Emotion et révolte. Ce sont les sentiments qui ont dominé la cérémonie d’hommage et de prière organisée hier, par le RDR, au cimetière municipal d’Abobo, à la mémoire des victimes des massacres de mars 2004. Emotion, parce que cette cérémonie rappelle les moments douloureux faits d’atrocités subies par les militants du RHDP en général et du RDR en particulier. Révolte aussi car, la barbarie qui s’est abattue sur les militants de l’opposition, lors de ces événements, ne se justifiait aucunement. Aussi, suscite-t-elle un sentiment d’engagement chez celle-ci qui a désormais un devoir de mémoire, surtout de victoire envers ces martyrs afin que leurs sacrifices ne soient pas vains. La cérémonie d’hier qui en a donné une illustration, était donc d’une grande importance, comme le témoigne la présence du président du RDR, le Dr. Alassane Dramane Ouattara, la secrétaire générale, Mme Henriette Dagri Diabaté et plusieurs membres de la haute direction du RDR. Le visage grave, habillé d’un costume sombre, le président du RDR qui est arrivé sur les lieux à 10h, est accueilli par le premier magistrat de la cité, le maire Adama Toungara. Accolades par-ci, mots de consolation par-là, le président du RDR salue les cadres de sa formation politique qui ont fait le déplacement et les parents des victimes. Le maire Toungara est le premier à prendre la parole pour remercier, au nom de tous les militants du RDR et de ceux de sa commune en particulier, le président Ouattara de sa « sollicitude constante et profonde » à l’égard d’Abobo. La voix étreinte par l’émotion, il a eu seulement le temps de dire ces quelques mots avant de fondre en larmes. Comme par effet de contagion, cadres, simples militants ou parents des victimes ne résistent pas à la bourrasque pathétique qui s’est emparée de tous. Les uns essuient leurs larmes tandis que d’autres remuent la tête. L’émotion est à son comble. Pendant quelques instants, le maire Toungara tétanisé, ne réussit pas à se faire violence et contenir l’émotion qui l’étreint. Il finit par lâcher le micro sous le regard du public hébété. A sa suite, L’Abbé Patrick Sawadogo de la Paroisse Saint François Xavier d’Abobo, a prié pour le repos de l’âme des disparus. Il a ensuite exhorté les parents des victimes à prendre de la hauteur et accepter que tout ce qui arrive à l’homme est la volonté de Dieu. « Dans la foi et dans l’espérance, nous voulons prendre de la hauteur, nous devons nous élever au-dessus de nos douleurs et de nos souffrances humaines pour te rejoindre dans ce dont ta souveraine volonté dispose », a dit l’homme de Dieu. Enfin, il a souhaité que le Seigneur assiste les femmilles endeuillées. Quant à l’Imam Soro Kassim, secrétaire général adjoint du Conseil supérieur des Imams d’Abobo, il a loué les qualités humaines du Dr. Alassane Dramane Ouattara avant de faire des prières pour le repos de l’âme des martyrs. Il a dit qu’ils sont morts pour une cause noble. « Ils sont morts pour la liberté, la démocratie et l’égalité entre tous les Ivoiriens », a-t-il affirmé. Sira Dramé, présidente du Collectif des victimes de mars 2004, a rendu hommage aux disparus. Elle a, en outre, affirmé que ceux-ci ont été victimes de délit de patronymie. « Ici reposent 56 corps dont un enfant de deux ans. Certains ont été retirés de leur domicile pour être assassinés par le pouvoir sanguinaire de Laurent Gbagbo ». Et d’ajouter : « leur seul tort a été de revendiquer une Côte d’Ivoire démocratique, paisible, prospère et juste ». Et pourtant, la Constitution ivoirienne garantie la liberté de réunion et de manifestation. C’est pourquoi, la secrétaire générale du RDR, Mme Henriette Diabaté, a décrié ce massacre de 2004 tout en rassurant que le combat des martyrs sera mené jusqu’ à la victoire finale. « Grâce à votre sacrifice, nous restons toujours debout pour laver votre mémoire, mettre fin à un régime qui vous a privé de vos droits à la vie et à la liberté », a-t-elle conclu. Notons que Mme Sacko Saran a procédé à la décoration à titre posthume les 56 martyrs, en les élevant au grade de commandeur dans l’ordre du mérite républicain.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté
