Un élément des Forces nouvelles, disant ne plus rien comprendre aux positions de ses camarades, s’est confié à nous. Il explique tout pour une meilleure compréhension de ce qui se passe actuellement dans le débat politique. L’homme a la cinquantaine juste. Cheveux et barbe poivre-sel, toujours au vent, il avait été un moment écarté par ses camarades avant de les rejoindre tout récemment. Connu pour ne pas avoir la langue dans la poche, il dit comprendre la position tranchée de ses camarades des Forces nouvelles dans le débat qui les oppose à la majorité présidentielle : «C’est tout à fait normal. Comme vous le savez, les Forces nouvelles sont infectées de partisans irréductibles d’Alassane (Ouattara, président du RDR, ndlr). Pour la plupart, en tout cas une très grande majorité, ils sont des fils d’immigrés comme lui. Ce qui veut dire que sa cause est leur cause et vice versa. Comme vous le savez aussi, le débat actuel intéresse au plus haut point Alassane parce qu’il concerne en réalité les fils d’immigrés qui se sont inscrits en masse sur la liste électorale. C’est pour cela, chez nous ici, nos camarades qui se reconnaissent dans ce débat sont les plus chauds. Or, notre problème est qu’ils sont les plus nombreux et leur voix porte, je peux vous le dire». L’homme qui dit ne plus rien craindre, annonce pour très bientôt, une causerie avec la presse. Au cours des échanges qu’il qualifie déjà de francs et directs, il compte faire «des révélations sur la guerre Ivoiriens-fils d’immigrés» qui a lieu, selon lui, au sein des Forces nouvelles. «Vous ne pouvez pas comprendre, reprend-il, combien ils nous fatiguent. Beaucoup d’entre eux, y compris les militaires, sont manipulés par Alassane. Ici, tout se fait par rapport au RDR et son mentor. A votre avis, pourquoi les Forces nouvelles s’opposeraient-elles à tout ce que demande le camp présidentiel si ce n’est parce que nos amis ont peur du lendemain». Pour lui donc, sans dédouaner entièrement ses camarades, il estime qu’il y a une part de vrai dans ce tintamarre. Ils ont très peur et ont besoin d’être rassurés. Ça devrait être le travail à faire maintenant par l’équipe de Soro pour éviter que ce qui couve ne vienne à la surface : «Je vais vous dire une chose. Ces gens que vous voyez et entendez sont prêts à tout. S’il faut que la Côte d’Ivoire disparaisse à cause de leur intransigeance, elle disparaîtra. Pour eux, c’est Alassane ou rien». Toutefois, assure-t-il, si les discussions franches s’engagent avec eux, de bonnes résolutions en sortiraient pour le bien du pays. A propos du désarmement, il soutient que la proposition qui avait été faite de donner à chacun des ex-combattants est un document qu’il pourra montrer au trésor du coin, une fois les élections terminées pour percevoir son dû, peut être acceptée si une garantie est offerte aux ex-combattants. La tâche ne sera pas aisée, prévient-il, mais il y a de fortes chances que le projet aboutisse. Mais, croit-il savoir, l’on ne prend très au sérieux cet aspect des choses. «On a le sentiment ici que l’on ne veut pas s’occuper de nous parce que nous avons fait la guerre. Oui, nous avons fait la guerre. Mais aujourd’hui, pour refaire notre pays, nous avons dit que nous ne voulons plus faire la guerre et nous demandons que nous soyons traités comme cela se fait un peu partout à travers le monde. Il y a longtemps, très longtemps que nous avons tout laissé tomber pour faire la guerre. Si nous devons retourner à nos terres, il faut que nous y soyons accompagnés. Or, on veut nous refuser cela. Dites-leur de le faire et ils verront que tout va changer». Notre homme n’a-t-il pas touché du doigt les vrais problèmes qui contrarient le processus de désarmement, à savoir la question des fils d’immigrés et les mesures d’accompagnement du dépôt des armes ? A chacun de se faire sa petite idée. Pour nous, tout est clair comme de l’eau de roche. Abdoulaye Villard Sanogo
Politique Publié le jeudi 25 mars 2010 | Notre Voie