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Politique Publié le samedi 3 avril 2010 | Le Nouveau Réveil

Les confidences de Gbagbo à ses proches : Pas de cinquantenaire sans réunification et sans désarmement

Gbagbo a donc réparé son MI-24. Ce redoutable avion de combat avait été cloué au sol et presque détruit par les soldats français de l'opération Licorne après l'échec de "l'opération Dignité". Le prétexte avancé pour "retaper" cette machine de guerre, le cinquantenaire de la Côte d'Ivoire. Or tout le monde sait que la vraie raison se trouve ailleurs. Gbagbo se prépare à reprendre la guerre si Soro et les Forces nouvelles refusent de se plier à ses volontés. Les choses sont aussi simples que ça. Soit vous désarmez, soit on vous désarme par la force. Et le chef de l'Etat pense s'être suffisamment préparé dans ce sens. C'est désormais un secret de polichinelle que Gbagbo a pris le temps qu'il faut pour préparer cette bataille qu'il assimile à un défi personnel. Défi qu'il tient à relever pour faire oublier son humiliation du 19 septembre 2002 et son échec de novembre 2004. En tout état de cause, le chef de l'Etat n'a pas l'intention de célébrer le cinquantenaire de la Côte d'Ivoire sur seulement un bout de son territoire.

Pour lui, cette fête qu'il veut populaire doit être un instant de renaissance, de délivrance de la Côte d'Ivoire. Et le héros de cette délivrance c'est bien entendu lui, le "brave" du film western. Le duel final doit donc avoir lieu. Entre lui et Soro. Le désarmement et la réunification ne sont en réalité qu'un prétexte. Tout avait été négocié et signé à Ouaga. Si Gbagbo insiste et persiste, c'est parce qu'il est conscient que les Forces nouvelles n'entendraient pas la chose de cette oreille et que le clash qu'il souhaite de tous ses vœux est inévitable.

Le chef de l'Etat est rentré de Ouaga avec presque l'appui du facilitateur qui milite lui aussi pour une "réunification totale" avant les élections. Or, comme il a eu à l'expliquer à sa sortie d'audience avec Compaoré, pour Gbagbo, la réunification comprend beaucoup de choses : le redéploiement des forces douanières, militaires et de l'administration préfectorale". La question c'est quand et comment tout cela va se traduire sur le terrain. Car pour les partisans de Gbagbo, la réunification du territoire et le désarmement n'a jamais rien signifié d'autre que le désarmement intégral des ex-rebelles et le redéploiement effectif des Forces de défense et de sécurité nationale sur toute l'étendue du territoire national. Gbagbo tient particulièrement à cet aspect des choses. Car pour le cinquantenaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, il compte inviter dans notre pays des invités de marque, des chefs d'Etat d'Afrique et du monde et d'autres grands invités. Ce n'est pas pour rien qu'il a déboursé un budget collossal de plusieurs milliards pour ces festivités. Il veut en faire un grand moment. Mais surtout profiter de l'occasion pour restaurer son image, se projeter comme celui qui a gagné la guerre de libération de la Côte d'Ivoire, qui a arraché notre pays des griffes du néo-colonialisme et qui va poser les bases de sa vraie indépendance, affirmer sa pleine souveraineté. De fait, aujourd'hui, tout se passe presque comme en 2004, lors de "l'opération dignité". Tout le monde sait, selon des sources proches même de l'Onuci, que Gbagbo va attaquer. Les partisans les plus crédibles du chef de l'Etat ne le cachent d'ailleurs pas. Mais qui peut éteindre le feu ? Qui peut faire entendre raison à Gbagbo ? Qui peut lui faire comprendre que brandir l'épée contre l'épée ne va jamais résoudre le problème de la Côte d'Ivoire ?

Akwaba Saint Clair





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