x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mardi 23 mars 2010 | Le Patriote

Interview / Journées commémoratives des victimes de mars 2004 - Anne Désirée Ouloto (SN à la solidarité au RDR): "Nous demanderons que les coupables soient punis"

Les 24, 25 et 26 mars prochains, le RDR organise des journées en mémoire des victimes de mars 2004. Le Patriote a rencontré Mme Anne Désirée Ouloto, la secrétaire nationale chargée de la solidarité au RDR. Dans cet entretien, elle situe les enjeux et explique le sens de cette cérémonie. Interview.

Le Patriote : Mme la secrétaire nationale à la Solidarité, les 24, 25 et 26 mars prochains, le RDR votre parti, organise des journées pour commémorer les victimes des tueries de mars 2004. Quel est le sens de cette cérémonie ?

Anne Désirée Ouloto : Le RDR organise des journées commémoratives des événements douloureux de mars 2004 à la mémoire de tous nos martyrs et de tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines du régime FPI. Au-delà de nos martyrs de mars 2004, souvenez-vous déjà que depuis 2000, beaucoup de militants du RDR et du RHDP ont vu leurs jours sur terre brutalement arrêtés par le régime en place. Mars 2010 nous permettra donc de nous souvenir de tous ceux qui sont partis. Ce sera également l’occasion pour nous de crier notre ras-le-bol face à cette violence répétée sur des Ivoiriens qui manifestent les mains nues. Ce sera en outre le lieu pour nous de décrier l’impunité qui a réussi à s’installer en Côte d’Ivoire. Nous allons demander à ce que toutes les enquêtes qui ont été diligentées ici en Côte d’Ivoire, soient connues de tous. Afin que les auteurs de ces tueries soient punis. Parce que si l’on continue de protéger ces tueurs et qu’on continue à assister de façon passive à toutes ces tueries, la violence ne prendra jamais fin en Côte d’Ivoire. Et nous risquons au fil du temps d’assister à une situation d’impunité généralisée. Le RDR, à travers ces journées, a décidé de crier son ras-le-bol et d’associer tous les Ivoiriens à son combat pour la justice et la liberté.

LP : Il y a six ans que ces événements ont eu lieu. Pourquoi c’est maintenant qu’on commémore la mémoire de ces victimes ?

ADO : Chaque année, par rapport aux événements de mars 2004 et d’octobre 2000, le RDR a toujours marqué un arrêt. Par rapport à ces événements douloureux, nous avons toujours déposé à la même date, des gerbes de fleurs au carré des martyrs du cimetière d’Abobo pour les victimes de mars 2004 et au carré des martyrs du cimetière de Williamsville pour les victimes des événements d’octobre 2000. C’est vous dire que nous n’avons jamais oublié nos camarades qui ont été arraché très tôt à notre affection. Vous parlez d’une commémoration qui se fait six ans après. Mais dix ans après, où en est-on par rapport aux enquêtes ? Que fait-on des familles des victimes ? A-t-on trouvé les coupables de ces crimes et assassinats pour qu’ils soient punis ? Le FPI ne continue-t-il pas de tuer d’honnêtes citoyens ? Cela veut dire que depuis dix ans, les Ivoiriens ne sont pas en sécurité. Il appartient donc à l’opposition d’interpeller les Ivoiriens et la communauté internationale sur les dangers qui guettent la Côte d’Ivoire. Cela est d’autant plus important qu’il n’y a pas longtemps, le mois dernier, il y a eu encore des tueries à Gagnoa, Daloa et à Abobo. Des forces de défense et de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants. Il faut donc que cette situation s’arrête. Il faut qu’en Côte d’Ivoire des partis politiques puissent manifester sans qu’on ne tire sur leurs membres. Il faut qu’on arrive à respecter le droit des citoyens à manifester. Il faut que les FDS apprennent à disperser des manifestants avec des armes conventionnelles et qu’on arrête de tirer sur des citoyens à balles réelles. Il faut que les tueries cessent !


LP : Nous savons que des enquêtes ont été diligentées à l’époque sur cette affaire pour situer les responsabilités. L’ONU a même dépêché à Abidjan, une équipe d’enquêteurs qui a conclu dans son rapport que 120 personnes ont été tuées au cours de ces événements. Au niveau du RDR, quelles sont les actions qui ont été menées pour que justice soit faite aux victimes ?

ADO : Effectivement, une enquête a été diligentée par l’ONU. En Côte d’Ivoire également, il y a eu un commencement d’enquête. Mais jusqu’à ce jour, aucune suite n’a été donnée à ces enquêtes. C’est pour cela qu’il est important de marquer un arrêt pour savoir ce que deviennent ces enquêtes et leurs conclusions. L’ONU, après son enquête, a déclaré qu’il y a eu plus de cent morts. Alors, s’il y a eu plus de cent morts, il faut situer les responsabilités par rapport à ces tueries. En 2000, en 2002, 2003, 2006 avec les événements des audiences foraines, il y a eu des morts. En 2002 et 2003, la période des escadrons de la mort, des honnêtes citoyens ont été enlevés et ils ne sont jamais retournés dans leurs familles respectives. Ces personnes aujourd’hui sont portées disparues. On n’a pas de leurs nouvelles. Il faut que l’on sache à quel régime nous avons affaire. Depuis dix ans, nous assistons à une succession d’événements douloureux, d’enlèvements, de crimes, de tortures et d’assassinats sur d’honnêtes citoyens qui, quelquefois, n’ont rien à voir avec les activités politiques. Il faut donc s’interroger face tout cela. C’est le sens de ces journées commémoratives et du combat que nous menons.


LP : Vous parlez de mettre fin à l’impunité. Est-ce à dire que la plainte introduite devant le Conseil de sécurité par les avocats du RHDP va dans ce sens ?

ADO : Absolument ! C’est pour nous l’occasion de soutenir l’action de nos avocats du RHDP et toutes les bonnes volontés qui veulent mettre fin à l’impunité en Côte d’Ivoire. Ces trois jours ont pour objectif de dire aux Ivoiriens, premièrement : « Attention ! Beaucoup d’Ivoiriens sont déjà morts par la faute d’un régime qui malheureusement continuent de tuer ». Deuxièmement, il faut leur dire que c’est ensemble que nous mettrons fin au régime qui les assassine gratuitement et inutilement. Troisièmement, attirer l’attention de la communauté internationale sur la réalité que nous vivons et lui montrer les preuves. Vous allez voir, nous ferons, au cours de ces journées, une exposition photos qui permettra aux uns et aux autres de se rendre compte des atrocités qui ont été faites à certains Ivoiriens. Aujourd’hui, sous le fallacieux prétexte d’atteinte à la sûreté de l’Etat, d’honnêtes citoyens sont enlevés chez eux pour être torturés. Nous avons le cas de M. Koné Seydou, un enseignant militant du RDR, qui a été enlevé et passé au fer à repasser. Avant d’être jeté à la MACA d’où il a été libéré neuf mois après. Parce qu’il n’y avait rien à lui reprocher. On a compris qu’il n’était mêlé ni de près ni de loin à une quelconque tentative de coup d’Etat. Nous, au RDR, nous n’avons pas besoin de coup de force pour accéder au pouvoir. Il faut que cela soit clair une fois pour toutes. Ce que nous réclamons, ce sont des élections justes et transparentes pour montrer aux Ivoiriens qu’on peut diriger un pays sans tuer et en assurant la sécurité des citoyens.

LP : A quoi doit-on s’attendre au cours de ces journées commémoratives ?

ADO : Le premier jour, le mercredi 24 mars, dès 9h00, nous serons au carré des martyrs d’Abobo avec les familles de nos disparus et le président Alassane Dramane Ouattara qui jusqu’à présent, n’arrive pas à comprendre que d’honnêtes citoyens soient lâchement tués par des personnes qui sont jusqu’aujourd’hui protégées par le pouvoir en place. Le président Alassane Dramane Ouattara sera donc ce jour-là au carré des martyrs d’Abobo avec toute la direction du RDR et avec tous les camarades du RHDP qui sont également invités pour venir se souvenir des innocents qui sont tombés sous ce régime. A 17h, la même journée, nous aurons une messe de requiem à l’église saint Albert de Grand de Cocody où nous irons non seulement prier pour ceux qui sont partis, pour ceux qui sont restés. Mais aussi prier pour que l’esprit de Dieu visite nos forces de défense et de sécurité pour qu’elles soient gagnées par l’amour de l’autre et qu’elles puissent accomplir leur mission dans le respect des droits des citoyens. Le jeudi 25 mars, il y aura la cérémonie officielle d’ouverture. Dans les journées du jeudi et du vendredi, il y aura deux conférences dont la première aura pour thème : « De l’espérance à l’illusion démocratique en Côte d’Ivoire », le jeudi et sera animée par le Pr. Yacouba Konaté. Après cette conférence, il y aura le vernissage de l’exposition photos. Dans l’après-midi du jeudi, il y aura une deuxième conférence qui sera dite par M. Denis Kah Zion, le directeur général du groupe de presse « Le Nouveau Réveil ». Il abordera le thème « Presse et démocratie en Côte d’Ivoire ». Le vendredi 26 mars, à partir de 9h00, à la mosquée du lycée technique de Cocody, nous aurons la lecture coranique et à 13h00, il y aura la prière du vendredi dans la même mosquée. Alors pourquoi le choix de cette mosquée. Tout simplement parce qu’il faut se souvenir qu’en 2002, l’imam de cette mosquée, l’imam Samassi Mahmoud (paix à son âme) a été lâchement tué dans des circonstances que jusqu’aujourd’hui, personne ne comprend. En souvenir de cet imam et en solidarité avec la communauté musulmane, nous allons prier pour que Dieu lui accorde son paradis. Et dans l’après-midi du vendredi 26 mars, il y aura la troisième et dernière conférence sur le thème : « les droits de l’Homme en Côte d’Ivoire » qui sera animée par le ministre Joël N’Guessan, ancien ministre des Droits de l’Homme. A 17h00 enfin, nous allons assister à la cérémonie de clôture, qui fera le bilan de ces trois journées et les messages forts que nous allons lancer à la Nation.

LP : Quelles les dispositions pratiques ont été prises pour que ces journées se passent dans la sérénité ?

ADO : Ce sont des journées de recueillement et de réflexion. A ce titre, les premières dispositions sont relatives à la mobilisation. Nous convions toutes nos structures du RDR et du RHDP à ces journées. Ainsi que tous les Ivoiriens épris de paix que nous invitons à venir partager ces moments de recueillement et de réflexion sur les tueries et l’impunité en Côte d’Ivoire pour qu’ensemble, nous trouvions des solutions afin d’arriver à un Etat véritablement démocratique et respectueux des droits de l’Homme. Des dispositions sécuritaires ont été également prises pour que nous puissions nous recueillir et réfléchir en toute quiétude. Je profite de l’occasion pour lancer un appel à tous les militants du RDR et leur dire qu’il y a des dates qui, pour nous, doivent être des dates d’arrêt pour nous souvenir de tous ceux qui sont partis tôt et brutalement à l’occasion de notre lutte commune. C’est l’occasion où tous ensemble, comme dans une famille unie, nous devons nous retrouver au carré des martyrs avec le docteur Alassane Dramane Ouattara pour nous souvenir de nos morts, pour prier pour eux et interpeller la communauté internationale sur les atrocités que nous avons connues et nous mettre ensemble pour crier en chœur notre ras-le-bol. Nous lançons également un appel au RHDP. Car les morts de mars 2004 nous interpelle tous et montrent que nous sommes condamnés à rester unis. Les Ivoiriens sont rassurés lorsqu’ils voient ensemble des enfants d’un même père partager un idéal commun : celui d’une Côte d’Ivoire démocratique, juste et prospère. Ces morts doivent nous interpeller que nous sommes condamnés à gagner ensemble. Enfin, je voudrais lancer un appel à tous les Ivoiriens épris de paix pour leur dire ce que le RDR et le RHDP ont connu depuis 2004 dans le cadres de leurs activités politiques à travers les enlèvement, tueries et autres assassinats, ils l’ont également vécu à travers les déchets toxiques, leur quotidien rendu de plus en plus difficile par la cherté de la vie, le chômage, par les coupures d’eau et cette période de délestage où des femmes sont mortes en couche parce qu’il n’y avait pas d’électricité pour les faire accoucher dans de meilleures conditions. Les Ivoiriens meurent, parce qu’il n’y a pas de groupes électrogènes dans les hôpitaux pour les faire opérer en cas d’urgence. Pour dire que ce que le RDR et le RHJDP vivent, les Ivoiriens également le vivent. C’est pourquoi, nous leur proposons cette alternative par les élections afin que nous sortions de cette situation dramatique, de terreur et d’horreur.

Réalisée par Jean-Claude Coulibaly
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Articles du dossier

Le Patriote - 27 mars 2010 Journées commémoratives des événements de mars 2004, Joël N’Guessan (Ex-ministre des Droits de l’Homme) : “Les droits de l’Homme n’existent pas en Côte d’Ivoire”
Le Patriote - 27 mars 2010 Alassane Dramane Ouattara rassure les Refondateurs : “N’ayez pas peur, Si vous perdez le pouvoir, il n’y aura pas de vengeance”
Le Nouveau Réveil - 27 mars 2010 Alassane Dramane Ouattara (Président du Rdr) à propos des élections : “Il ne faut pas pousser les Ivoiriens à bout”
Le Nouveau Réveil - 27 mars 2010 Djédjé Mady à la cérémonie d`hommage aux victimes de mars 2004, hier : “Il faut que nous nous souvenions de la fin du film western”
Nord-Sud - 26 mars 2010 Alassane Ouattara lors de l`hommage aux victimes de mars 2004 : “L`Etat doit indemniser les victimes”
Le Nouveau Réveil - 26 mars 2010 Hommage aux victimes des évènements de mars 2004 / Denis Kah Zion (conférencier) : “Ici en Côte d’Ivoire, les journalistes travaillent dans un climat de terreur et de frayeur”
Le Nouveau Réveil - 26 mars 2010 Pr Konaté Yacouba (conférencier) : “Le Fpi fonctionne à la fiction”
Le Nouveau Réveil - 26 mars 2010 Hommage aux victimes des évènements de mars 2004 / Alassane Dramane Ouattara (président du Rdr) : “Les commanditaires et les auteurs doivent être identifiés et répondre de leurs actes”
Le Patriote - 26 mars 2010 Evènements de mars 2004 - ADO : "Nous avons un devoir de victoire à l’égard de ceux qui sont morts "

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ