“Je ne suis pas venu faire de la médiation, il faut que cela soit très clair", a tenu à préciser, hier, le président du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, dès sa descente d'avion à l'aéroport d'Abidjan. Et pourtant, les termes on ne peut plus clairs de l'invitation que Gbagbo à lui adressée il y a quelques jours à Dakar, d'une part, et, d’autre part, l'agenda de travail du prince du Sopi dans le cadre de sa visite de 48 heures en terre ivoirienne trahissent presque les assurances de Me Wade.
Que cache cette visite "d'amitié et de travail" du président sénégalais en Côte d'Ivoire ? Quels sont les vrais objectifs visés par Me Wade qui a décidé d'échanger avec les principaux acteurs du processus de sortie de crise, à savoir Gbagbo, Soro, le Pdci, le Fpi, le Rdr et le président de la Cei ? Pourquoi s'est-il cru obligé de passer un coup de fil de courtoisie à Blaise Compaoré avant de rallier la capitale économique ivoirienne ? Alors que pas plus tard que la semaine dernière, le chef de la junte militaire au pouvoir en Guinée, le Général Sekouba Konaté, en visite de "travail et d'amitié" en Côte d'Ivoire, ne s'est pas imposé de joindre par téléphone le facilitateur Compaoré avant son arrivée au bord de la lagune Ebrié. Vous l'avez compris, la présente visite "d'amitié et de travail" du chef du Sopi sénégalais à Abidjan est entourée de bien mysthères et suscite beaucoup de commentaires en Côte d'Ivoire. Et celui qui est à l'origine de cette polémique n'est autre que le président hôte, Laurent Gbagbo himself.
Le 5 avril dernier en effet, au sortir d'une audience que lui a accordée le chef de l'Etat Wade au palais présidentiel de Dakar et cela, en marge des festivités du cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal, Laurent Gbagbo a déclaré ceci à la presse : "Le président Wade est un grand frère. Je l'ai invité à Abidjan. Parce que dans la sous-région, on se parle tous. Il viendra parler aux uns et aux autres y compris à moi-même pour que la Côte d'Ivoire sorte de la situation de crise. On a fait 80% du chemin. Il nous reste 20%. Vous savez que lorsqu'on est à la fin d'un processus, c'est toujours plus difficile. Il faut appuyer l'accélérateur (…) Nous avons un facilitateur qui fait bien son travail. Mais chez nous, on dit quand vous avez du poisson dans notre sauce, quand vous ajoutez de la viande, des crabes, ça ne gâte pas". Tout est là. Même s'il ne porte pas la casquette de médiateur, même s'il se dénie le titre de facilitateur officiel dans la crise ivoirienne, l'acte que vient poser Me Wade à Abidjan n'est pas différent de celui de Compaoré. Puisque dans la "sauce ivoirienne", les poissons et les crabes jouent le même rôle. Et l'agenda concocté pour Me Wade ne trahit pas la mission qui lui est assignée. Le président sénégalais va essayer de lever les derniers obstacles avec Gbagbo, Soro, le Pdci, le Rdr, le Fpi et le président de la Cei. L'on se souvient que fin mars, au plus fort de la guéguerre entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles à propos du désarmement, Blaise Compaoré s'était entretenu à Ouaga et à Bobo Dioulasso avec le Premier ministre et le chef de l'Etat ivoiriens. Les deux signataires se sont retrouvés plus tard à Abidjan le 11 avril dernier, et avaient promis de relancer le processus de sortie de crise. Force est cependant de constater que jusque-là, les choses n'ont pas vraiment bougé. Le processus est à l'agonie. Aucune visibilité sur le désarmement et les élections. Me Wade peut-il réussir là où la facilitation de Compaoré piétine ? Tout le monde le sait, Gbagbo n'a pas envie d'aller aux élections et tous ceux qui parlent d'élections deviennent des adversaires à ses yeux. Le président Mambé a été sacrifié pour que Gbagbo accepte d'aller aux élections. Mais après le départ de l'ex-président de la Cei, Gbagbo et ses partisans ont élevé les enchères. On remet en cause tout, la liste provisoire, le mode opératoire, les Cei locales, la liste 2000 etc… La tête du Premier ministre est mise à prix. Selon des sources concordantes, Gbagbo veut se séparer de Soro avant les élections. On a en mémoire l'histoire de la "balade d'adieu de Soro sur la lagune" selon le président du Fpi. Au-delà de Compaoré, Me Wade compte parmi les chefs d'Etat qui ont de l'influence sur le Premier ministre de Côte d'Ivoire. Le cœur de la mission du prince du Sopi à Abidjan se trouverait-il là ? Wade négocie-t-il un départ ?
Akwaba Saint-Clair
Que cache cette visite "d'amitié et de travail" du président sénégalais en Côte d'Ivoire ? Quels sont les vrais objectifs visés par Me Wade qui a décidé d'échanger avec les principaux acteurs du processus de sortie de crise, à savoir Gbagbo, Soro, le Pdci, le Fpi, le Rdr et le président de la Cei ? Pourquoi s'est-il cru obligé de passer un coup de fil de courtoisie à Blaise Compaoré avant de rallier la capitale économique ivoirienne ? Alors que pas plus tard que la semaine dernière, le chef de la junte militaire au pouvoir en Guinée, le Général Sekouba Konaté, en visite de "travail et d'amitié" en Côte d'Ivoire, ne s'est pas imposé de joindre par téléphone le facilitateur Compaoré avant son arrivée au bord de la lagune Ebrié. Vous l'avez compris, la présente visite "d'amitié et de travail" du chef du Sopi sénégalais à Abidjan est entourée de bien mysthères et suscite beaucoup de commentaires en Côte d'Ivoire. Et celui qui est à l'origine de cette polémique n'est autre que le président hôte, Laurent Gbagbo himself.
Le 5 avril dernier en effet, au sortir d'une audience que lui a accordée le chef de l'Etat Wade au palais présidentiel de Dakar et cela, en marge des festivités du cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal, Laurent Gbagbo a déclaré ceci à la presse : "Le président Wade est un grand frère. Je l'ai invité à Abidjan. Parce que dans la sous-région, on se parle tous. Il viendra parler aux uns et aux autres y compris à moi-même pour que la Côte d'Ivoire sorte de la situation de crise. On a fait 80% du chemin. Il nous reste 20%. Vous savez que lorsqu'on est à la fin d'un processus, c'est toujours plus difficile. Il faut appuyer l'accélérateur (…) Nous avons un facilitateur qui fait bien son travail. Mais chez nous, on dit quand vous avez du poisson dans notre sauce, quand vous ajoutez de la viande, des crabes, ça ne gâte pas". Tout est là. Même s'il ne porte pas la casquette de médiateur, même s'il se dénie le titre de facilitateur officiel dans la crise ivoirienne, l'acte que vient poser Me Wade à Abidjan n'est pas différent de celui de Compaoré. Puisque dans la "sauce ivoirienne", les poissons et les crabes jouent le même rôle. Et l'agenda concocté pour Me Wade ne trahit pas la mission qui lui est assignée. Le président sénégalais va essayer de lever les derniers obstacles avec Gbagbo, Soro, le Pdci, le Rdr, le Fpi et le président de la Cei. L'on se souvient que fin mars, au plus fort de la guéguerre entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles à propos du désarmement, Blaise Compaoré s'était entretenu à Ouaga et à Bobo Dioulasso avec le Premier ministre et le chef de l'Etat ivoiriens. Les deux signataires se sont retrouvés plus tard à Abidjan le 11 avril dernier, et avaient promis de relancer le processus de sortie de crise. Force est cependant de constater que jusque-là, les choses n'ont pas vraiment bougé. Le processus est à l'agonie. Aucune visibilité sur le désarmement et les élections. Me Wade peut-il réussir là où la facilitation de Compaoré piétine ? Tout le monde le sait, Gbagbo n'a pas envie d'aller aux élections et tous ceux qui parlent d'élections deviennent des adversaires à ses yeux. Le président Mambé a été sacrifié pour que Gbagbo accepte d'aller aux élections. Mais après le départ de l'ex-président de la Cei, Gbagbo et ses partisans ont élevé les enchères. On remet en cause tout, la liste provisoire, le mode opératoire, les Cei locales, la liste 2000 etc… La tête du Premier ministre est mise à prix. Selon des sources concordantes, Gbagbo veut se séparer de Soro avant les élections. On a en mémoire l'histoire de la "balade d'adieu de Soro sur la lagune" selon le président du Fpi. Au-delà de Compaoré, Me Wade compte parmi les chefs d'Etat qui ont de l'influence sur le Premier ministre de Côte d'Ivoire. Le cœur de la mission du prince du Sopi à Abidjan se trouverait-il là ? Wade négocie-t-il un départ ?
Akwaba Saint-Clair