L’on s’achemine, sans doute, vers une catastrophe humanitaire. A cause de la grève des transporteurs, très largement suivie, l’approvisionnement des marchés en vivres a pris du plomb dans l’aile.
«Les camions viennent aux compte-gouttes. Même quand ils arrivent, les chauffeurs qui craignent que leurs engins soient pris à partie par les grévistes, refusent de charger nos produits. Si rien n’est fait, la situation risque d’échapper», alerte Moussa Kéita, responsable de coopérative au marché de vivriers de Yopougon-gare. En effet, les conséquences de la grève des transporteurs se font sentir durement sur les marchés de vivriers de la capitale économique où la sécurité alimentaire devient particulièrement précaire. Les circuits de commercialisation des produits vivriers sont perturbés et le système d’approvisionnement en crise profonde.
Les aliments périssent
Conséquence de ces dysfonctionnements liés quasiment à la colère des transporteurs qui réclament une baisse significative des prix du carburant à la pompe, la pénurie en denrées alimentaires se creuse de façon dramatique. D’autant que le ravitaillement n’est plus suffisamment assuré. En fait, les principaux axes d’approvisionnement du pôle urbain abidjanais sont bloqués. «Cette fois, nous ne faisons pas dans la dentelle. Le mouvement est total et nous ne voulons laisser personne perturber la grève», assure Mamadou Diakité, président du Syndicat national des conducteurs routiers. Plusieurs camions sont ainsi stationnés dans les zones de production, attendant une levée hypothétique du mot d’ordre. Ce qui a considérablement réduit la capacité des campagnes à approvisionner les grands centres urbains en produits vivriers. Ainsi la banane, le piment, la tomate et autres légumes verts périssent dans les magasins installés bord champ. «J’attends trois chargements mais ce n’est pas évident», s’époumone Simone Orega, présidente de la Coopérative des vendeuses d’attiéké et de ressources halieutiques. A Yopougon comme partout dans la capitale économique, le scénario se répète à l’identique : la tendance est à la flambée des prix. «Les produits commencent à faire défaut. Seul le placali est disponible mais là aussi, la pénurie guette», fait remarquer un commerçant d’Adjouffou dans la commune de Port-Bouet. Sur les différents marchés, le mécontentement se généralise et une vague d’irruptions populaires violentes se profilent. Les rumeurs d’émeutes urbaines sont distillées ici et là. Aucune commune n’est épargnée. Face au blocage, la Fédération des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire pose les premiers diagnostics. Le ton est alarmiste, le tableau est pessimiste : plus de la moitié de la population ivoirienne, signale le président Marius Comoé, pourrait basculer dans l’extrême pauvreté du fait de la hausse des prix des produits alimentaires de base. «Si aucune mesure énergique n’est prise, c’est le chaos humanitaire», s’indigne le consumériste. En effet, cumulant des niveaux élevés de sous-alimentation chronique, près d’une dizaine de millions de personnes sont aujourd’hui jugées particulièrement vulnérables. Ce qui fait craindre à un consultant au sein des institutions onusiennes, des émeutes, sinon de fortes tensions sociales. Le président de la Coordination nationale des gares routières Adama Touré prédit, face à la hausse des prix, une nouvelle inflation de la misère notamment dans la population des transporteurs. Il sonne le tocsin, mettant en garde contre le « spectre de la catastrophe » qui serait en train de s’abattre sur les couches défavorisées. La pression de la rue est d’autant forte que le Comité interministériel de lutte contre la flambée des prix planifie les concertations pour désamorcer la bombe sociale. Mais pour l’heure, les négociations sont au point mort. Les manifestants rejettent les propositions faites au terme de la réunion interministérielle qui a été convoquée, mardi à Abidjan, par le Premier ministre Guillaume Soro. Manifestement prises au dépourvu par l’ampleur et la gravité de la crise, malgré les avertissements répétés des opérateurs du secteur, depuis plusieurs semaines, les autorités naviguent sur des eaux tumultueuses. L’inquiétude est devenue palpable, certains estimant que l’insécurité alimentaire fait désormais peser une menace plus grande encore que le conflit armé sur la stabilité nationale.
Lanciné Bakayoko
«Les camions viennent aux compte-gouttes. Même quand ils arrivent, les chauffeurs qui craignent que leurs engins soient pris à partie par les grévistes, refusent de charger nos produits. Si rien n’est fait, la situation risque d’échapper», alerte Moussa Kéita, responsable de coopérative au marché de vivriers de Yopougon-gare. En effet, les conséquences de la grève des transporteurs se font sentir durement sur les marchés de vivriers de la capitale économique où la sécurité alimentaire devient particulièrement précaire. Les circuits de commercialisation des produits vivriers sont perturbés et le système d’approvisionnement en crise profonde.
Les aliments périssent
Conséquence de ces dysfonctionnements liés quasiment à la colère des transporteurs qui réclament une baisse significative des prix du carburant à la pompe, la pénurie en denrées alimentaires se creuse de façon dramatique. D’autant que le ravitaillement n’est plus suffisamment assuré. En fait, les principaux axes d’approvisionnement du pôle urbain abidjanais sont bloqués. «Cette fois, nous ne faisons pas dans la dentelle. Le mouvement est total et nous ne voulons laisser personne perturber la grève», assure Mamadou Diakité, président du Syndicat national des conducteurs routiers. Plusieurs camions sont ainsi stationnés dans les zones de production, attendant une levée hypothétique du mot d’ordre. Ce qui a considérablement réduit la capacité des campagnes à approvisionner les grands centres urbains en produits vivriers. Ainsi la banane, le piment, la tomate et autres légumes verts périssent dans les magasins installés bord champ. «J’attends trois chargements mais ce n’est pas évident», s’époumone Simone Orega, présidente de la Coopérative des vendeuses d’attiéké et de ressources halieutiques. A Yopougon comme partout dans la capitale économique, le scénario se répète à l’identique : la tendance est à la flambée des prix. «Les produits commencent à faire défaut. Seul le placali est disponible mais là aussi, la pénurie guette», fait remarquer un commerçant d’Adjouffou dans la commune de Port-Bouet. Sur les différents marchés, le mécontentement se généralise et une vague d’irruptions populaires violentes se profilent. Les rumeurs d’émeutes urbaines sont distillées ici et là. Aucune commune n’est épargnée. Face au blocage, la Fédération des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire pose les premiers diagnostics. Le ton est alarmiste, le tableau est pessimiste : plus de la moitié de la population ivoirienne, signale le président Marius Comoé, pourrait basculer dans l’extrême pauvreté du fait de la hausse des prix des produits alimentaires de base. «Si aucune mesure énergique n’est prise, c’est le chaos humanitaire», s’indigne le consumériste. En effet, cumulant des niveaux élevés de sous-alimentation chronique, près d’une dizaine de millions de personnes sont aujourd’hui jugées particulièrement vulnérables. Ce qui fait craindre à un consultant au sein des institutions onusiennes, des émeutes, sinon de fortes tensions sociales. Le président de la Coordination nationale des gares routières Adama Touré prédit, face à la hausse des prix, une nouvelle inflation de la misère notamment dans la population des transporteurs. Il sonne le tocsin, mettant en garde contre le « spectre de la catastrophe » qui serait en train de s’abattre sur les couches défavorisées. La pression de la rue est d’autant forte que le Comité interministériel de lutte contre la flambée des prix planifie les concertations pour désamorcer la bombe sociale. Mais pour l’heure, les négociations sont au point mort. Les manifestants rejettent les propositions faites au terme de la réunion interministérielle qui a été convoquée, mardi à Abidjan, par le Premier ministre Guillaume Soro. Manifestement prises au dépourvu par l’ampleur et la gravité de la crise, malgré les avertissements répétés des opérateurs du secteur, depuis plusieurs semaines, les autorités naviguent sur des eaux tumultueuses. L’inquiétude est devenue palpable, certains estimant que l’insécurité alimentaire fait désormais peser une menace plus grande encore que le conflit armé sur la stabilité nationale.
Lanciné Bakayoko