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Économie Publié le mardi 30 mars 2010 | Nuit & Jour

Interview avec Charles Koffi, président du RENADVIDET-CI, aux victimes : « J’invite les victimes grugées à porter plainte contre Gohourou Ziallo Claude »

L’affaire des déchets toxiques en Côte d’Ivoire n’a certainement pas encore livré tous ses secrets. A l’heure de l’indemnisation des victimes, l’ex-porte-parole Gohourou Ziallo Claude est accusé de faire du faux et usage de faux ainsi que de l’escroquerie par les victimes. Chaque jour apportant son lot d’informations, nous avons interrogé, Charles Koffi, président du Réseau des droits des victimes de déchets toxiques de Côte d’Ivoire (RENADVCDET-CI). Dans cette interview-vérité, il éclaire la lanterne des Ivoiriens sur ce qu’il appelle l’imposture de Gohourou Claude, son réseau, le procès du 1er avril et la suite de l’indemnisation.

Le processus d’indemnisation des victimes a été arrêté 3 semaines seulement après avoir débuté avec Gohourou Ziallo Claude. En votre qualité de président d’un réseau qui compte 25.000 victimes sur les 29.464, quel est votre sentiment sur cet arrêt pour le moins surprenant ?

Je voudrais préciser que le processus d’indemnisation a été arrêté par Maître Kouamé Clément et Maître Zinda Sawadogo représentant le cabinet Leigh & Co pour diverses raisons. Entre autres la rétention indue de la somme de 500 FCFA sur les 727.500 FCFA alloués à chaque victime, ce qui fait un montant total de 15 millions de FCFA. Le calvaire vécu par leurs victimes sur le site de l’opération, les plaintes contre Gohourou pour malversations, certaines victimes ayant même été agressées sur les sites de l’opération, le détournement de 3 milliards de FCFA sur les 225 milliards et l’interpellation de Claude Gohourou par la Direction de la surveillance territoriale (DST) pour des actes de faux. Ces différents états de fait ont nécessité la fin du processus aux fins d’une meilleure visibilité. Nous pensons donc que c’est dans l’intérêt des victimes, d’autant que plusieurs centaines de chèques ont été alloués à des non bénéficiaires par Gohourou, ce qui exclut de nombreuses de vraies victimes de l’obtention de leur indemnisation.

Actuellement, l’on assiste à une guerre des chiffres. Gohourou prétend avoir remis 20 mille chèques aux victimes et votre réseau soutient le contraire. Que peut-on retenir sur ce point précis des chèques des victimes ?

Sans être mathématicien, je voudrais me permettre de me livrer à un petit exercice d’esprit. Gohourou prétend avoir remis au terme de ces 3 semaines, 20 mille chèques et que dans les jours à venir il compte améliorer le processus en donnant 500 chèques par jour. Me référant à cette déclaration contenue dans le journal ‘’Le Quotidien’’, je suis tenté d’affirmer que Gohourou soit ne maîtrise pas ce sujet, soit se moque de l’opinion et des victimes ou bien encore est de mauvaise foi. Parce que 3 semaines pour 20 mille chèques, cela fait en moyenne 1000 chèques par jour. Or, améliorer le processus en donnant 500 chèques par jour prouve qu’il y a une contradiction qui saute aux yeux. Gohourou tourne en bourrique les Ivoiriens, il n’a pas remis 20 mille chèques aux victimes.

De sources bien concordantes, l’argent est encore sous séquestre. Comment peut-on expliquer cela ?

Selon l’accord secret conclu entre Gohourou et le cabinet Leigh & Co ce lundi 22 mars, l’argent restant sur le compte dudit cabinet devrait maintenant passer sur le compte de Claude Gohourou ! Nous avons donc introduit auprès du tribunal de première instance une requête aux fins de faire transférer cet argent sur le compte des avocats ivoiriens dénommé la CAPA pour le sécuriser et éviter un deuxième détournement de Claude Gohourou qui est sous le coup de la procédure judiciaire numéro 5610 DGPN / DPC en date du 26 septembre 2009 pour avoir déjà détourné l’argent des victimes des déchets toxiques dans le cadre de l’indemnisation initiée par l’Etat de Côte d’Ivoire et enfin abréger la souffrance des victimes. Aussi le processus devrait-il reprendre le lundi 22 mars quand Gohourou, à travers son avocat, a fait une opposition à cette décision. Les victimes continuèrent à recevoir leur argent jusqu’au jeudi dernier 25 mars. Nous avons été obligés le vendredi 23 mars de mettre le compte sous séquestre pour éviter que Gohourou ne le vide.

Il aura un procès le 1er avril, quelles sont les raisons de cet autre procès ?

C’est l’acte d’opposition de Gohourou au transfert de l’argent des nombreuses victimes restantes qui occasionne cet autre procès. Si tant est que la volonté de Gohourou est véritablement d’indemniser les victimes, c’est une action qui devrait être soutenue par lui et ses avocats. Il n’y a pas plus compte sécurisé à notre humble avis que celui des avocats ivoiriens.

Gohourou parle de 39 autres milliards d’autres à percevoir par les victimes. Qu’en est-il exactement ?

C’est un grossier mensonge pour encore escroquer les victimes. Aussi l’accord conclu entre les victimes et le cabinet Leigh Day & Co donnant pleins pouvoirs à Gohourou de disposer de l’argent des victimes et des représentants comme bon lui semble, lui interdit en contrepartie tout action judiciaire contre le cabinet anglais. C’est le sens du deal passé entre Gohourou et le cabinet Leigh Day & Co. En clair il n’y aura pas une autre indemnisation des victimes.

D’autres procédures d’indemnisation sont initiées par des associations de victimes. Quelle est la fiabilité ?

Pour certains individus, la question de déchets toxiques est devenue un fonds de commerce. Au moment où nous défendions les intérêts des victimes sans aucun soutien, nous n’avions nullement connaissance de ces différentes associations. La probabilité d’une nouvelle procédure d’indemnisation est quasiment nulle. Ces différentes associations sont donc dans une logique d’escroquerie. Cependant la procédure dont j’ai connaissance et qui est fiable est celle initiée depuis 2007 par monsieur Ouattara Marvin, président de l’Union des victimes d’Abidjan et banlieues.

Vous avez tenu une importante assemblée générale extraordinaire le samedi 27 mars dernier à la mairie d’Adjamé. Quelles en sont les résolutions ?

Nous avons d’abord tenu à expliquer aux victimes les raisons de l’arrêt du processus d’indemnisation évoquées ci-haut afin de les amener à prendre des décisions idoines et responsables pour la poursuite dudit processus. Les victimes ont ensuite demandé un audit de la gestion des 22,5 milliards de FCFA par Claude Gohourou et ont accepté librement d’apporter au Réseau national pour la défense des droits des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire (RENADVIDET-CI) afin d’exercer efficacement certaines actions. Notamment porter plainte contre Gohourou pour tous ses actes de faux, d’escroquerie et de rétention de leurs dossiers. Enfin, porter plainte contre le cabinet Leigh Day & Co pour avoir violer le mandat individuel de représentation dans une procédure judicaire internationale aux fins de réparations civiles à lui donné par les victimes.

Quel est votre message pour toutes les victimes de déchets toxiques ?

J’invite toutes les victimes qui ont été grugées et au Trésor d’Abidjan Sud dans le cadre de l’indemnisation initiée par l’Etat de Côte d’Ivoire et également dans cette procédure concernant les 22,5 milliards, de porter plainte dans les brigades de gendarmerie de leurs lieux et de résidence nous faire parvenir une copie de ces différentes plaintes. Afin, nous demandons la mobilisation effective de toutes les victimes à l’audience du 1er avril pour demander le transfert de leur argent sur le compte des avocats ivoiriens.

Interview réalisée par Williams Arthur Prescot
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