Il ne lâche pas prise. Le commissaire du gouvernement, Ange Bernard Kessy Kouamé est décidé à appliquer à la lettre, les injonctions de ses « patrons », qui lui ont demandé « d’inviter » Djédjé Mady. Il ne s’agit pas d’une invitation à un dîner gala. Le procureur militaire invite, ce matin même, le président du Directoire du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP) à se présenter devant lui pour être entendu dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler « les événements de février 2010 ». Il s’agit des tueries par des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), de militants du RHDP qui ont répondu comme les milliers d’autres, dans plusieurs villes du pays, à l’appel de leurs leaders pour protester contre la double dissolution de la CEI et du gouvernement par Gbagbo le 12 février. Pour Ange Kessy, Djédjé Mady a quelque chose à avoir dans cette affaire. Pourquoi? Tout simplement parce que c’est lui qui a lancé le mot d’ordre. C’est mercredi dernier que Ange Kessy a ‘’invité’’ le président du directoire du RHDP. Mais les avocats de celui-ci, ont demandé et obtenu le report pour s’imprégner du dossier. Le civil Alphonse Djédjé Mady se présentera donc ce matin devant le procureur militaire Ange Kessy. Une bien curieuse rencontre qui ne manque pas d’intriguer les uns et les autres. Surtout les observateurs de la scène politique ivoirienne qui s’interrogent de savoir si le parquet militaire peut, « entendre » ou même « inviter » un civil pour l’entendre? Ange Kessy lui-même qui sait très bien que cela n’est pas tout à fait possible a déjà trouvé la parade. Il a soutenu dans la presse qu’il ne s’agissait pour lui d’entendre en tant que tel, le civil Mady, mais plutôt de l’entendre juste en tant que témoin. Pour sa part, le secrétaire général du PDCI répondra à cette ‘’invitation’’ sans la moindre crainte: «Je suis serein. Pourquoi voulez-vous que je sois perturbé? Je suis serein. Il n’y a vraiment pas de problèmes à mon niveau. J’attends que les avocats nous disent la conduite à tenir», avait-il lancé. Et si tant est que Ange Kessy veut l’entendre comme témoin dans les événements, considérés comme une insurrection par les tenants du pouvoir, voici la réaction de Mady, mercredi dernier devant la presse, à l’issue d’une séance de travail avec ses avocats: «Ça n’engage que lui. L’insurrection de laquelle il parle, est un droit constitutionnel aux partis politiques de manifester leur mécontentement. Maintenant, si c’est un droit constitutionnel pour l’armée de tirer à balles réelles sur la foule, nous verrons. Mais on n’est pas encore à ce stade». De chaudes empoignades en perspectives entre les deux hommes. Le RHDP en est conscient qui anime ce matin même à 9 heures 30, une conférence de presse sur cette affaire à la Maison du PDCI à Cocody.
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET
