C’est dans ce contexte qu’arrive aujourd’hui même en fin de matinée, le chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade. En réalité, c’est à lui que les Ivoiriens doivent la cessation des hostilités. On se rappelle très bien que, presqu’ un mois après le début des troubles, soit le jeudi 17 octobre 2002, les rebelles ivoiriens qui contrôlaient la moitié nord de la Côte d'Ivoire ont signé une trêve avec le gouvernement de Laurent Gbagbo, à Bouaké. La signature de ce tout premier cessez-le-feu a eu lieu sous les auspices du chef de l’Etat Sénégalais, Abdoulaye Wade qui avait dépêché dans le fief des rebelles, son ministre des Affaires étrangères, Cheick Tidiane Gadio. L'adjudant Tuo Fozie qui a signé ce cessez-le-feu au nom de la rébellion a déclaré que ‘’c'est un accord très capital". "Les insurgés ont accepté de cesser les hostilités et d’engager des pourparlers avec le gouvernement pour obtenir réparation", a déclaré le médiateur Mohammed Ibn Chambas, l'un des signataires. "Si on suit (le plan) pas à pas, on doit arriver" à un accord, avait déclaré la veille mercredi 16 octobre 2002, Abdoulaye Wade à l’Agence Associated Press, lors d'un entretien à Paris. Ajoutant que "les rebelles vont pouvoir dire au Président de la République de Côte d'Ivoire les raisons pour lesquelles ils sont mécontents au point d'aller prendre les armes", a-t-il poursuivi. "Je trouve que c'est un gros progrès." D’octobre 2002 à avril 2010, beaucoup d’eau a coulé sous le pont de la crise qui a secoué la Côte d’Ivoire. Les deux camps qui se regardaient en chiens de faïence, face à face, sont à présents côte à côte avec l’Accord politique de Ouagadougou qui a permis de franchir des pas de géant avant de battre de l’aile. C’est pourquoi, la médiation de Wade devrait être le prolongement de l’APO; et non sa négation. Lorsqu’il rencontrera demain après-midi le RHDP, Wade devra tenir compte des acquis, des observations, des réserves et des inquiétudes de l’opposition et ne pas tout remettre en cause pour vouloir mettre sur pied ‘’les Accords politiques de Dakar’’. Ce qui nécessiterait encore des négociations et du temps perdu. C’est pourquoi, le président sénégalais qui n’est pas un nouveau venu dans le règlement de cette règle ne doit pas se laisser mener en bateau par Gbagbo qui, visiblement, veut gagner du temps en sautant de médiateurs en médiateurs. Wade qui a obtenu le tout premier cessez-le-feu entre rebelles et loyalistes, va-t-il parvenir à obtenir la fin de la crise? Les Ivoiriens retiennent leur souffle.
Yves M. Abiet
Yves M. Abiet