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Société Publié le mardi 20 avril 2010 | Le Patriote

Reportage / VIH/SIDA - Quand l’ignorance sépare des couples

Malgré les intenses sensibilisations, des personnes rejettent toujours leurs proches du fait du VIH/SIDA.
« Allah Akbar ! Allah Akbar ! ». Il est 18h05. La voix du muezzin appelant les fidèles musulmans à la prière de « magrib » (18 heures 15 mn), déchire le silence régnant au quartier Latin. Ce faubourg, situé au nord d’Adjamé, héberge une forte communauté musulmane. D’où la présence d’une dizaine de petites mosquées dans le quartier. C’est dans l’une d’entre elles que Mariam, après avoir fait ses ablutions, se rend pour la prière. Elle marche lentement, comme si ce petit exercice lui demandait un effort extraordinaire. La prière terminée, Mariam ne revient pas à la maison. « Elle reste à la mosquée pour faire en même temps la prière de 19h30», explique sa belle-sœur. Finalement, c’est à 20h que la bonne femme, proche de la quarantaine, regagne son domicile. Une maison louée par son petit-frère. Voilà maintenant 5 ans qu’elle a été accueillie par ce dernier et son épouse. Son arrivée chez son cadet, explique Mariam, s’est faite à la suite d’une série d’évènements malheureux. « Tout a commencé à Korhogo, dans mon foyer. Après trois ans de mariage, je suis tombée gravement malade. Grâce à des soins intensifs, mon état s’est amélioré. Mais je n’ai plus retrouvé ma forme d’antan, j’étais tout le temps malade, je maigrissais. Sur insistance de mon médecin, j’ai fini par faire le test du VIH/SIDA, qui s’est révélé positif », raconte Mariam.

L’abandon

Informé par le médecin, son mari promet de soutenir son épouse, mais refuse de faire son test arguant qu’il était bien portant. Cependant, deux mois après l’annonce de la nouvelle, son comportement, poursuit-elle, change. De l’éloignement à l’indifférence, son époux, lâche t-elle, a fini par prendre une seconde épouse. « Je n’ai plus eu la paix dans mon foyer. J’étais quotidiennement l’objet de raillerie de la part de ma rivale. Par ses allusions, j’ai compris que mon mari lui avait révélé ma maladie. Lui-même a fini par dire un jour qu’il me gardait encore à cause de son père qui m’avait demandé en mariage pour lui », se souvient amèrement la jeune dame. De la famille, c’est tout le voisinage qui finit par connaître l’origine des maladies interminables de Mariam. Un fait qu’elle n’a pas pu supporter. « Lorsque je marchais, je sentais des regards dans mon dos. Je savais qu’on parlait de moi dès que j’avais le dos tourné. Ne pouvant plus supporter tous ces regards, j’ai fini par m’exiler, sur conseils de mes parents ici à Abidjan », confie t-elle.
Une retraite qui, reconnaît-elle, lui a permis de reprendre goût à la vie. Car il n’y a plus eu de regards accusateurs. Et cela grâce à son frangin et sa femme qui l’ont accueillie à bras ouverts. Pour ces derniers, vivre avec une sidéenne n’était pas un problème. « Nous sommes dans une grande ville où l’on parle beaucoup du VIH/SIDA. Nous connaissons les modes de contamination. Le traitement est gratuit. Nous savons même qu’il y a d’autres maladies plus graves que le SIDA, telle que l’hépatite B ou même les cancers », relate Chantal, la belle sœur de Mariam, assise à côté d’elle tout le long de notre entretien. Grâce donc à ce soutien, Mariam suit son traitement correctement, reçoit ses enfants pendant les vacances. Aujourd’hui, elle se dit prête à affronter les regards indiscrets, car elle a compris que le SIDA, somme toute, est une maladie pas plus grave que les autres.
Dao Maïmouna

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