Le président de la République sénégalaise, Me Abdoulaye Wade passe dès aujourd'hui un séjour de 48 heures en Côte d'Ivoire. L'homme, on se souvient, était celui qui, au début du conflit ivoiro-ivoirien, avait joué un rôle important, en dépêchant son ministre des Affaires étrangères, Cheick Tidiane Gadio, en Côte d'Ivoire pour rencontrer les parties belligérantes. Un acte majeur avait été posé, celui de l'obtention du premier cessez-le feu. Qui aura permis à la France et aux Etats-Unis d'Amérique d'évacuer de Bouaké, leurs ressortissants. Malheureusement, au moment où Wade s'attendait à franchir une autre étape dans la résolution de cette crise, il a été éjecté et remplacé par Gnassingbé Eyadema, ex-président du Togo, avec le feuilleton Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social (Ces) et où, nous avons vu le Secrétaire général des Forces nouvelles, aujourd'hui Premier ministre, Guillaume Soro, fourré dans une veste à carreaux de couleur jaune. Ce fut ensuite, le tour du monde avec Marcoussis en France, Accra au Ghana, Pretoria en Afrique du Sud, hélas sans l'inspirateur incontesté du Sopi sénégalais. Le choix portera après sur le voisin, le Burkinabé Blaise Compaoré qui fut rapidement transformé en facilitateur dans l'exécution de la trouvaille du maître à penser de la refondation, le candidat à la présidentielle ivoirienne, Laurent Gbagbo. On sait pourtant que Wade et Compaoré n'ont jamais eu de très bons rapports. Le premier vient en Côte d'Ivoire non pas dans le cadre d'une simple visite de travail, mais plutôt pour "s'imposer" dans le processus de sortie de crise. De sources crédibles, ce changement est l'une des conséquences du dernier séjour de Gbagbo au Sénégal à la faveur de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de ce pays. En acceptant que Abdoulaye Wade joue un tel rôle, que fera alors le facilitateur attitré, Compaoré ? Qui, il faut le reconnaitre, a permis une avancée en s'engageant dans la résolution de la crise par la mise en place du dialogue direct. En Côte d'Ivoire, Wade rencontrera toutes les parties impliquées dans le processus électoral : le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, le Premier ministre, Guillaume Soro, les leaders des partis politiques (Henri Konan Bédié du Pdci, Alassane Ouattara du Rdr, Affi N'guessan du Fpi, Francis Wodié du Pit, Mabri Toikeusse de l'Udpci, Anaky Kobena du Mfa…), le président de la Cei, Youssouf Bakayoko et bien d'autres organisations. A quoi répond toute cette procédure, alors que Blaise Compaoré le fait déjà bien ? On réalise que Laurent Gbagbo aime s'amuser avec les Ivoiriens et les chefs d'Etat qui semblent tous mordre à son jeu de rendre impossible pour l'heure la tenue des élections en Côte d'Ivoire. Plusieurs présidents africains "ont participé" sans le savoir, à installer le retard que présente le processus de sortie de crise : Tabo Mbéki de l'Afrique du Sud, John Kuffuor du Ghana, feu Bongo du Gabon…Gbagbo a entraîné en vain le Roi Hassane VI du Maroc dans ce bourbier. Est-ce le come-back d'un frustré ? Laurent Gbagbo veut une fois plomber le processus de sortie de crise en sortant cet autre Joker. Qui traduit aisément sa volonté de chercher à réhabiliter Wade. Qui au départ de la recherche de solution au conflit aux conséquences hautement regrettables. Mais l'Onu, la France…accepteront-ils que Compaoré soit écarté avec tout le travail qu'il a abattu ? Evidemment, Compaoré ne voudra pas qu'on se paie sa tête après tous ces efforts. Il est certain qu'il remontera les bretelles à son ami dont la nouvelle vision tendra tout simplement à le ridiculiser.
Clinton Kwagne
Clinton Kwagne