons en retour qu'ils soient nos bras séculiers pour massacrer nos semblables qui refusent de se soumettre. Ne cautionnons pas cette théorie de noircisme qui stipule que là où il ya le noir, il n'ya que demi-vérités, misère morale.
Pour exister renonçons à ces comportements qui ne nous honorent pas. Certes, il existe un pacte entre la France et la Côte d’Ivoire ce n’est pas pour autant une raison valable pour être toujours serviable et disponible à cette
France. Il faut dénoncer ici et maintenant tous ces agissements qui peuvent perdre notre âme, car sans âme nous avons le destin d'une feuille morte. Unissons nos forces contre le fossoyeur de nos cultures et de nos économies.
Tous les acteurs politiques veulent le bien de ce pays, mais chacun à sa vision de l'intérêt du pays. Dans le contexte actuel, il est capital de sauvegarder les meubles, sauvons ce qui peut l'être encore. Sortons d'abord de cette crise et après, on se dira toutes les vérités. Nous mesurerons ensuite nos poids politiques à travers nos programmes de gouvernement et de société. Evitons de mentir et de brandir l’ethnie comme arme de combat pour conquérir le suffrage des ivoiriens. Le colon nous a divisés par l'ethnie et nous a maintenus dans cette situation au point où, pour peu, nous nous regroupons automatiquement par ethnie. Cette façon de voir les choses est dépassée. Construisons notre pays en tenant compte des intérêts des ivoiriens. Désormais notre ethnie est “je suis ivoirien”. En raisonnant de la sorte, nous nous sentirons forts, solidaires et nous serons prêts à défendre notre pays au moindre danger en dépit de nos divergences politiques. La Côte d'Ivoire est une et indivisible. C’est notre héritage commun que nous a laissé feu Félix Houphouët-Boigny. Faisons en sorte que nous ne la détruisons pas sur l’autel de nos intérêts partisans. L’homme oint de Dieu est celui qui est capable de s’élever au-dessus des intérêts particuliers pour l’intérêt général. Jésus Christ ne s'est-il par sacrifié pour sauver le monde ?
Monsieur le président Henri Konan Bédié, je reviens à vous après tous ces détours.
La clé pour dénouer la crise ivoirienne est entre vos mains. Il suffit de dire une parole et la Côte d'Ivoire sera guérie. Il n’y a rien de plus beau, de plus grand et de plus merveilleux que de se sacrifier pour son pays. Quelle gloire n'avez-vous pas connue ? Vous êtes nés avec une cuillère en or dans la bouche. La souffrance que nous vivons actuellement, vous ne l’avez pas connue. Successivement vous avez été ministre, ambassadeur, président de l'Assemblée nationale et enfin président de la République. Quel complément de C.V cherchez-vous encore ? Vous avez gravi toutes les marches de l'échelle sociale. Vous êtes au sommet de la réussite. Un proverbe baoulé dit ceci : “à force de tirer sur la queue de la souris, elle risque de se couper. Vous perdez ainsi votre proie”.
Ne faites pas comme dans l'histoire de la tour de Babel où les hommes d’un village ont décidé d'empiler tous les mortiers de la région pour atteindre le ciel. Il ne reste plus qu’un seul mortier pour que leur œuvre soit accomplie. Que faut-il faire ? Ils font appel au sage du village pour les aider à trouver une solution à leur équation. Ce dernier à force de réfléchir aux problèmes complexes, s’est trouvé dans une situation inconfortable. Pour ne pas perdre la face, il propose qu’on enlève le premier mortier posé pour le placer au-dessus. Il n’en fallait pas plus pour que cette œuvre architecturale s'écroule dans un fracas terrible, écrasant la moitié des assistants. Les autres épouvantés se sont enfuis dans toutes les directions.
Monsieur le président Henri Konan Bédié, c'est à cela que vos suiveurs vous conduisent. Ils ne vous aiment pas. Ils cherchent à se réaliser à travers vous. Ils sont persuadés que la France réussira son coup de faire tomber le régime du président Laurent Gbagbo et qu’ils trouveront des postes ministériels ou de quoi à assouvir leur folie de grandeur. C'est pour cette raison qu’ils vous conduisent à l’abattoir. Ah ! Le nègre, il croit facilement. Tout ce qui est blanc est beau et tout ce qui est noir est laid. Un frère de Yamoussoukro (notre région) me disait en son temps ceci : “M. Charles Konan Banny sera le président de la République de Côte d'Ivoire. La France en a décidé ainsi”. A l’annonce de cette nouvelle, j’ai été pris de panique parce que je voyais la démocratie “foutre le camp”. Je lui ai fait savoir que si le président Gbagbo est informé alors le coup de la France ne marchera pas. Le temps m’a donné raison. Arrêtons de jeter des peaux de banane et allons à l’essentielle. A quand comprendrons-nous que beaucoup d’eau a coulé sous le pont ?
Monsieur le président Henri Konan Bédié, quand vous étiez au pouvoir, vous avez pris un mandat d'arrêt international contre M. Alassane Dramane Ouattara sous le prétexte (fallacieux ?) qu'il est étranger. Pourquoi aujourd’hui est-il votre allié ? Etes-vous capable de vendre votre pays à un étranger ? Vous me direz que c’est une stratégie politique. Les ivoiriens ne sont pas dupes. Attention à ces actes dangereux. Si vous arrivez par extraordinaire à écarter le président Laurent Gbagbo, qui de vous deux sera le président de la République ?
N’allons-nous pas assister à une bataille épique entre Ouattara et Bédié ? Pendant ce temps que devient le peuple ? Nous ne voulons plus être les moutons du sacrifice. Les victimes de guerre sont assez nombreuses. Elles attendent qu'on s'occupe d’elles. Ce sont des électrices potentielles.
Je vous invite à renoncer à cette alliance avec ADO. Votre crédibilité est fortement entamée. Ne savez-vous pas que le président Houphouët-Boigny n’est plus en odeur de sainteté avec vous ? Qu’avez-vous fait de Yamoussoukro ? Vous avez programmé la déchéance de la ville natale de votre bienfaiteur. Vous êtes responsable de ce qui vous arrive. N’accusez personne. Vous utilisez en plus le nom Houphouët pour faire des alliances contre nature (RHDP). Aujourd'hui nous assistons à la destruction de la Côte d'Ivoire par le RHDP. Ce que n’aurait pas fait Houphouët. Pour sortir de ce tourment, vous avez besoin de vous repentir.
Quand vous étiez aux affaires du pays, le cacao ivoirien n'avait aucun problème sur le marché international. Avec l’avènement du président Laurent Gbagbo au pouvoir, un montage grossier fait dire que ce sont les enfants qui travaillent dans les plantations de cacao. M. Bédié ne dit rien. Ce n'est pas juste. Par ces agissements, vous créez de sérieux torts à la Côte d'Ivoire, votre pays que vous prétendez aimer.
En 1999, le coup d'état du général Robert Gueï a fait de vous un exilé politique. Il a fallu l'intervention du président Laurent Gbagbo pour mettre fin à cet exil.
Voici autant de méfaits à votre charge. L’heure est venue pour corriger le tir et de vous faire pardonner. Le chemin que vous avez emprunté est sans issue. Il ne faut pas se leurrer. Persister dans l’erreur sera fatal pour vous. En voulant envers et contre tous devenir président de la République, vous faites du mal au PDCI. Les Ivoiriens, même ceux de ton camp, savent que face à Alassane Ouattara vous ne ferez pas le poids. Votre entêtement fera disparaître le PDCI d’Houphouët. L'histoire retiendra que M. Bédié à flirté avec la France et sa rébellion pour attaquer la Côte d'Ivoire. Voyez-vous, votre âge ne vous permet plus de conduire les affaires de l'Etat. Il faut savoir sortir de ce bourbier dignement et les Ivoiriens te sauront gré. Rejoignez le président Laurent Gbagbo pour qu’ensemble vous meniez le combat de la conquête de notre souveraineté. Après votre échec avec la France, revenez dans la République. Ainsi vous donnerez une chance de survie au PDCI, qui, quoi qu'on dise est un grand parti.
Faire le contraire de cette logique, c'est manquer de stratégie politique et de vision. Je vous sais capable d'un dépassement de soi, seulement une peur vous habite et c’est tout à fait normal. Celui qui a vu le lion et celui qui ne l’a pas vu, ces deux personnes n’auront pas la même façon de courir. Vous avez été chassé du pouvoir par la France parce que vous avez osé diversifier les partenaires de la Côte d'Ivoire sans son consentement. En fait, vous avez une dose de nationalisme comme votre petit frère Gbagbo. La peur vous tenaille. Vos biens sont entre les mains de la France. Le courroux de celle-ci vous hante. Et bien ! La solution, c'est le président Laurent Gbagbo, confie-toi à lui. La fortune tient à peu de chose. Le président Laurent Gbagbo dans sa magnanimité pourvoira à vos besoins. Sauvons ensemble le pays et vous verrez la gloire du Seigneur. Le président Houphouët alors dans sa tombe dormira en paix. Et les Ivoiriens dans leur ensemble, te défendront des menaces de la France. Votre salut, le salut du PDCI et le salut du pays est entre vos mains. Tes parents dans les zones assiégées notamment ceux de Bouaké (cœur de la rébellion) souffrent. Ils sont devenus étrangers dans leur propre village. Leur salut viendra de vous. On peut faire une erreur, mais persister dans l’erreur c’est faire preuve de cécité politique. Bon nombre d'ivoiriens savent que votre action n’est pas de vous, car elle vous est commandée par la France. En fait, je n’essaie pas de vous détourner du cours de votre destin, mais je crois participer à sa réalisation. Dénoncer les agissements négatifs de la France, n’est pas une haine contre ce pays, c’est dire ce qui est. Nous ne sommes pas de ceux qu’ils veulent couper carrément avec la France. Nous sommes de ceux qu’ils veulent une coopération juste, équitable et sans esprit de condescendance.
Mon 1er article sur Venance Konan a suscité beaucoup d'intérêt dans le monde entier. Certains ont proféré des menaces et intimidations. Par contre d’autres, les plus nombreux d’ailleurs, m’ont appelé pour me féliciter.
Pour une sortie de crise réussie, je compte m’adresser au 1er ministre Alassane Dramane Ouattara, au professeur Djédjé Mady, au président Laurent Gbagbo... Je ne veux blesser personne mais dire haut ce que les Ivoiriens et nos frères étrangers disent bas. Toutes mes pensées sont tournées vers ceux qui feront que le pays ira de l’avant.
Qui aime bien, châtie bien.

Gilbert Kouamé
Professeur de collège
01 BP 6831 Abidjan 01
Cel : 05 74 85 69

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