« Un chien qui mord un homme est un non évènement mais lorsqu’un homme mord un chien cela devient automatiquement un évènement de taille ». C’est la première leçon qui est donnée aux étudiants lorsqu’ils font leur premiers pas dans une école sérieuse de journalisme. Hélas, certains confrères semblent n’avoir pas encore pris l’ampleur de cette phrase. Dans son édition du samedi 3 avril 2010, un quotidien ivoirien a titré à sa grande « Une » : « Commission Electorale Indépendante : Mambé laisse une ardoise de 252 millions à Bakayoko. Tous les détails de cette dette ». A voir de près cette « Une », on croirait que l’ex-Président de la Commission Electorale Indépendante, Monsieur Robert Beugré Mambé, accusé sans la moindre preuve par le clan Présidentiel d’avoir intégré 429.000 personnes dans le fichier électoral, aurait commis une malversation financière ou encore aurait fait, dans sa gestion, un trou du montant indiqué par le quotidien en question. Cela s’appelle simplement une façon malhonnête, irrévérencieuse et tendancieuse de traiter l’information. A vrai dire, ce quotidien, tente de livrer à la vindicte populaire celui qui était à deux doigts d’offrir des élections historiques à la Côte d’Ivoire après avoir réalisé 95% de la mission que lui ont confié les ivoiriens. Dans le développement de l’article, le journal écrit que la Commission Electorale Indépendante reste devoir de l’argent à une société de sécurité privé. Un non évènement, pourrait-on dire à la limite ! C’était comme si l’on vous disait qu’il existait des français en France. Cette affaire qui n’en est pas une aurait pu être un évènement si et seulement si par exemple la CEI, qui doit à cette société de gardiennage, comme à d’autres sociétés d’ailleurs, refusait de faire face à ses engagements. D’ailleurs, quelle Institution de la République, quel Etablissement Public National, quelle société d’Etat ou privé ne doit-il pas de l’argent à un fournisseur ? Ce journal peut-il jurer la main droite sur le cœur qu’il ne doit lui-même pas à un seul fournisseur dans ce pays ? L’auteur de cet article ne doit-il pas lui-même à quelqu’un ? Mais pourquoi veut-on forcement faire croire à l’opinion que cette dette née sous le règne de Mambé est une infraction par rapport aux autres dettes contractées par l’Etat ? Pourquoi tant de haine pour si peu ? Bref… Un autre quotidien bien connu pour être champion dans la manipulation est allé jusqu’à affirmer que Mambé a reconnu devant ses enfants avoir introduit les 429.000 personnes dans le fichier électoral. Ce journal était-il présent ce jour là dans le salon de Mambé ? Comment s’appellent les enfants à qui Mambé a fait ces aveux ? Quand ? Où ? Comment ? Pourquoi ? Cela s’appelle faire de la magie journalistique. Il est important de rappeler à tous que Mambé a récemment été blanchi dans cette vraie fausse affaire de 429000 personnes contrairement au parti au pouvoir et ses satellites qui entendaient dans leur jeu favori de mythomanie définitivement discréditer Mambé. Le Représentant spécial de l`ONU pour la Côte-d`Ivoire, Choi Young-Jin ne déclarait-il pas le 17 Mars 2010 que « Les listes électorales prévisionnelles établies au mois de novembre dernier étaient hautement crédibles et bien équilibrées » ? N’a-t-il pas été soutenu le mardi 30 Mars 2010 par Alain Lobognon, Conseiller Spécial du Premier ministre Guillaume Soro et membre influent des Forces nouvelles en ces termes : “ Les 429.000 pétitionnaires de “l`affaire Mambé” n`ont jamais été introduits sur la liste électorale provisoire. Personne n`a jamais été inscrit sur la liste électorale. J`ai en ma possession les textes décret N° 2008-135 du 14 avril 2008 fixant les modalités de collaboration entre les opérateurs techniques et la Commission électorale indépendante (Cei), qui montrent les responsabilités dans les croisements informatiques. C`est l`Ins et la Sagem, les deux opérateurs techniques, qui ont compétences pour le faire. L`histoire des 429.000 pétitionnaires est un faux débat. La liste n`a pas été tripatouillée. L`histoire des 429.000 pétitionnaires, laissons çà de côté (…) La Cei n`a pas la compétence pour ajouter de nouveaux noms. Au lieu de s`asseoir et faire des déclarations, le procureur Tchimou devrait demander à avoir copie des 429.000 pétitionnaires ou celle des 5,3 millions de personnes “. Monsieur Mambé ne mérite donc pas d’être traité de la sorte par des personnes tapies dans l’ombre qui donnent des ordres à une certaine presse. Si la simple évocation du nom Robert Beugré Mambé peut accroître les chiffres d’affaire d’un journal dans cette période de vaches maigres, tant mieux. Mais ce haut cadre ivoirien, qui a fait toutes ses preuves dans l’administration ivoirienne, a besoin de quiétude et aimerait désormais vivre sa vie de famille, loin de tous ces micmacs et autres coups bas politiques. Plusieurs autres sujets en politique, en sports, en société, en économie et en sciences pourraient intéresser les lecteurs ivoiriens.
Jean Claude Koudougnon
Jean Claude Koudougnon