Le trafic aérien est perturbé à l'aéroport Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët (Abidjan), depuis le jeudi 15 avril 2010. En cause : l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll, qui entraîne, depuis plus de cinq jours, la paralysie d'une grande partie du trafic aérien en Europe.
"Cancelled". Annulé. Le vol de Brussels Airlines prévu pour 20 H 30, hier lundi 19 avril 2010, a été annulé. En un clic, sur le tableau lumineux d'affichage, le vol programmé a été reporte. "Il semble que le ciel n'est toujours pas clément en Europe", explique Edgard Kouadio, un homme d'affaires franco-ivoirien qui dit être attendu à Bruxelles, la capitale de la Belgique, depuis samedi. "Je dois me résoudre à retourner à la maison", déclare-t-il avec le sourire.
Avec un peu de chance, Guy Morize va fouler aujourd'hui mardi, au petit matin, le sol français. Ce touriste français venu seul en Côte d'Ivoire, pour des vacances, devrait prendre un vol Air France le jeudi dernier, jour du début de l'éruption volcanique en Islande, qui a couvert une bonne partie de l'espace aérien européen de nuages de cendre et de fumée. Assis à même le plancher, à l'accueil de l'aéroport, au milieu de ses bagages, il tape nerveusement sur le clavier de son ordinateur portable. "Tout le monde atterrit à Nice. Une fois que j'y serai, ce sera une autre bataille pour rallier Paris, puisque la SNCF (Société nationale de chemins de fer français, NDLR) est en grève", indique-t-il.
Mauvaise affaire
Hormis un groupe de touristes français et des non nationaux qui se rendent à Paris, et les immanquables "intermédiaires" qui déambulent dans le vaste salon d'accueil, l'aéroport Félix Houphouët-Boigny, si grouillant de monde, les jours ordinaires, affiche son environnement des jours de grèves de syndicats de pilotes. De fait, depuis jeudi, les compagnies aériennes font de mauvaises affaires.
"Air France enregistre 30 millions d'Euros de perte par jour", soutient Franck Lecoeuche, chef d'escale adjoint de la compagnie française à Abidjan. En Côte d'Ivoire, c'est un vol par jour qui est annulé depuis cinq jours. " Nos avions ont une capacité de 303 passagers par jour", note-t-il. En cinq jours d'inactivité, en cette période de pointe pour les compagnies aériennes, puisque de nombreux touristes rentrent des vacances, ce sont des bénéfices importants qui partent dans la fumée du volcan Eyjafjöll.
Les compagnies aériennes qui opèrent sur la place d'Abidjan ne sont pas les seules à faire de mauvaises affaires. Les restaurants et les hôtels partenaires de l'aéroport subissent les effets collatéraux des perturbations du trafic aérien en Europe.
Derrière des crèmes et des crêpes, à la Cafétéria de l'aéroport, Mme Aminata Tinto, la responsable de la restauration destinée au public, compte ses clients du jour sur le bout du doigt. "Nos gros clients sont les passagers et les proches des passagers d'Air France, notamment les longs courriers. Et depuis quelques jours, il n'y a ni débarquement, ni embarquement de longs courriers", regrette-t-elle. A côté d'elle, deux serveurs s'empressent d'acquiescer.
Dans les box affectés aux hôtels partenaires de l'aéroport, les représentants sont soit absents soit distraits. Devant un cahier ouvert sur deux pages blanches, Mlle Clarisse Tanli Lou, les paupières lourdes de sommeil, attend son premier client depuis cinq jours. Elle est l'agent commerciale de l'hôtel Hamanieh de Marcory (Abidjan). "Je n'ai pas encore de réservation depuis lors", déclare-t-elle.
De San Pedro à Tripoli
Ce lundi après-midi, les rares passagers qui se font enregistrer sont ceux qui se rendent à Ouagadougou, dans la capitale burkinabé et à Dakar, dans la capitale sénégalaise, par des vols de Air Ivoire. La compagnie ivoirienne a certes annulé ses vols en direction de Paris, cependant, elle maintient ceux qui doivent desservir certains aéroports de la sous-région. Ainsi, au moins six vols sont-ils prévus par la compagnie en direction de Bamako, de Douala, de Libreville, etc. entre 19 heures et 23 heures.
Sur une vingtaine de postes d'enregistrement, seuls deux sont ouverts. Il est vrai qu'à cette heure de la journée, les vols en direction de Addis Abeba (Ethiopie) de Ethiopian Airways, de Nairobi (Kenya) de Kenya Airways et de Tripoli (Lybie) de Afriqiyah Airways sont prévus la nuit.
Aujourd'hui à 7 H 30, la compagnie Sophia embarque ses passagers pour San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire.
Les annonces du maintien des vols au départ d'Abidjan en direction des villes de l'intérieur du pays et hors du pays, passent en boucle sur le panneau lumineux de l'aéroport. La preuve symbolique qui montre que quand un volcan européen tousse et que le ciel européen se grippe, les aéroports africains s'enrhument certes mais refusent de garder le lit de l'inactivité totale.
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
"Cancelled". Annulé. Le vol de Brussels Airlines prévu pour 20 H 30, hier lundi 19 avril 2010, a été annulé. En un clic, sur le tableau lumineux d'affichage, le vol programmé a été reporte. "Il semble que le ciel n'est toujours pas clément en Europe", explique Edgard Kouadio, un homme d'affaires franco-ivoirien qui dit être attendu à Bruxelles, la capitale de la Belgique, depuis samedi. "Je dois me résoudre à retourner à la maison", déclare-t-il avec le sourire.
Avec un peu de chance, Guy Morize va fouler aujourd'hui mardi, au petit matin, le sol français. Ce touriste français venu seul en Côte d'Ivoire, pour des vacances, devrait prendre un vol Air France le jeudi dernier, jour du début de l'éruption volcanique en Islande, qui a couvert une bonne partie de l'espace aérien européen de nuages de cendre et de fumée. Assis à même le plancher, à l'accueil de l'aéroport, au milieu de ses bagages, il tape nerveusement sur le clavier de son ordinateur portable. "Tout le monde atterrit à Nice. Une fois que j'y serai, ce sera une autre bataille pour rallier Paris, puisque la SNCF (Société nationale de chemins de fer français, NDLR) est en grève", indique-t-il.
Mauvaise affaire
Hormis un groupe de touristes français et des non nationaux qui se rendent à Paris, et les immanquables "intermédiaires" qui déambulent dans le vaste salon d'accueil, l'aéroport Félix Houphouët-Boigny, si grouillant de monde, les jours ordinaires, affiche son environnement des jours de grèves de syndicats de pilotes. De fait, depuis jeudi, les compagnies aériennes font de mauvaises affaires.
"Air France enregistre 30 millions d'Euros de perte par jour", soutient Franck Lecoeuche, chef d'escale adjoint de la compagnie française à Abidjan. En Côte d'Ivoire, c'est un vol par jour qui est annulé depuis cinq jours. " Nos avions ont une capacité de 303 passagers par jour", note-t-il. En cinq jours d'inactivité, en cette période de pointe pour les compagnies aériennes, puisque de nombreux touristes rentrent des vacances, ce sont des bénéfices importants qui partent dans la fumée du volcan Eyjafjöll.
Les compagnies aériennes qui opèrent sur la place d'Abidjan ne sont pas les seules à faire de mauvaises affaires. Les restaurants et les hôtels partenaires de l'aéroport subissent les effets collatéraux des perturbations du trafic aérien en Europe.
Derrière des crèmes et des crêpes, à la Cafétéria de l'aéroport, Mme Aminata Tinto, la responsable de la restauration destinée au public, compte ses clients du jour sur le bout du doigt. "Nos gros clients sont les passagers et les proches des passagers d'Air France, notamment les longs courriers. Et depuis quelques jours, il n'y a ni débarquement, ni embarquement de longs courriers", regrette-t-elle. A côté d'elle, deux serveurs s'empressent d'acquiescer.
Dans les box affectés aux hôtels partenaires de l'aéroport, les représentants sont soit absents soit distraits. Devant un cahier ouvert sur deux pages blanches, Mlle Clarisse Tanli Lou, les paupières lourdes de sommeil, attend son premier client depuis cinq jours. Elle est l'agent commerciale de l'hôtel Hamanieh de Marcory (Abidjan). "Je n'ai pas encore de réservation depuis lors", déclare-t-elle.
De San Pedro à Tripoli
Ce lundi après-midi, les rares passagers qui se font enregistrer sont ceux qui se rendent à Ouagadougou, dans la capitale burkinabé et à Dakar, dans la capitale sénégalaise, par des vols de Air Ivoire. La compagnie ivoirienne a certes annulé ses vols en direction de Paris, cependant, elle maintient ceux qui doivent desservir certains aéroports de la sous-région. Ainsi, au moins six vols sont-ils prévus par la compagnie en direction de Bamako, de Douala, de Libreville, etc. entre 19 heures et 23 heures.
Sur une vingtaine de postes d'enregistrement, seuls deux sont ouverts. Il est vrai qu'à cette heure de la journée, les vols en direction de Addis Abeba (Ethiopie) de Ethiopian Airways, de Nairobi (Kenya) de Kenya Airways et de Tripoli (Lybie) de Afriqiyah Airways sont prévus la nuit.
Aujourd'hui à 7 H 30, la compagnie Sophia embarque ses passagers pour San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d'Ivoire.
Les annonces du maintien des vols au départ d'Abidjan en direction des villes de l'intérieur du pays et hors du pays, passent en boucle sur le panneau lumineux de l'aéroport. La preuve symbolique qui montre que quand un volcan européen tousse et que le ciel européen se grippe, les aéroports africains s'enrhument certes mais refusent de garder le lit de l'inactivité totale.
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
