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Politique Publié le vendredi 2 avril 2010 | Nuit & Jour

PDCI RDA Construction

Alors que les élections générales n’arrêtent pas de jouer les arlésiennes, les partis n’arrêtent pas non plus de peaufiner leurs stratégies de campagne. Il en est ainsi du plus vieux d’entre eux, le Pdci-Rda, qui a décidé de remettre plus que jamais au goût du jour son statut de « bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne ». Profitant de sa présence au ministère des Infrastructures Economiques, cette formation entend se constituer ainsi un viatique de poids pour la campagne électorale à venir.
« Les ministères sont devenus pour les partis politiques des caisses noires où ils constituent leurs fonds de campagne pour les futures élections». Telle est l’idée admise par les Ivoiriens au sujet des postes ministériels depuis que l’accord de paix de Linas Marcoussis a introduit le partage du pouvoir entre les acteurs politiques ivoiriens, par l’effet d’un gouvernement de réconciliation nationale en vue de ramener la paix dans ce pays. Et la pratique acquise dans cette équipe, où l’unicité de l’action et la solidarité gouvernementales n’existe pas, mais plutôt des ministres qui prennent leurs instructions auprès des chefs de leurs partis d’origine au lieu du chef de l’Etat, a profondément convaincu le peuple de cette singulière réalité. C’est cette situation, qui donne lieu à une atmosphère conflictuelle ambiante dans laquelle baigne l’équipe gouvernementale depuis l’institution de ce schéma, qui a justement fini par faire éruption à travers la brutale dissolution de cette équipe par le chef de l’Etat le 12 février 2010 en vue de la remplacer par une autre plus conventionnelle.
L’approche réminiscente du Pdci-Rda
Seulement, si cette gestion patrimoniale des finances et du matériel des ministères prévaut pour tous les partis politiques, il s’en trouve qui, pour certains portefeuilles à eux attribués, développent une approche qui va bien au-delà de ce pillage systématique. Et celle-ci prend les contours et le contenu d’un investissement politique sur l’avenir.
Il en est ainsi du Pdci-Rda. Au sein de la direction de ce parti, l’on a plutôt décidé de faire de ses ministères un véritable cheval de bataille pour les élections générales à venir et qui sont sa véritable priorité. Pour ce faire, il s’agit en l’espèce de démontrer à travers la gestion de ces portefeuilles, que le vieux parti est et demeure le meilleur choix pour une gouvernance satisfaisante de la Côte d’Ivoire. Pour se donner les moyens d’en convaincre les Ivoiriens, c’est naturellement dans son patrimoine historique que le Pdci-Rda va puiser : l’action de Félix Houphouët-Boigny qui demeurera à jamais dans la conscience collective des Ivoiriens, « le bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne ». En ces temps de crise multiforme très prononcée, où les partis politiques s’accusent mutuellement d’être les auteurs de la ruine et de la régression de ce pays, la direction de l’ex-parti unique sait que l’évocation du souvenir du père de la nation ne peut qu’être un fonds de commerce politique très prospère. Tant les Ivoiriens ont aujourd’hui une profonde nostalgie de son action de construction de la Côte d’Ivoire. Alors, Henri Konan Bédié, qui veut définitivement convaincre de sa renaissance politique, a entrepris de renouer le fil conducteur avec son ‘’père politique’’, en démontrant ici et maintenant qu’il a la volonté et est en mesure de perpétuer son œuvre. Et, il estime que le ministère des Infrastructures Economiques, qui a échu par bonheur à son parti dans le cadre du partage des postes ministériels évoqué plus haut, est une excellente opportunité pour en faire la démonstration. Ce ministère étant chargé de l’équipement du pays en infrastructures de développement telles que les routes, les ponts, les aéroports, les ports, etc.
L’argument du bilan de Patrick Achi
Dans cette logique, Henri Konan Bédié, dit-on, a attaché plus de prix à ce ministère qu’à tous les autres qui ont été versés dans le quota du Pdci-Rda. Car, avec lui, il s’agissait de démontrer que même en n’étant plus au pouvoir, sa formation est le parti qui a construit et continue de construire la Côte d’Ivoire. Et dans la vision du candidat du Pdci-Rda, cette option est d’un enjeu déterminant dans sa stratégie de reconquête du pouvoir d’Etat. Parce que venu le moment de la campagne électorale, c’est en égrenant le chapelet des ponts, routes, bâtiments publiques, infrastructures nouvelles ou aménagées telles que les ports et les aéroports, etc. que l’ex-parti au pouvoir est certain de convaincre, par de tels actes concrets, les Ivoiriens à lui reconfier les destinées du pays. Henri Konan Bédié en aurait fait l’un des principaux alliages constitutif du fer de lance de sa stratégie pour décider les électeurs à estampiller leurs suffrages de son nom.
Ainsi, la grosse débauche d’énergie de l’ancien ministre des Infrastructures Economiques, Patrick Achi, pour donner un contenu réel à son ministère et laisser par ce fait un souvenir impérissable aux Ivoiriens de son passage aux commandes de celui-ci, se trouve expliquée par cette instruction. Bédié a ainsi voulu que les infrastructures réalisées par son ministre s’offrent à la vue des Ivoiriens tels des cathédrales et témoignent, par le fait, que le Pdci-Rda est toujours à l’ouvrage pour la construction de la Côte d’Ivoire. Et que, si son parti, alors qu’il n’est pas au pouvoir, réussit de telles œuvres, combien n’en ferait-il pas de plus grandes si les Ivoiriens venaient à le porter de nouveau au pouvoir. De cette optique, on retient ainsi le bitumage la route reliant la ville d’Abidjan à celle d’Adzopé (même si les mauvaises langues voudront toujours que Patrick Achi se soit fait une auto-passe), le chantier du prolongement de l’Autoroute du Nord de Singrobo à Yamoussoukro, le pont reliant le quartier de Sideci à celui de Niangon dans la commune de Yopougon, les récents aménagements de l’aérogare de l’Aéroport international Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët, etc. Ce à quoi, il faut ajouter des projets plus importants qui auraient sans doute donné un éclat marquant au bilan du ministre Patrick Achi. Notamment, l’extension du Port Autonome d’Abidjan dont le financement est en cours de bouclage, et surtout le lancement des travaux du Troisième pont d’Abidjan reliant la commune de Cocody à celle de Marcory. Ces travaux étaient censés être inaugurés le 19 février 2010, à grand renfort médiatique, quand le 12 du même mois éclata la crise qui conduisit à la dissolution du gouvernement et provoqua le départ de Patrick Achi. Il n’empêche qu’il en avait bouclé le financement, tout comme il l’avait fait pour celui le pont de Jacqueville dont les travaux sont à leurs prémices. Autant de projets et de chantiers dont le but est de constituer pour le Pdci-Rda et son président, Henri Konan Bédié, le viatique par lequel ils entendent convaincre les Ivoiriens durant la campagne électorale qu’ils sont l’équipe qu’il faut pour remettre rapidement à niveau cette Côte d’Ivoire qui sort d’une crise armée qui a engendré la destruction et la dégradation de nombre de ses acquis .
Les instructions de Bédié à Banzio
Sous cet angle, on ne peut que mieux saisir les raisons pour lesquelles, alors que leurs militants les sommaient de ne plus retourner au gouvernement, les dirigeants du Rhdp, sous la houlette de Henri Konan Bédié, ont refusé d’épouser l’opinion des contestataires. Parce que pour le président du Pdci-Rda, cela est d’un enjeu capital pour les élections à venir. A cet effet, la direction de l’ex-parti unique a manœuvré pour garder dans son escarcelle ‘’son précieux’’ ministère des Infrastructures Economiques. Dagobert Banzio qui a remplacé Patrick Achi dans le rôle de patron de ce département, a hérité de facto la mission alors assignée à celui-ci. Selon nos sources, Henri Konan Bédié a ainsi donné cette feuille de route impérative à son nouveau cheval de bataille : que l’élection présidentielle soit prévue dans trois ou six mois ou même plus, Banzio doit par tous les moyens démarrer les travaux du Troisième pont d’Abidjan et du pont de Jacqueville, tout en poussant plus loin avec ceux du prolongement de l’Autoroute du Nord. Parce que c’est avec ces chantiers qu’il battra campagne, les exhibant comme des résultats du Pdci-Rda. C’est donc sous la pression de cette mission, que le nouveau ministre des Infrastructures Economiques, qui veut s’en acquitter avantageusement, à aussitôt entrepris de s’entourer des hommes qu’il pense les meilleurs pour l’y aider. Mais, il se heurte à la résistance des hommes de son prédécesseur, Patrick Achi, qui, prenant prétexte du fait que tous sont cadres du même Pdci-Rda, estiment qu’ils devraient demeurer en place. Un argument qui n’est pas dénué de sens. Mais alors, comment Henri Konan Bédié compte-t-il atteindre les buts qu’il recherche sans pour autant mettre ses hommes en conflit ? C’est là une autre paire de manche mais qui, dans le fait, ne semble pas la plus insurmontable.
Yves Blondel
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