Laurent Gbagbo ne dort pas. Du moins, le chef de l’Etat ivoirien ne retrouve pas le lit au même moment que ses compatriotes. Entre deux heures et trois heures du matin, au moment où ceux-ci sont dans les bras de Morphée, le grand prince sort une cassette de son tiroir et déguste des films. De préférence les films western. Et comme tout le monde le sait, ces productions qui content pour la plupart les aventures du far West américain sont marquées par des affrontements violents. Les morts se comptent par dizaines, voire par centaines. En bon prince, Gbagbo a tenu à ne pas garder par devers lui le grand plaisir qu’il prend devant l’écran à voir les bandes se démolir, les groupes se tailler en pièces. Il a voulu partager le bonheur unique que ressent le cinéphile quand la confrontation atteint les sommets. C’est le moment où le film file allègrement vers son dénouement. Les batailles sont acharnées et féroces. Elles se terminent par le triomphe du brave qui vient à bout du chef bandit. Rarement le contraire. D’une certaine manière, le camouflage par la fiction permet à Laurent Gbagbo de dépeindre la réalité du pays. Et de dire par avance son scénario de fin de la crise. Dans les westerns, les voyous, sans foi ni loi, sèment la terreur. Tuent et pillent. Ils sont sûrs de leur puissance de feu et de la couverture judiciaire et administrative. Parce que les juges et autres chérifs sont à leur bottes, ou transis de peur à l’idée de leur faire face. La population, simples citoyens, hommes d’affaires, banquiers… vivent la peur au ventre. Soumis au bon vouloir des pistoléros agissant parfois sous le manteau de la loi. En Côte d’Ivoire, le film va-t-il vers sa fin ? En tout cas, il y a eu beaucoup de morts. Les citoyens sont sans défense et les bandits paradent. Arrogants et sans remords ! Mais jusqu’à quand durera la fin du film ? Wait and see !
D. Al Seni
D. Al Seni
