Depuis 2009 : L’or devenu 1er produit d’exportation au Burkina Faso

Le Burkina Faso commence à s’affranchir du coton dont il est le premier producteur africain et se pose désormais en pays minier, même si l’or reste le seul minerai exploité à ce jour.

Le Burkina Faso est devenu exportateur d’or depuis 2009. “Le ministère de l’Economie et des Finances a fait le point de l’ensemble des réformes, l’analyse de la conjoncture économique et il est arrivé à la conclusion que le premier produit d’exportation du Burkina Faso en 2009 c’est l’or”, a déclaré jeudi le ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, Abdoulaye Abdoul Kader Cissé, lors d’un entretien à l’AIB et à la BBC. Première culture de rente du Burkina, le coton fait vivre 3 millions de burkinabé et contribue pour plus de 20% à la valeur ajoutée globale et plus de 60% aux recettes d’exportation. “L’or en termes de poids, de valeur dans la balance des paiements a surpassé le coton” en 2009, a indiqué le Fonds monétaire international (FMI). Selon le FMI, les exportations de coton ont rapporté en 2009, 120 milliards francs CFA à l’Etat tandis que l’or lui a fait gagné “autour” de 180 milliards de Fcfa. “On projette que l’or prendra une part grandissante dans le PIB (produit intérieur brut) du Burkina les prochaines années”, a indiqué la représentante résidente du FMI à Ouagadougou Isabelle Adenauer interrogée par l’AIB. Pour 2010, le FMI table sur des revenus de 300 milliards CFA pour l’or contre seulement 100 milliards CFA pour le coton. Le Burkina Faso qui a inauguré jeudi sa cinquième mine d’or en moins de trois ans a plus que doublé sa production d’or qui est passée de cinq tonnes d’or en 2008 à 11,642 tonnes d’or en 2009. “Si la tendance continue avec le cours (actuel de l’or) et avec l’entrée en production de la mine d’or d’Essakane (nord) en septembre prochain, on sera à 22 tonnes d’or à partir de décembre 2010 et l’or sera de très loin le premier produit d’exportation du Burkina Faso”, a indiqué le ministre. “L’or a remplacé le coton qui, depuis la période coloniale était notre produit d’exportation”, s’est félicité le ministre. Selon lui, les recettes actuelles en or sont “faibles pour le moment” à cause d’une exemption d’impôts accordée aux sociétés minières pour une durée de trois ans. “Mais à partir de 2011, les quatre premières mines auront franchi l’exonération et nous récolterons les impôts, les taxes fiscales et douanières qui seront très importantes sans compter les royalties”, a-t-il indiqué. L’exploitation minière était freinée ces dernières années dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest par la morosité des cours et d’importants coûts d’exploitation. Mais Ouagadougou a entrepris dès 2003 de vastes réformes pour rendre le secteur minier plus attractif, et les investisseurs étrangers ont accouru. Résultat: 599 titres d’exploration ou d’exploitation octroyés entre 2003 et 2009 à des sociétés venues d’Australie, du Canada, des Etats-Unis, d’Afrique du Sud, de Grande-Bretagne ou du Japon. Cinq mines d’or sont entrées en production entre 2008 et 2010 et deux autres attendent d’être inaugurées d’ici la fin d’année. Trois autres permis de construction seront délivrés d’ici fin 2010 pour l’exploitation des gisements de Kiaka (Centre-Est), Konkèra et Tonior (Sud-Ouest). Même si l’or est pour l’instant le seul minerai exploité, du zinc, du manganèse, du cuivre devraient sortir du sous-sol d’ici 2012. Des permis de recherches vont être délivrés pour l’uranium dans le Sud-Ouest.

Bakayoko Youssouf avec agences