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Politique Publié le mercredi 31 mars 2010 | Nord-Sud

Alain Lobognon, Conseiller spécial du Premier ministre : “Des conseillers donnent de faux conseils au président”

Ulcéré, selon lui, par les récentes déclarations tendancieuses des politiques, Alain Lobognon, issu des Forces nouvelles et conseiller spécial chargé de la communication à la Primature, a fait, hier aux deux-Plateaux, un grand déballage sur le thème : « Quelles conditions pour un scrutin électoral fiable pour une sortie de crise apaisée ? » Il était l'invité de la coordination des communicateurs citoyens bénévoles pour le plébiscite du président Laurent Gbagbo.

De la libre circulation en zones Centre, nord, ouest
A votre place, je ne dirais pas qu'en zone gouvernementale, on rançonne les transporteurs et que c'est une bonne chose. Rappelez-vous que les transporteurs dans leur ensemble se sont engagés auprès des Forces de défense et de sécurité (Fds) pour mettre fin à cette pratique ici. Je ne vois pas quel Ivoirien qui va encourager qu'au Sud on rançonne les transporteurs et qu'il faille faire la même chose en zone Cno. Le rançon, c'est le rançon ; peut-être que vous n'êtes pas informé parce qu'ici aussi on rançonne les commerçants et aussi les citoyens. En tant que journalistes, il faut mettre sur pied une organisation de défense des citoyens pour éviter qu'on rançonne. Je fais partie, et avec moi, de l'ensemble des responsables des Forces nouvelles qui ont toujours appelé à mettre fin à ces pratiques peu honorables. Mais s'agissant des activités politiques, la libre circulation des biens et des personnes est garantie. Maintenant, si on rançonne le transporteur qui va vendre ses bœufs, j'avoue que les transporteurs eux-mêmes se plaignent pour dire : « si on rançonne, ce n'est pas votre affaire ». Militons pour qu'il y ait des élections et après nous mettrons des brigades sur pied pour mettre fin à toutes ces pratiques.

De la guéguerre FN-Camp présidentiel ?
Est-ce que tout baigne entre le camp présidentiel et les FN ? Vous faites allusion aux récentes déclarations entre les deux parties. Il ne suffit pas d'appartenir à un camp ou un autre pour se faire passer pour le leader du camp. Depuis l'éclatement de ces débats, avez-vous entendu les signataires de l'Accord politique de Ouagadougou se prononcer ? On ne devient pas calife à la place du calif. Jusque-là, vous n'avez pas entendu le Premier ministre insulter quelqu'un. Pareil pour le chef de l'Etat. Mais vous avez entendu le porte-parole du Premier ministre lancer un appel à l'apaisement. Il a dit qu'il y a un accord qui a été signé que nous sommes en train d'appliquer. Le jour où l'un des signataires prendra la décision de dénoncer cet accord, nous dirons qu'il n'y a plus d'accord. Et c'est fini. Mais je répète que c'est après constat que les deux parties armées se sont mises ensemble. Je ne dirai pas que tout le monde dans les deux camps accepte que cet accord ait été signé. Vous le savez mieux que moi, mais je dis que le chef de l'Etat a toujours revendiqué la paternité de cet accord et le Premier ministre a toujours assumé qu'il lui a répondu en toute connaissance de causes. Si vous pensez qu'il y a de l'huile usagée, je dis non. Tout baigne entre le chef de l'Etat et le Premier ministre. Le jour où se posera le problème de confiance, les Ivoiriens seront les premiers à être informés.

De l'audit de la liste des 5.300.000?
Dans mon entendement, il s'agirait pour ceux qui le réclament, d'aller chercher un informaticien pour venir le faire ; cela n'est pas mon avis. Et puis, cet informaticien, d'où tire-t-il sa connaissance pour venir auditer une liste électorale ? Ceux qui parlent d'audit, veulent qu'on retire de la liste ceux qu'ils identifient comme étrangers. S'il y a des preuves, on demande qu'ils soient retirés. Le Premier ministre a dit à travers sa déclaration lue par son porte-parole, Méité Sindou, qu'il fallait que tous les partis politiques le saisissent par écrit. Si on peut le faire tant mieux. Mais, je dis qu'il faut arrêter le débat sur la nationalité. Je tiens ici le journal Notre Voie d'hier (Lundi, Ndlr) dans lequel j'ai découvert un papier de Didier Dépry qui dit : « A la faveur du recensement électoral devant conduire à l'élection présidentielle, des faits de fraudes massives sur l'identité ivoirienne ont été constatés. Certains fraudeurs ont pu passer avec de vrais faux documents les mailles du filet pour se retrouver sur la liste électorale provisoire des 5.300.000 de pétitionnaires appelée également liste blanche. D'autres ont été dénoncés, soit épinglés. Pris la main dans le sac, ces fraudeurs sont passés à l'aveu. C'est le cas des dénommés Moussa Dembélé, Aly Traoré, Traoré Rokia, Abdoulaye Traoré, et Koné Mamadou dont les géniteurs Kassa Traoré et Yafondo Dembélé de nationalité malienne et exerçant la profession de planteurs à Mafia sous-préfecture de Danguira ont, par une demande de radiation datée du 20 janvier 2010, exigé que leurs enfants soient rayés de la liste électorale provisoire ». Celui qui lit cela, dira qu'on dit qu'il y a des fraudes et d'autres disent qu'il n'y en a pas. Moi je continue de dire qu'il faut être sérieux. L'on me dit que les parents ont écrit pour demander la radiation de leurs enfants. Certes, mais je suis allé plus loin ; j'ai demandé et obtenu les numéros d'identification de ces soi-disant fraudeurs qui auraient été retirés de la liste électorale provisoire. Je prends le cas de M. Moussa Dembélé dont le dossier reste à valider. Mais déjà, je rappelle qu'au moment de l'enrôlement, le Premier ministre disait que pour la fraude, lui, ne garantit pas à cent pour cent. Il a dit qu'en Côte d'Ivoire, au moment où on parle de fraude, les fraudeurs, eux, sont déjà prêts. Le Premier ministre pense que nous avons un système qui permettra de détecter tous ceux qui tenteront de frauder. Que s'est-il passé ? Lors des croisements auxquels les Ivoiriens se sont faits enregistrer avec un acte de naissance, tous ceux qui ont pensé qu'avec le seul acte de naissance parce que nés en Côte d'Ivoire pouvaient passer sans problème, ont été arrêtés. Qui sont-ils ? Difficile de le dire mais on a effectivement reparti les pétitionnaires. Ceux qui figurent sur la liste des 5.300.000 dite liste blanche, le système informatique a prouvé qu'ils étaient Ivoiriens. Et le million trente trois, la machine a détecté que ces derniers n'étaient ni Ivoiriens ni étrangers. Maintenant, il faut qu'ils viennent apporter la preuve de leur nationalité. Le fameux Moussa Dembélé dont les parents ont demandé le retrait de la liste électorale, il a été recalé par le système mis en place par Sagem et l'Ins (Institut national de la statistique, Ndlr). Il ne figure pas sur la liste, donc on le radie pour quoi ? J'ai son fichier ici (il le brandit et lit) ; croisement avec le fichier Côte d'Ivoire : Non, il n'a pas été retrouvé dans une base de données ivoiriennes. Croisement avec le fichier fusion étranger : Non, parce qu'il est né en Côte d'Ivoire. J'appelle les journalistes à approcher Sagem et l'Ins pour savoir comment le système a été bâti. Un monsieur qui ne figure pas sur la liste électorale indépendante, on dit qu'il a été radié de cette liste. Et il y a des magistrats qui se sont amusés à ce jeu-là (...)

Des FN face aux élections
Les Forces nouvelles ont demandé que l'on apporte les preuves avant de radier un individu. Ce sont ceux qui ont été condamnés qui ont perdu le droit de vote qui n'ont pas le droit d'y être. Mais depuis, nous n'avons entendu aucun parti politique dire Monsieur le ministre de la Justice donnez-nous la liste de toutes les personnes frappées d'interdits. Il y a des juges qui ont prononcé la radiation de certaines personnes parce qu'on leur a dit qu'on connaissait ces personnes, qui seraient arrivées en Côte d'Ivoire en telle année. A Ouagadougou, nous nous sommes posé la question de savoir comment accélérer le processus d'identification ? Et l'une des questions consistait à dire si en Côte d'Ivoire, nous avons une liste électorale. Nous avons répondu oui, et certains mêmes ont souhaité que nous allions aux élections avec la liste de 2000. Nous, Forces nouvelles avons dit donnons d'abord les cartes de nationalité ivoirienne aux Ivoiriens avant d'aller aux élections. Nous avons été mis en minorité. Nous avons alors dit, prenons la liste électorale de 2000, à partir de laquelle appelons les Ivoiriens à venir se faire enrôler. Tous ceux qui vont se présenter, vous leur donnez leur carte nationale d'identité ainsi vous actualiez la liste électorale. Si ce sont des Ivoiriens qui figurent sur la liste de 2000, donc tout le monde est Ivoirien. Tout le monde a dit oui et refusé que l'on retire un seul individu de cette liste. Vous pouvez poser la question au ministre Désiré Tagro. Ce n'est donc pas Guillaume Soro qui a établi la liste de 2000. Si en 2010 les Ivoiriens réalisent qu'ils s'étaient trompés parce qu'ils ont retrouvé quelqu'un qui, à l'époque ,était Sierra Léonais ou Brésilien, ce n'est pas de notre faute. Nous avons signé un accord, le gouvernement s'est prononcé sur la question, débattue du code électoral sur proposition de la commission électorale indépendante, un décret a fait l'objet de débats au conseil des ministres. Et tout le monde a reconnu que si un individu figure sur la liste de 2000, il est Ivoirien. C'est vraiment l'accord parfait ; cette fois-ci ce n'était plus entre les Forces nouvelles et le camp présidentiel mais plutôt tous les dix partis politiques présents au gouvernement. Maintenant certains disent qu'ils ont vu des étrangers. Qu'ils envoient ces étrangers-là.

De la gestion de la crise au palais présidentiel
Des conseillers du chef de l'Etat lui donnent de faux conseils. Certains sont allés le voir pour lui dire : « M. le président, nous ne comprenons pas pourquoi vous avez signé un tel accord. Parce qu'à cause de cet accord, des étrangers qui étaient sur la liste de 2000 sont Ivoiriens ». Le chef de l'Etat leur a dit : « Mais vous-mêmes avez sillonné la Côte d'Ivoire pour dire que vous soutenez l'accord ; aujourd'hui vous venez nous dire qu'il y a des étrangers sur la liste électorale ». Heureusement que lui au moins comprend la nécessité pour la Côte d'Ivoire de sortir de la crise. Tout le débat tourne autour de cette observation faite par des conseillers du chef de l'Etat, des responsables de la majorité présidentielle qui disent qu'ils ne peuvent pas gagner les élections dans leurs localités. Mais tout le monde n'est pas appelé à être député. Si au moment de l'enrôlement, leurs adversaires faisaient enrôler leurs électeurs et qu'eux dormaient à Abidjan où est notre problème ? Nous disons qu'il va rapidement valider la liste, retirer ceux qui n'ont pas le droit d'y être et avancer. Tant qu'on ne donnera pas le top-départ via le gouvernement, la Cei ne fera rien. Elle attend qu'on lui dise commencer à travailler, voici les règles. Je n'accepte pas les débats de nationalité et d'étrangers. En 1995, un de nos compatriotes est mort sans nationalité. Djéni Kobena (Ex-Secrétaire général du Rassemblement des républicains (Rdr) est mort parce qu'il voulait être député. En tout cas, je serai le porte- étendard de ceux qui refusent qu'on retire un Ivoirien de la liste électorale.

Des déclarations de Me Affoussy Bamba
Me Affoussy Bamba, voix officielle du Premier ministre Guillaume Soro ? Dans le cadre officiel de l'institution, la voix officielle du Premier ministre c'est d'abord lui-même et puis il a un porte-parole. Me Affoussy est le porte-parole des Forces nouvelles. N'oubliez pas que quand elle répond, elle répond à certaines personnes qui se réclament de la majorité présidentielle. Donc elle dit ce que les Forces nouvelles pensent. Elle dit ce que les Forces nouvelles veulent qu'elle dise. Elle ne le dit pas avec les mots que certains auraient voulus. C'est sa façon de s'exprimer. N'oublions pas que c'est la première fois qu'on voit une femme porte-parole d'un mouvement de cette envergure. Des couacs peuvent survenir, mais nous pensons qu'elle est encadrée. Le jour où on lui dira de se taire, elle pourra se taire. Mais pour l'heure, nous pensons qu'il faut créer la bonne ambiance pour permettre au chef de l'Etat et au Premier ministre de faire avancer le débat.



De la restauration de l'autorité de l'Etat
M. Konan Ahoutou (Directeur département de campagne de Laurent Gbagbo, 19è invité de la Coordination Ndlr) dit que la ville de Bouaké est aux mains des Forces nouvelles, c'est son avis. S'il pense que les préfets n'ont pas le pouvoir qu'il faut, je pense que c'est une injure qu'il leur fait. A l'époque quand on parlait de la délégation du pouvoir, le premier ministre Seydou Diarra disait que les pouvoirs ne sont pas sur le papier. Car, l'on peut vous donner tous les pouvoirs mais tant que vous ne vous imposez pas, personne ne vous prendra au sérieux. Les préfets sont payés pour représenter l'Etat. Mais s'ils pensent qu'ils sont payés pour jouer à l'Awalé, c'est leur affaire. Le Premier ministre, lui-même, est allé à Bouaké où il a dit : « à partir d'aujourd'hui, vous êtes les autorités politiques et administratives. Si les préfets estiment qu'ils n'ont pas le pouvoir qu'ils rentrent à Abidjan. Ils ont été mis là, qu'ils prennent le pouvoir. Les cadres du Fpi font fausse route ; ce n'est pas parce qu'on ne peut gagner une localité qu'ils vont créer toutes les conditions de la chienlit ; je suis désolé. Certains disent qu'il y a eu des violences en zone Cno à la faveur de la crise (des marches éclatées lancées par le Rhdp, Ndlr). Certes, mais les Forces nouvelles l'ont regretté. Mais n'oublions qu'il y a eu des violences aussi au Sud, avec parfois morts d'hommes et blessés. Personne n'a souhaité ces violences. Pour nous ce qui compte, c'est d'avancer.

De la responsabilité des partis politiques
Il faut reconnaître que les partis politiques sont fautifs. Parce qu'en pleine période d'enrôlement, chacun des grands partis politiques a accusé ses voisins de tricherie. Ils se sont plaints au Premier ministre, lui disant qu'un tel est en train de tricher dans telle ville et qu'ils en avaient les preuves. Il faut assumer ces actes. Mais il faut reconnaître un système quand il est transparent. Au départ, nous avions 6.500.000 personnes qui se sont faites enrôler. Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec une liste électorale provisoire de 5.300.000. Le système a détecté 49.000 personnes identifiées comme des étrangers. Nous n'avons qu'à communiquer sur ces résultats.

De l'affaire Mambé
Je ne pense pas que l'affaire Mambé puisse avoir des conséquences sur le fonctionnement normal des institutions. Cette affaire a été réglée, bien réglée parce que chaque parti politique en a profité pour remplacer des personnes qu'il voulait remplacer. Ils étaient nombreux à dire que certains avaient duré au gouvernement. L'affaire Mambé les a aidés à régler ce problème. J'ai ici un document, la déclaration de l'ambassadeur Alcide Djédjé qu'il a faite devant le Conseil de sécurité (le 17 mars dernier, Ndlr). Cette déclaration est à la base du remue-ménage médiatique que nous constatons chaque matin entre les Forces nouvelles et le camp présidentiel. Alcide Djédjé est le chef de délégation du camp présidentiel au Cea (Comité d'évaluation et d'accompagnement, Ndlr). M. Alcide Djédjé disait que la priorité doit être accordée à une liste électorale fiable pour l'organisation d'élections fiables et crédibles. Pour ce faire, deux actions essentielles doivent être menées : « Premièrement, la suppression du fichier des 429 000 personnes que l'ancien président de la Cei a voulu inscrire frauduleusement sur la liste électorale. Deuxièmement, la réalisation d'un audit complet de la liste électorale provisoire pour en extraire les personnes qui n'ont pas le droit d'y être et valider l'inscription de celles qui ont le droit d'être sur la liste électorale ». M. Alcide Djédjé dit au conseil que ces opérations prendront un à deux mois, au bout de ce délai, la liste électorale sera établie pour aller aux élections. Mambé avait la chance d'être le président de la Cei, ne dit-on pas qu'en Côte d'Ivoire c'est la séparation des pouvoirs ? Alcide Djédjé est conseillé du chef de l'Etat, patron de l'Exécutif. Alcide Djédjé est en même temps ambassadeur de Côte d'Ivoire à l'Onu. C'est donc en cette qualité qu'il a parlé, certainement. Mais moi, en tant que chef de délégation des Forces nouvelles au Cea, je note qu'il n'a pas parlé es-qualité. Parce qu'il s'est fait le porte-voix d'une tendance politique. Le débat est donc parti de là. Les 429.000 personnes n'ont jamais été inscrites sur la liste électorale provisoire, sinon on aurait eu 5.700.000 personnes (...) Rassurez les Ivoiriens, la liste n'a pas été tripatouillée. (...)

Propos recueillis par Bidi Ignace
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