Affi N’Guessan président du FPI et ancien Premier ministre s’est prononcé hier sur RFI sur la situation politique de l’heure. Pour lui, le désarmement doit se faire ici et maintenant si on veut aller à l’élection présidentielle.
RFI: Monsieur le Premier ministre vous dites que vous êtes pressé pour aller à l’élection mais en même temps vous réclamez le désarmement avant ces élections. Est-ce que ce n’est pas une façon de renvoyer ces élections aux calendres grecques?
Affi N’Guessan: Non pas du tout. Il s’agit plutôt d’une façon de garantir des élections justes, libres et transparentes. On ne peut le faire que si la réunification du pays est effective pour les électeurs qui vont aller aux urnes.
Alors le secrétaire général des Forces nouvelles qui est aussi le Premier ministre, Guillaume Soro, affirme que ce désarment avant les élections que vous réclamez ne figure pas dans les Accords de Ouagadougou de 2007.
Il faut qu’il relise les accords de Ouaga qu’il a signés lui-même. Parce qu’il est écrit clairement dans l’Accord complémentaire 4 que le désarmement doit avoir lieu deux mois avant les élections.
Il dit que ce qui est prévu, c’est l’encasernement avant les élections et la réunification des deux armées un mois après ces élections.
Non et non. Il faut savoir que le désarmement comporte trois volets: il y a le volet encasernement d’une partie des combattants. Mais en même temps qu’on les encaserne, on les désarme parce qu’ils sont candidats à la future armée. L’autre volet du désarment, c’est le déploiement des brigades mixtes pour sécuriser l’ensemble du territoire national. L’autre volet du désarmement, c’est la démobilisation de tous les autres ex-combattants contre le paiement de 500.000 FCFA. Alors, ceux qui ne sont pas démobilisés, sont automatiquement désarmés. Cette opération doit se terminer au plus tard, 2 mois avant les élections. Ce qui est prévu un mois après l’élection, c’est la mise en place de la nouvelle armée.
Visiblement vous n’êtes pas du tout d’accord sur les interprétations de l’accord de Ouga.
Je crois qu’on est d’accord mais que le Premier ministre ne veut pas assumer cette responsabilité qui lui incombe.
Autre point de blocage, c’est la liste électorale. Vous dites que la liste blanche, la liste provisoire de 5300000 habitants est entachée d’irrégularités. Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Choi dit au contraire que c’est une bonne liste.
Nous ne disons pas que cette liste est à jeter. Nous disons que c’est une liste à vérifier pour qu’elle soit propre et qu’elle puisse inspirer confiance à tous. C’est tout ce que nous demandons. Au cours du contentieux, nous avons observé qu’il y a beaucoup d’éléments frauduleux sur la liste. Cette liste blanche, n’est pas en fait totalement blanche. L’autre revendication est qu’on s’assure que cette fraude est localisée, qu’il n’y a pas eu une fraude massive. Que cette liste n’est pas trop sale et qu’on peut aller à l’élection, sur la base de ces 5.300.000.
Alors sur la question du désarmement, vous invoquez l’accord de Ouaga, mais Guillaume Soro rappelle que vous n’avez pas signé cet accord et que c’est avec le Président Gbagbo. Qu’il ne négocie pas avec vous qui êtes chef de parti.
Oui, j’ai eu l’occasion de lui rappeler que le Président Gbagbo est le Chef d’Etat de Côte d’Ivoire et qu’il agit donc au nom de tous les Ivoiriens. Et de dire aussi que la Côte d’Ivoire appartient à tous et que nous sommes tous fondés à revendiquer que ce pays soit réunifié dans son intégrité territoriale.
Alors si le Premier ministre Guillaume Soro, n’obtient pas ce que vous réclamez, c’est-à-dire le désarmement des Forces Nouvelles, que doit-il faire à votre avis?
Mais, je pense qu’il faut qu’il tire les conséquences de son impuissance.
C`est-à-dire?
C`est-à-dire, rendre le tablier et permettre au pays de chercher d’autres voies de sortie de crise.
Vous lui demandez de partir, en ce moment-là?
Bien sûr. Je crois que dans les jours à venir, le Premier ministre Guillaume Soro aura un choix douloureux à faire. Soit, il a la capacité de réunifier le pays, de restaurer l’autorité du pays sur l’ensemble du territoire conformément à l’accord politique de Ouagadougou, soit il n’en a pas les capacités et il rendra le tablier.
Alors le Président Laurent Gbagbo, lui ne remet pas en cause la position de Guillaume Soro comme Premier ministre. Au contraire ce dimanche, il l’a reçu à abidjan. Est-ce qu’il n’y a pas de désaccord entre Laurent Gbagbo et vous?
Non pas du tout. Même si le Premier ministre doit partir demain, ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas le recevoir chez soi, faire une balade en bateau sur la lagune Ebrié. Je me demande même si cette balade n’est pas une balade d’Adieu.
Recueillis sur RFI par Thiery Latt
Qui veut tuer Soro?
« (…) Même si le Premier ministre doit partir demain, ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas le recevoir chez soi, faire une balade en bateau sur la lagune Ebrié. Je me demande même si cette balade n’est pas une balade d’Adieu». Ces propos sont de Pascal Affi N’Guessan, président du parti au pouvoir, le FPI. Il les a tenus sur RFI avant-hier dans un entretien que la ‘’Radio mondiale’’ lui a accordé. Ces propos ont été repris par les medias ivoiriens dans leur majorité dans leur publication d’hier et d’aujourd’hui. Il y a quelque chose de choquant dans ce bout de phrase du numéro un du parti présidentiel. Quand Affi soutient que la balade en lagune que Soro a faite avec Gbagbo dimanche dernier est ‘’une balade d’adieu’’, il y a de quoi s’interroger. Les propos de l’ancien Premier ministre de Gbagbo l’ont-ils trahi? Affi a-t-il lâché ces mots sans en mesurer les conséquences? Car, il aurait dit que la ‘’balade est une balade d’au revoir’’ que personne n’aurait trouvé à redire. Mais affirmer qu’il s’agit d’une promenade ‘’d’adieu’’ est un peu trop fort. Dans la mesure où, généralement lorsqu’on dit ‘’adieu’’ à quelqu’un, c’est que cette personne s’en est allé pour l’au delà. Elle est morte. D’une manière ou d’une autre. En affirmant pince sans rire, que ‘’je me demande même si cette balade n’est pas une balade d’Adieu’’, Affi prédit certainement que Guillaume Soro mourra (excusez du peu) dans les tout prochains jours. Parce que si c’était pour dire qu’à l’issue de cette promenade, les jours de Soro sont comptés à la Primature et qu’il ne sera plus le locataire de la ‘’Maison blanche’’ du Plateau, le président du FPI aurait simplement pu dire sur les antennes de RFI ‘’je me demande même si cette balade n’est pas une balade d’au revoir’’. Le fait peut paraître anodin, mais chaque mot a sa signification et son sens. Et Affi N’Guessan sait certainement de quoi il parle. La communauté nationale et internationale a encore en mémoire les propos que ce même Affi a prononcés sur les mêmes antennes de la même radio RFI aux toutes premières heures de l’éclatement de la rébellion. C’est en effet Affi N’Guessan, alors Premier ministre qui avait soutenu que Guéi était en route pour la RTI pour prendre le pouvoir. On connaît la suite. On sait ce qui est arrivé au Général Guéi, juste après les propos d’Affi. L’ancien chef de la junte a été retrouvé mort à la Corniche. Y avait-il un lien de cause à effet entre la mort de Guéi et les propos d’Affi? Où était-ce tout simplement une coïncidence? Les enquêtes sont en cours qui permettront de situer les responsabilités. En entendant, il y a de quoi s’inquiéter. Pourquoi? Eh bien, parce que les mêmes causes produisent (toujours) les mêmes effets, surtout sous la refondation.
Yves-M. ABIET
RFI: Monsieur le Premier ministre vous dites que vous êtes pressé pour aller à l’élection mais en même temps vous réclamez le désarmement avant ces élections. Est-ce que ce n’est pas une façon de renvoyer ces élections aux calendres grecques?
Affi N’Guessan: Non pas du tout. Il s’agit plutôt d’une façon de garantir des élections justes, libres et transparentes. On ne peut le faire que si la réunification du pays est effective pour les électeurs qui vont aller aux urnes.
Alors le secrétaire général des Forces nouvelles qui est aussi le Premier ministre, Guillaume Soro, affirme que ce désarment avant les élections que vous réclamez ne figure pas dans les Accords de Ouagadougou de 2007.
Il faut qu’il relise les accords de Ouaga qu’il a signés lui-même. Parce qu’il est écrit clairement dans l’Accord complémentaire 4 que le désarmement doit avoir lieu deux mois avant les élections.
Il dit que ce qui est prévu, c’est l’encasernement avant les élections et la réunification des deux armées un mois après ces élections.
Non et non. Il faut savoir que le désarmement comporte trois volets: il y a le volet encasernement d’une partie des combattants. Mais en même temps qu’on les encaserne, on les désarme parce qu’ils sont candidats à la future armée. L’autre volet du désarment, c’est le déploiement des brigades mixtes pour sécuriser l’ensemble du territoire national. L’autre volet du désarmement, c’est la démobilisation de tous les autres ex-combattants contre le paiement de 500.000 FCFA. Alors, ceux qui ne sont pas démobilisés, sont automatiquement désarmés. Cette opération doit se terminer au plus tard, 2 mois avant les élections. Ce qui est prévu un mois après l’élection, c’est la mise en place de la nouvelle armée.
Visiblement vous n’êtes pas du tout d’accord sur les interprétations de l’accord de Ouga.
Je crois qu’on est d’accord mais que le Premier ministre ne veut pas assumer cette responsabilité qui lui incombe.
Autre point de blocage, c’est la liste électorale. Vous dites que la liste blanche, la liste provisoire de 5300000 habitants est entachée d’irrégularités. Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Choi dit au contraire que c’est une bonne liste.
Nous ne disons pas que cette liste est à jeter. Nous disons que c’est une liste à vérifier pour qu’elle soit propre et qu’elle puisse inspirer confiance à tous. C’est tout ce que nous demandons. Au cours du contentieux, nous avons observé qu’il y a beaucoup d’éléments frauduleux sur la liste. Cette liste blanche, n’est pas en fait totalement blanche. L’autre revendication est qu’on s’assure que cette fraude est localisée, qu’il n’y a pas eu une fraude massive. Que cette liste n’est pas trop sale et qu’on peut aller à l’élection, sur la base de ces 5.300.000.
Alors sur la question du désarmement, vous invoquez l’accord de Ouaga, mais Guillaume Soro rappelle que vous n’avez pas signé cet accord et que c’est avec le Président Gbagbo. Qu’il ne négocie pas avec vous qui êtes chef de parti.
Oui, j’ai eu l’occasion de lui rappeler que le Président Gbagbo est le Chef d’Etat de Côte d’Ivoire et qu’il agit donc au nom de tous les Ivoiriens. Et de dire aussi que la Côte d’Ivoire appartient à tous et que nous sommes tous fondés à revendiquer que ce pays soit réunifié dans son intégrité territoriale.
Alors si le Premier ministre Guillaume Soro, n’obtient pas ce que vous réclamez, c’est-à-dire le désarmement des Forces Nouvelles, que doit-il faire à votre avis?
Mais, je pense qu’il faut qu’il tire les conséquences de son impuissance.
C`est-à-dire?
C`est-à-dire, rendre le tablier et permettre au pays de chercher d’autres voies de sortie de crise.
Vous lui demandez de partir, en ce moment-là?
Bien sûr. Je crois que dans les jours à venir, le Premier ministre Guillaume Soro aura un choix douloureux à faire. Soit, il a la capacité de réunifier le pays, de restaurer l’autorité du pays sur l’ensemble du territoire conformément à l’accord politique de Ouagadougou, soit il n’en a pas les capacités et il rendra le tablier.
Alors le Président Laurent Gbagbo, lui ne remet pas en cause la position de Guillaume Soro comme Premier ministre. Au contraire ce dimanche, il l’a reçu à abidjan. Est-ce qu’il n’y a pas de désaccord entre Laurent Gbagbo et vous?
Non pas du tout. Même si le Premier ministre doit partir demain, ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas le recevoir chez soi, faire une balade en bateau sur la lagune Ebrié. Je me demande même si cette balade n’est pas une balade d’Adieu.
Recueillis sur RFI par Thiery Latt
Qui veut tuer Soro?
« (…) Même si le Premier ministre doit partir demain, ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas le recevoir chez soi, faire une balade en bateau sur la lagune Ebrié. Je me demande même si cette balade n’est pas une balade d’Adieu». Ces propos sont de Pascal Affi N’Guessan, président du parti au pouvoir, le FPI. Il les a tenus sur RFI avant-hier dans un entretien que la ‘’Radio mondiale’’ lui a accordé. Ces propos ont été repris par les medias ivoiriens dans leur majorité dans leur publication d’hier et d’aujourd’hui. Il y a quelque chose de choquant dans ce bout de phrase du numéro un du parti présidentiel. Quand Affi soutient que la balade en lagune que Soro a faite avec Gbagbo dimanche dernier est ‘’une balade d’adieu’’, il y a de quoi s’interroger. Les propos de l’ancien Premier ministre de Gbagbo l’ont-ils trahi? Affi a-t-il lâché ces mots sans en mesurer les conséquences? Car, il aurait dit que la ‘’balade est une balade d’au revoir’’ que personne n’aurait trouvé à redire. Mais affirmer qu’il s’agit d’une promenade ‘’d’adieu’’ est un peu trop fort. Dans la mesure où, généralement lorsqu’on dit ‘’adieu’’ à quelqu’un, c’est que cette personne s’en est allé pour l’au delà. Elle est morte. D’une manière ou d’une autre. En affirmant pince sans rire, que ‘’je me demande même si cette balade n’est pas une balade d’Adieu’’, Affi prédit certainement que Guillaume Soro mourra (excusez du peu) dans les tout prochains jours. Parce que si c’était pour dire qu’à l’issue de cette promenade, les jours de Soro sont comptés à la Primature et qu’il ne sera plus le locataire de la ‘’Maison blanche’’ du Plateau, le président du FPI aurait simplement pu dire sur les antennes de RFI ‘’je me demande même si cette balade n’est pas une balade d’au revoir’’. Le fait peut paraître anodin, mais chaque mot a sa signification et son sens. Et Affi N’Guessan sait certainement de quoi il parle. La communauté nationale et internationale a encore en mémoire les propos que ce même Affi a prononcés sur les mêmes antennes de la même radio RFI aux toutes premières heures de l’éclatement de la rébellion. C’est en effet Affi N’Guessan, alors Premier ministre qui avait soutenu que Guéi était en route pour la RTI pour prendre le pouvoir. On connaît la suite. On sait ce qui est arrivé au Général Guéi, juste après les propos d’Affi. L’ancien chef de la junte a été retrouvé mort à la Corniche. Y avait-il un lien de cause à effet entre la mort de Guéi et les propos d’Affi? Où était-ce tout simplement une coïncidence? Les enquêtes sont en cours qui permettront de situer les responsabilités. En entendant, il y a de quoi s’inquiéter. Pourquoi? Eh bien, parce que les mêmes causes produisent (toujours) les mêmes effets, surtout sous la refondation.
Yves-M. ABIET