Dans le livre-entretien réalisé par Lébry Léon Francis avec le Cardinal Bernard Agré intitulé "Cardinal Bernard, ses grands bonheurs, ses menus secrets.", beaucoup de "ses menus secrets" n'ont pas été révélés dans l'entretien et restent religieusement cachés sous la cathédrale. Comme sur la mort du général Guéï, sur la mort de Boga Doudou, sur ses rapports avec le président Bédié, feu le général Guéï, et le président Gbagbo. Aux chapitres 6 et 7 du livre, on en apprend beaucoup, mais pas assez pour étancher notre soif de vérité. Ainsi, on y lit que le président Bédié a subi le coup d'Etat parce qu'il n'écoutait pas les sages conseils du cardinal. Qu'il aurait suffi que le président reçoive les militaires mécontents, à la demande du cardinal, pour que le coup d'Etat ne se réalisât pas: " … J'ai fait la même démarche auprès du président. Il m'a répondu que les militaires s'étaient mal conduits… j'ai essayé à plusieurs reprises d'éviter le coup d'Etat. Mais je n'ai pas été écouté. ". Et ce qui devait arriver arriva. (p 233-234). Feu le général Guéï aussi n'écoutait pas non plus le cardinal. Et il subissait, selon le cardinal, l'ambition démesurée de sa femme Rose Doudou. Quand le général a voulu proclamer sa victoire sans attendre la Cour suprême, le cardinal le lui avait déconseillé : "Ne faites pas de déclarations mais attendez que la Cour suprême proclame le vainqueur… Mes conseils n'ont pas été suivis. Est arrivé par la suite ce que vous savez.". Comment le général, par la suite, a-t-il été tué et qui l'a tué ? Le cardinal n'apporte guère d'éclairage sur ces questions. Et pour cause. Le cardinal, quand cela se passait, n'était pas à la cathédrale parce que quelqu'un qu'il connaissait sans doute mais qui l'avait appelé au téléphone en maquillant sa voix, lui avait demandé de partir de chez lui. Au motif que s'il ne partait pas, il serait accusé d'être la cause de la guerre civile. Pourquoi ? Comment ? On n'en saura rien. Mais toujours est-il que le général a été capturé à la cathédrale cette nuit-là. A propos de Boga, il affirme qu'il savait que Boga devait être éliminé et que celui-ci le savait. Comment ? Qui donc a tué Boga Doudou ? Silence de cathédrale. A la fin du chapitre 7, le cardinal donne son opinion sur les nombreux accords qui ont jalonné la route de la paix et pense qu'en dehors de celui de Ouagadougou, tous les autres sont des mauvais accords. Affirme-t-il. Mais en disant à Gbagbo : "Ce n'est pas un discours de père que de parler d'épée. Vous avez toujours dit aux gens, asseyons-nous et discutons. Alors, dites aux rebelles, faisons tout pour nous asseoir et discutons. Je crois qu'il aurait dû faire cet autre discours. Si cette démarche avait été faite plus tôt, nous aurions fait l'économie de tant d'ignominies, d'horreurs et de souffrances.". Décidément, ils n'écoutent jamais le cardinal… nos dirigeants. On se demande bien pourquoi…
ASSALE TIEMOKO
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