La hausse des prix du carburant intervenue, depuis le 1er avril, ne laisse pas le secteur privé indifférent. Si les transporteurs observent déjà un arrêt de travail depuis 72 heures pour exiger une baisse, la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (Cci-CI) a décidé également de se faire entendre à travers son président, en visite d’affaires en Asie, il y a quelques semaines. Joint au téléphone, Jean-Louis Billon a soutenu que la flambée des prix du carburant (super 779 Fcfa/l, le gasoil 645 Fcfa/l puis 630 Fcfa après une baisse de 15 fcfa) vient aggraver la situation sociale en Côte d’Ivoire et crée un mécontentement général. «Ce mécontentement est compréhensible. D’autant que le taux de pauvreté tend à dépasser les 50%, pendant que les prix continuent d’augmenter. Chaque jour, les Ivoiriens s’appauvrissent, le coût de la vie est devenu insupportable», a-t-il déploré. A l’analyse, il trouve incompréhensible qu’en Côte d’Ivoire, le prix du carburant est en moyenne supérieur à 30% par rapport aux pays de la sous-région et bien plus encore, si on le compare à d’autres régions du monde. «Les cours mondiaux ne sont-ils pas les mêmes pour tous les pays? Le fait d’aligner nos prix sur des standards européens est injuste», a réagi le premier responsable de la chambre consulaire. M. Billon estime que contrairement à notre pays, en Europe, le service public fonctionne normalement et est de qualité. En contrepartie de l’impôt, la sécurité, la justice, la santé, l’éducation et les infrastructures font l’objet d’un développement important et durable. «Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, le contribuable paie pour la dite crise ivoirienne et pour le train de vie de l’Etat. Ce train de vie de l’Etat en général et des dirigeants en particulier, est beaucoup trop élevé. Ils vivent au-dessus des moyens des Ivoiriens», a dénoncé le patron du groupe Sifca. Pour lui, quand l’Etat, la classe politique et les dirigeants comprendront et accepteront de prendre leur part de sacrifice, le pays sortira bien plus vite de la crise. Malheureusement pour l’instant, «seuls les Ivoiriens, économiquement faibles, paient pour la crise.»
Cissé Cheick Ely
Cissé Cheick Ely