Abidjan by night. Une ville animée et bouillante à faire pâlir plus d’un observateur. Mais depuis quatre jours, les noctambules se font de plus en plus rares. Les lieux de distraction préférés (maquis et bars climatisés) se vident au fur et à mesure que la grève déclenchée par des transporteurs, lundi dernier, dure. Les populations ne disposant pas de moyens de déplacement en commun, se trouvent dans l’incapacité de relier les lieux de ‘’show’’. « Quand le transport est bloqué, tout est bloqué », indique Roma Manager, gérant du bar dancing le Kiroukou, sise à Angré. Selon ce professionnel de la nuit, l’arrêt de travail des chauffeurs de taxis et de wôrô-wôrô (taxis intercommunaux) a de nombreuses conséquences sur leur boulot. « Je suis en train de convaincre mon Dj de venir ce soir. Nos hôtesses et serveuses ne viennent plus au travail par manque de voitures. Ce qui agit sur la qualité de notre service », explique-t-il. « Ça ne tourne pas. On ne fait plus de recette. Il n’y a rien à la rue », s’insurge ‘’Alpa la méthode’’, gérant du Recto-Verso, bar-climatisé situé à Yopougon, Rue princesse. Il a déjà la nostalgie des nuits chaudes de la Rue la plus animée de la capitale économique. Sanogo A., membre de l’équipe dirigeante du ‘’maquis 225’’ à Abobo Plateau Dokui, prévoit une situation insupportable dans les prochains jours. « Si les choses continuent ainsi jusqu’au dimanche, ce sera très grave », prévient-il. Pour Roma, par contre, c’est surtout le manque de nourriture qui pourrait aggraver la situation. « Juste à côté, constate-t-il, il y a un lieu de restauration. Depuis hier (Ndlr : mardi), ils n’arrivent plus à satisfaire convenablement la clientèle. Imaginez que cette grève dure encore deux jours ? Ils n’auront plus rien à proposer. Et ça, ce ne n’est pas du tout bon pour nous ». Dans l’entendement de Jean Yves, riverain du maquis New-black à Abobo, les populations sont devenues rigoureuses quant à la gestion de leur argent. « Les gens contrôlent plus leurs dépenses. Car, les denrées alimentaires sont de plus en plus chères. Ils ne voient aucune utilité à acheter de la boisson », analyse-t-il. Malgré tout, certains nostalgiques se retrouvent pour ‘’prendre un pot’’. Question de faire passer le stress. « Nous sommes juste à côté. C’est pourquoi nous nous permettons de venir nous retrouver ici », relate JB, assis autour d’une grosse bouteille de bière avec des amis. Pour lui, il ne risquerait pas de quitter son quartier pour une autre commune. « On ne sait jamais», se convainc-il.
Sanou Amadou (stagiaire)
Sanou Amadou (stagiaire)