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Société Publié le vendredi 23 avril 2010 | Nord-Sud

Edition de livres religieux : Le Premier Coran ivoirien est né

Les Editions Nei-Ceda ont publié, depuis octobre 2009, une traduction du Saint Coran (livre sacré des musulmans), effectuée et éditée en Côte d’Ivoire. Œuvre de Tamir M. Fakhry et Marie-France Franconville, son épouse, cette entreprise suscite déjà de nombreux commentaires. Nous en faisons une présentation.

Les Editions Nei-Ceda étaient conscientes du coup qu’elles réalisaient, en entreprenant d’éditer l’œuvre de Tamir M. Fakhry. Plus de 1400 ans après la révélation du livre saint musulman, l’une des maisons du livre en Côte d’Ivoire venait de la doter de sa première traduction de la révélation divine. Achevé d’imprimer en octobre 2009 par le groupe ‘’Arab printing Press’’, le droit de dépôt légal n°8869 est détenu par Nei (Nouvelles éditions ivoiriennes) et n°6037 par Ceda (Centre d’études pour le développement africain). Ces deux structures regroupées en une seule structure appelée Nei-Ceda, ont eu pour tâche de publier et de vendre cette œuvre. Le livre a été reproduit à 5.000 exemplaires. De couleur jaune-or (doré), il est inscrit sur la couverture, « Al Quran » en vert, superposé de mots français «Le Coran » en noir. Juste en dessous, est inscrit, «en deux parties», et, «L’Appel / La Loi » sur une troisième ligne. Au bas de la couverture, on peut lire : « traduit par Tamir M. Fakhry, Marie France Franconville », sur trois lignes centrées. Au vue de ce travail, des interrogations s’élèvent. Qui est Tamir M. Fakhry, le principal traducteur? Quels objectifs recherche-t-il? Quelle est la nouveauté dans son œuvre? En quoi cette traduction diffère-t-elle de celles existantes ?

Qui est Tamir M. Fakhry ?

Tamir M. Fakhry, le principal exégète de cette traduction du ‘’Coran ivoirien’’ est un octogénaire de nationalité ivoirienne. Il est né en 1930 à Dakar au Sénégal, de parents libanais-musulmans. Il effectue ses études primaires et secondaires au Liban, où il obtient le diplôme de ‘’high school’’ dans une école américaine. A l’université américaine de Beyrouth, il fait des études en philosophie et psychologie et part pour les Etats-Unis. Soucieux de préparer un doctorat de psychologie, le natif de Dakar est freiné dans son élan. Il est en opposition avec l’enseignement de cette science au pays de l’oncle Sam et se contente de la licence. En 1952, il arrive à Abidjan, où il vit depuis, pour s’occuper du commerce de son frère aîné parti en France pour des problèmes de santé de son épouse. Fakhry retourne aux Etats-Unis en 1968 et 1971 à l’université de Harvard, l’une des plus prestigieuses du monde. Il y obtient des diplômes en marketing et management. De retour sur les bords de la lagune Ebrié en 1972, il s’intéresse entièrement à l’étude des religions, matière qui l’intéresse depuis l’âge de 27 ans. M. Fakhry a été aidé dans cette œuvre par son épouse, Marie-France Franconville. Avec elle, il partage son goût pour les religions monothéistes. « Nous travaillons sur nos traductions, française et anglaise, depuis juin 1991. Elles sont le résultat de plus de 40 années d’études des textes sacrés, le fruit de la réflexion, de la méditation et de la prière. Elles ne sont pas des copies des œuvres passées », précise-t-il.

Qui doit traduire le Coran ?

Si par crainte d’écorcher l’authenticité du ‘’livre de Dieu’’, de nombreux érudits musulmans ne se lancent pas dans la traduction du Coran, celle-ci n’est pas interdite en Islam. Mieux, elle est conseillée. « Nous l’avons révélé (Coran arabe), pour que vous compreniez», Sourate 3, verset 7. Seulement, « ne peut traduire le Coran qui veut. Il faut que l’auteur soit pluridisciplinaire pour pouvoir s’a?don?ner à une telle œuvre », a indiqué Sékou Sylla, imam de la mosquée An-nour de la Riviera et porte-parole du Conseil supérieur des imams (Cosim). Si l’entreprise de traduction du livre de prière de l’Islam est titanes?que et requiert une grande connaissance, le caractère unique du Coran et la conservation des textes à l’état originel, dans le temps et dans l’espace, est à l’origine des garde-fous mis en place pour éviter que certains passages ne soient travestis par des interprétations personnelles. Des milliers de traductions du livre saint musulman existent par contre. Il y a plusieurs traductions en langue fran?çaise. La plus ancienne (1647) est l’œuvre du consul de France à Alexandrie, André du Ryer. Elle a été utilisée pendant 140 ans. La seconde fut le fruit de Kasimirski en 1840 et enrichie dans les années qui suivirent. La plus célèbre de toutes ces traductions a été réalisée par le professeur Mouhammad Hamidullah (Paris, France). C’est cette version qui a été révisée et éditée par la Présidence générale des directions des recherches scientifiques islamiques des éditions Fadh (Riyad, Arabie Saoudite), puis publiée en 1990 sous le titre “Le Saint Coran et la traduction en langue française du sens de ses versets“. Cette version ‘’hypertexte’’ a été réalisée grâce aux efforts conjoints de plusieurs commissions. Vu les précautions prises et la minutie de ce travail, l’on se pose une question fondamentale. Etait-il opportun après cette œuvre gigantesque et très actualisée, scientifiquement et distribuée gratuitement, de faire une traduction version ivoirienne de ce livre?

Les objectifs recherchés

Michel Delabre qui a suivi toutes les étapes de la confection de cette œuvre, a son idée sur l’objectif recherché par les auteurs : « Ce que veulent proposer Tamir M. Fakhry et Marie-France Franconville au lecteur francophone, c’est le Coran dans toute son authenticité, pour lui permettre d’en faire une nouvelle lecture, qui puisse servir de référence et de guide vers son véritable contenu spirituel, en un temps où les malentendus et les erreurs d’appréciation, voire les déformations, sont nombreux ». Pour M. Fakhry lui-même, « des interprétations erronées et insuffisantes sont la cause de l’incompréhension » du Livre saint. S’appuyant sur une injonction du prophète de l’Islam, Mahomet (une heure de réflexion est préférable à 70 ans de dévotion…), il présente son œuvre comme celle qui rétablira certaines vérités. « Des mots et des phrases qu’ils comprenaient mal et des futilités qu’ils inventaient, les interprètes avaient construit des énormités », justifie-t-il. Les objectifs de Fakhry et Franconville sont clairs : « proposer au lecteur une traduction cohérente, qui épouse le contenu dans un style épuré et concis qui emploie un vocabulaire simple et accessible ». Pour, « le rendre plus facile à comprendre et à méditer ». Ce qui a permis une classification particulière, une « présentation, totalement nouvelle du Coran en deux parties, l’Appel (son âme et son esprit) et la Loi (son corps) », explique Michel Delabre. « La séparation de l’Appel et la Loi, facilite la lecture, la concentration, la méditation, la réflexion et l’élucidation du contenu », renchérit l’interprète. L’Appel qui vient à la suite de l’avant-propos de Tamir M. Fakhry, comporte 402 pages. Selon l’exégète, «il (l’Appel) ranime la foi du croyant et le prépare. C’est une voie qui conduit à la vie après la vie, la Voie qui conduit au Salut ». Quant à la Loi, 115 pages, « elle permet d’atteindre l’harmonie sociale et rapproche l’homme de la perfection ». Une scission qui, bien que comprise dans son principe, a besoin d’être expliquée, car de nombreux musulmans pourraient être troublés par cette rupture chronologique des versets.

Sanou Amadou (Stagiaire)
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