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Politique Publié le lundi 29 mars 2010 | Le Patriote

Processus du désarmement / Ouattara Seydou (Porte parole militaire FN): «Ce sont les politiciens qui font l’amalgame»

Le porte parole militaire des FAFN, M. Ouattara Seydou est montée samedi au créneau pour disséquer la question du désarmement à la lumière des différents accords intervenus entre les deux forces ex belligérantes. Pour M. Ouattara Seydou la polémique faite autour de la question du désarmement est le fait des politiciens.

Le Patriote: Il y a beaucoup de polémiques autour de la question du désarmement. Quelle est selon vous ce qu’il convient de savoir sur cette question qui resurgie avec passion ?

Ouattara Seydou: Je voudrais d’abord faire l’historique des dispositions de l’accord politique de Ouagadougou et les dispositions qui avaient été retenues par les deux parties. Vous vous rappelez que les négociations, sous la mission de paix de la CEDEAO , les forces militaires en belligérance sur le tracé de la ligne de démarcation appelée la ligne verte supervisée par le PC quadripartite appelé communément le PC4P. Ensuite avec l’implication de la Licorne, les discutions ont été menées et c’est ce qui a permis de faire reculer les armes lourdes du front et de faire baisser la tension. Fortes de cette situation et de cette expérience, les deux forces belligérantes ont adopté le plan conjoint des opérations, signé le 9 janvier 2004, le pacte de la déclaration de fin de guerre et l’adresse au chef de l’Etat et intervient après, dû au bombardement du 04 au 06 novembre 2004, l’accord de Pretoria 1 des 03 au 06 Avril 2005 lequel en son point 4, stipule que les partis procèderont immédiatement au désarmement et au démentiellement des milices sur toute l’étendue du territoire. Ensuite, au point 6, l’accord énonce également le recrutement et la formation de 600 agents qui seront déployés aux côtés des Forces impartiales pour assurer la sécurité lors du processus électoral. Sous la tutelle du médiateur Sud Africain, le PC4P a été actualisé en mai 2005. Dans le nouvel esprit du PC4P, il est retenu trois idées. Aucune des Forces n’a gagné la guerre, aucune Force ne sera désarmée au profit d’une autre de part et d’autre du territoire ivoirien, la défense doit être assurée et la sécurité doit être assurée. Voilà les trois idées qui se dégagent du plan conjoint des opérations.

LP: Qu’est ce que le plan conjoint stipule en ce qui concerne le désarment des deux forces?

OS: A partir du moment où nous avons déclaré que la guerre est terminée, les deux Forces deviennent ex-belligérantes. Parce qu’on a quitté la situation de belligérance. C’est pourquoi, l’accord politique de Ouagadougou rappel que le désarmement des deux forces ex-belligérantes se ferra sous la conduite du CCI et la supervision des Forces impartiales. Donc, c’est fort de cet esprit du plan conjoint des opérations que l’APO lui-même, rappelle en son chapitre 3, que le désarmement doit se faire à partir de l’accord militaire obtenu. Donc, les accords militaires obtenus, c’est le plan conjoint. Et le plan conjoint des opérations dit clairement comment les deux Forces ex belligérantes doivent être désarmées. Le désarmement consiste, selon le plan conjoint des opérations, que les Forces Armées des Forces Nouvelles comme pour les FDS, à se retrouver et à se regrouper. Donc c’est seulement pour ce qui concerne la défense du territoire que ces Forces là peuvent être permises de sortir avec les armes. Et la sécurité telle que vue par le plan conjoint des opérations, bien que les Forces soient regroupées, le pays ne peut être laissé dans l’insécurité. Donc il est permis qu’au moment où les deux Forces ex-belligérantes sont en caserne avec les armes rangées en râtelier, que les Forces de sécurité, cette fois-ci, soient permises de se déployer sur le territoire pour assurer la sécurité des biens et des personnes.

Voilà ce qui est clairement dit dans le plan conjoint des opérations. Alors, nous sommes étonnés de voir que certains politiciens disent qu’ils vont désarmer les Forces Nouvelles. Il n’est pas question des Forces Nouvelles. Ou du moins ils font la confusion entre les deux forces ex-belligérantes et les ex-combattants. Pour qu’on puisse parler des ex-combattants il faut encore se référer à l’accord politique de Ouagadoudou et notamment, à son accord complémentaire 4. L’APO dit qu’il faut se référer au plan conjoint des opérations. L’accord complément 4 dit que les ex combattants et les milices vont être désarmés sous la supervision du CCI. Pour ce qui concerne les milices, ce qui est un autre cas, elles doivent être désarmées et démantelées. Elles ne sont pas à démobiliser. Elles doivent être démantelées sans délai sous l’autorité du CCI, c’est ce que dit l’accord sous la supervision des Forces impartiales. Mais, les ex-combattants on les confond aux deux Forces ex- belligérantes. Les ex-combattants, ce sont des personnes prises individuellement. Pour ce qui concerne les Forces Nouvelles, le regroupement concerne les 5000 volontaires pour l’armée nouvelle dans les quatre lieux de regroupement qui sont Bouaké, Séguéla, Korhogo et Man. Mais les 600 et les 3400 ne sont pas à regrouper. Ceux-ci viennent en appui à la police et à la gendarmerie pour assurer la sécurité des biens et des personnes et la libre circulation. Voilà ce qui est dit. Donc ces 5000 là, doivent être encasernés en même temps que les ex FDS qui appartiennent aux FAFN. Donc si l’on récapitule, il y a ce qu’on appel forces ex belligérantes qui sont constituées des 600 éléments de Pretoria et 3400 de l’APO, les 5000 de l’APO, les ex combattants FDS au sein des FAFN qui constitue la première Force ex belligérante qui doit être regroupée avec les armes en râtelier. Donc tous ceux des combattants des FAFN qui n’ont pas pu être recrutés parmi ceux là, ce sont eux qu’on appel les ex combattants. C’est pour cela je dis que ce sont des personnes prises individuellement. Eux, ils sont à désarmer et à démobiliser à réinsérer et à réhabiliter. C'est-à-dire qu’il faut trouver un processus de socialisation pour eux. Donc si ceux-là sont déterminés ainsi, il est difficile que nous comprenions que l’ex combattant soit confondu à force ex belligérante. Et ceux là avec les miliciens, puisque leur désarment doit être concomitant. Donc ils doivent être désarmés l’un désarmé et l’autre démantelé deux mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle. Quand le regroupement des deux forces ex belligérantes va intervenir, cette intervention se fera un mois après le démantèlement et le désarmement des milices et puis un mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle. Je ne sais pas si vous voyez la nuance. Les ex combattants qui sont à désarmer, démobiliser réhabiliter réinsérer deux mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle ainsi que les milices et les groupes d’autodéfense qui doivent être désarmés, démantelés démobilisés réhabilités sûrement deux mois avant la date de l’élection présidentielle. Les deux Forces ex belligérantes qui sont les FAFN constituées des 5000 des 3400 des 600, des ex-FDS appartenant aux FAFN, plus les forces de défense et de sécurité de part et d’autre vont aussi se regrouper dans les casernes avec les armes rangées en râtelier un mois après le désarment des ex combattants et des miliciens, mais un mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle. Voila la nuance et les gens prennent pour en faire un désarmement unilatérale. C’est faux en l’associant à la tenue de l’élection. C’est pour cela que maître Affoussy dit que c’est du dilatoire. Parce que selon les textes, les FAFN et FDS coexistent jusqu’après l’élection présidentielle. C’est le Président élu qui va procéder maintenant à la mise en place de la nouvelle armée. En ce moment les deux Forces vont disparaître pour faire place à la nouvelle armée.

LP: Est-ce qu’on doit comprendre que tant que les milices ne sont pas démantelées il n’y aura pas de regroupement ?

OS: Ecoutez, il faut avoir la volonté. Nous ici les ex combattants nous concernent. Donc, nous devons avoir la volonté de faire en sorte qu’ils soient désarmés et de l’autre côté qu’ils soient démantelés. Et ici, le profilage du PNRC a permis de profiler 32 777 combattants au sein des FAFN. Et jusqu’aujourd’hui, 11900 ont été démobilisés mais seulement 3000 ont été réinsérés parce que les choses vont lentement. C’est pour cela qu’à la signature de l’accord 4 de Ouagadougou, nous avons demandé et obtenu que l’Etat puisse s’impliquer financièrement afin que ce processus aille plus vite. Et ça c’est pour les ex combattants qui nous concernent. Mais, pour ce qui concerne les milices et les groupes d’autodéfense, quand nous avons posé le problème de leur désarmement et de leur démantèlement, parce que pour nous, ce sont des gens venus d’ailleurs, ce sont les FDS eux-mêmes qui nous disent que ce sont des ivoiriens. Donc si ce sont des ivoiriens on comprend nettement que les FDS sont en train de nous dire que ce sont leurs supplétifs. Donc, il leur incombe maintenant de procéder à leur désarmement et à leur démantèlement. Donc de part et d’autre, il faut qu’on mette la volonté pour que cela soit fait deux mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle un mois avant le regroupement des forces ex belligérantes. Donc si cela est fait, les choses vont aller vite. C’est en cela que lors de notre conférence de presse à Abidjan, j’ai dit que nous n’avons pas encore constaté de prémices nous permettant de dire que nous sommes dans une prédisposition de reprise de combat. Parce que tout comme là-bas, à part les politiciens qui sont en train de faire l’amalgame, on n’a pas encore entendu dire au sein des FDS qu’on remet en cause le plan conjoint des opérations et le chronogramme ainsi que la séance de travail qui est intervenue entre les deux chefs d’Etat-major et qui a débouché sur l’esprit et la lettre du plan conjoint des opérations qui nous guide en ce qui concerne le désarmement. Donc le désarmement ne consiste pas à venir déposer les armes et puis de donner dos. Mais plutôt, cela consiste pour les Forces ex belligérantes à revenir en caserne à mettre les armes en râtelier pour accomplir les tâches militaires et pour que chacun puisse donner le contingent qu’il faut pour accomplir cette tâche.

LP: M. le Porte-parole militaire, où est-ce que vous en êtes présentement avec les activités que vous menez conjointement avec les FDS dans le cadre du plan conjoint des opérations ?

OS: Ce que je voulais dire c’est que depuis l’accord politique de Ouagadougou, déjà on a commencé à matérialiser l’ex zone de confiance en trois fuseaux. Le fuseau Est, Ouest et centre.

Donc, dans les trois fuseaux, Il y avait les brigades mixtes de gendarmerie que nous avons étoffées par les éléments de part et d’autre par l’intermédiaire du CCI. De façon paritaire, nous l’avons fait. Et puis, nous avons mis en place la compagnie mixte au plan militaire composée des éléments FDS et des éléments des FAFN. Ensuite, pour permettre et favoriser l’ouverture des tribunaux, donc les lieux de juridiction, nous avons mis en place 11 brigades mixtes de police, 11 brigades mixtes de gendarmerie. Ensuite à l’Ouest, nous avons déployé trois compagnies mixtes militaires à Danané, Touba et à Odienné. Donc pour l’instant nous sommes en train de partir doucement. Nous sommes en train de voir comment il faut mettre en place les compagnies mixtes de sécurisation des élections. Nous avons déjà déployé deux compagnies à Abidjan et Bouaké.

Donc ce processus va doucement mais sûrement. Je pense qu’il faut éviter de faire l’union du désarmement des forces ex belligérantes avec la tenue des élections. Si on le fait, le sentiment que nous avons, c’est que des personnes pensent que notre existence ne peut pas leur permettre de se mouvoir politiquement. Mais également, il faut qu’ils se disent que c’est le même sentiment qui habite d’autres personnes de nous voir aussi à leur côté pour qu’ils aient le sentiment d’assurance. C’est pourquoi, le plan conjoint des opérations a coupé net pour dire qu’aucune force n’a gagné la guerre, aucune force ne sera désarmée au profit d’une autre et puis il faut assurer la sécurité des biens et des personnes sur toute l’étendue du territoire. Donc les textes nous permettent de cohabiter de coexister et nous cohabitons au sein du CCI.

LP: Est-ce que le général Philippe Mangou, CEMA des FDS sait que le désarmement doit se faire tel que vous l’avez défini dans vos propos ?

OS: Oui, le général Mangou sait que les deux forces ex belligérantes, c'est-à-dire les FAFN telle que je vous ai expliqué la constitution et puis les FDS doivent coexister. Puisque ce sont les éléments de ces deux forces ex belligérante qui doivent être mises à la disposition du CCI pour assurer la sécurité du processus de sortie de crise. Et donc un mois après l’élection, le Président qui sera élu, va mettre en place la nouvelle armée. Et la nouvelle armée c’est la réunification des deux armées. A savoir l’armée des FDS et celle des FAFN. Donc cela veut dire que les deux armées doivent coexister jusqu’à cette date-là. Et je ne vous l’apprends pas, actuellement il y a des spots qui sont en train de passer sur la RTI demandant que les deux forces se retrouvent à Bassam pour discuter des modalités de la mise en place pour la nouvelle armée. Donc Mangou le sait. Donc nous aussi nous le savons. C’est pour cela, je dis c’est le comportement des politiciens. Sinon, pour nous en ce qui nous concerne, par rapport à l’observation faite vis-à-vis de nos frères d’armes du Sud, il n’ y a pas de prémices réelles qui nous mettent dans les prédispositions de la reprise des hostilités.

MAIGA Idrissa
(Correspondant)
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